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Vies des douze Césars

Vies des douze Césars

Titel: Vies des douze Césars Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suetone
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de preuves signalées de clémence et de douceur. (2) Sans parler d’une foule d’ennemis auxquels il pardonna, et qu’il laissa même occuper les premiers rangs, je citerai Junius Novatus et Cassius de Padoue, tous deux plébéiens. Le premier avait publié contre lui une lettre virulente sous le nom du jeune Agrippa ; le second avait hautement déclaré, au milieu d’un festin, qu’il ne manquait ni de courage ni de bonne volonté pour tuer Auguste. L’empereur se contenta de punir l’un d’une amende, et de prononcer contre l’autre un léger exil. (3) Dans un procès criminel, entre autres griefs, on reprochait à Aemilius Aelianus de Cordoue de mal penser de l’empereur. Auguste se tournant vers l’accusateur d’un air ému : « Prouvez-moi cela, s’écria-t-il. J’apprendrai à Aelianus que j’ai aussi une langue, et j’en dirai bien plus encore sur son compte. » Dès ce moment il ne s’en occupa plus. (4) Tibère, dans une lettre, se plaignait avec véhémence de ce même genre de crime. « En cela, mon cher Tibère, lui répondit Auguste, n’écoutez point la chaleur de votre âge, et ne vous fâchez pas trop du mal qu’on dit de moi. C’est assez qu’on ne puisse pas nous en faire."
     
LII. Sa modération
    (1) Quoiqu’il sût que l’on décernait des temples même aux proconsuls, il n’en accepta dans aucune Province, à moins que ce ne fût à la fois au nom de Rome et au sien. À Rome il refusa constamment cet honneur. Il fit fondre toutes les statues d’argent qu’on lui avait autrefois érigées, et leur prix fut consacré à des trépieds d’or pour le temple d’Apollon Palatin. (2) Le peuple lui ayant offert la dictature avec beaucoup d’instances, il la refusa, en fléchissant le genou, en abaissant sa toge, et en se découvrant la poitrine.
     
LIII. Sa modestie. Son affabilité. Ses relations d’amitié avec un grand nombre de citoyens
    (1) Il eut toujours horreur du nom de « maître » qu’il regardait comme une injure et un opprobre. (2) Un jour qu’il assistait aux jeux, l’acteur ayant dit : « Ô maître juste et bon !", tous les spectateurs applaudirent en lui appliquant ce passage. Mais il réprima de la main et du regard ces indécentes adulations, et le lendemain il les blâma très sévèrement dans un édit. Il ne souffrit pas même que ses enfants et ses petits-fils lui donnassent ce titre, ni sérieusement, ni par forme de plaisanterie, et à leur interdit ce genre de courtoisie entre eux. (3) Soit qu’il entrât à Rome ou dans toute autre ville, soit qu’il en sortît, il avait soin que ce fût le soir ou la nuit, de peur de causer du dérangement par les honneurs qu’on lui rendait. (4) Quand il était consul, il allait presque toujours à pied ; et, en d’autre temps, il se faisait porter en litière découverte. (5) Les jours de réception, il admettait aussi les gens du peuple, et recevait leurs demandes avec tant de grâce, qu’il reprocha plaisamment à quelqu’un de lui présenter un placet avec autant de timidité que s’il offrait une pièce de monnaie à un éléphant. (6) Les jours d’assemblée du sénat, il ne saluait les sénateurs que dans la salle où ils se réunissaient, et, quand ils étaient assis, en les désignant, chacun par son nom, sans qu’il eût besoin de personne pour le lui rappeler. En se retirant, il prenait congé d’eux de la même manière. (7) Il entretenait avec beaucoup de citoyens un commerce de devoirs réciproques, et ne cessa d’assister à leurs fêtes de famille que dans sa vieillesse, et après avoir été incommodé par la foule dans une cérémonie de fiançailles. (8) Le sénateur Gallus Terrinius, qui ne vivait pas dans son intimité, vint à perdre subitement la vue. Dans son désespoir, il voulait se laisser mourir de faim. Auguste alla le voir, le consola et le rappela à la vie.
     
LIV. Espèce de liberté dont il laisse jouir les sénateurs
    (1) Un jour qu’il parlait dans le sénat, quelqu’un lui dit : « Je ne comprends pas ;» et un autre : « Je vous contredirais, si j’avais la parole. » Lorsque le dépit que lui causaient des discussions violentes le faisait sortir de la salle, on lui criait « qu’il devait être permis à des sénateurs de parler des affaires publiques. » (2) Lors de la nomination des sénateurs, Antistius Labeo avait choisi le triumvir Lépide, autrefois l’ennemi d’Auguste, et alors exilé. Le prince lui demanda s’il

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