Vies des douze Césars
que, le jour de la naissance d’Auguste, Octavius, à cause de l’accouchement de sa femme, se rendit tard au sénat où l’on délibérait sur la conjuration de Catilina, et que P. Nigidius, ayant appris la cause de ce retard, et s’étant informé de l’heure où l’enfant avait vu le jour, déclara qu’il était né un maître à l’univers. (7) Dans la suite, Octavius, conduisant son armée dans la partie la plus retirée de la Thrace, consulta Bacchus sur son fils, en faisant, dans le bois sacré de ce dieu, les cérémonies des barbares. Les prêtres lui firent le même horoscope. Dès que le vin fut répandu sur l’autel, il s’en éleva un si grand jet de flamme, qu’il dépassa le faîte du temple, et atteignit jusqu’au ciel. Or ce prodige n’était arrivé que pour Alexandre le Grand, qui avait sacrifié sur les mêmes autels. (8) La nuit suivante, il crut voir son fils d’une grandeur surhumaine, armé de la foudre et du sceptre, revêtu des insignes de Jupiter, couronné de rayons, sur un char orné de lauriers, et attelé de douze chevaux d’une blancheur éclatante. (9) On lit dans les Mémoires de Caius Drusus, que la nourrice d’Auguste l’ayant mis le soir dans son berceau au rez-de-chaussée, le lendemain on ne l’y vit plus, et qu’après l’avoir longtemps cherché, on le trouva enfin sur une tour fort élevée, le visage tourné vers le soleil levant. (10) Dès qu’il put parler, il imposa silence à des grenouilles qui coassaient dans la maison de campagne de son grand-père, et l’on dit que depuis ce temps les grenouilles ne s’y font plus entendre. (11) À quatre milles de Rome, sur la route de Campanie, tandis qu’il mangeait dans un bois, un aigle lui arracha brusquement le pain qu’il tenait à la main, et, après s’être envolé à perte de vue, il revint tout doucement le lui rapporter. (12) Quand il eut fait la dédicace du Capitole, Q. Catulus eut des visions pendant deux nuits de suite. Dans la première, il aperçut une troupe d’enfants jouer autour de l’autel de Jupiter. Le dieu en prit un à part, et plaça dans son sein l’étendard de la république qu’il portait à la main. Dans la seconde, il revit ce même enfant sur les genoux de Jupiter Capitolin ; et, comme il voulait l’en ôter, le dieu s’y opposa, en disant qu’il l’élevait pour la défense de l’État. Le lendemain, Catulus ayant rencontré Auguste qu’il ne connaissait pas, il contempla avec surprise, et déclara qu’il avait une parfaite ressemblance avec l’enfant dont il avait rêvé. (13) Quelques-uns racontent autrement le premier songe de Catulus. Suivant eux, plusieurs enfants demandant un tuteur à Jupiter, il leur en désigna un parmi eux auquel ils devaient soumettre toutes leurs demandes : il lui fit baiser sa main, et la porta ensuite à sa bouche. (14) M. Cicéron, en accompagnant C. César au Capitole, racontait à ses amis un songe qu’il avait eu la nuit précédente. Il avait vu un jeune garçon d’une figure distinguée, descendre du ciel au moyen d’une chaîne d’or, et s’arrêter devant les portes du Capitole, où Jupiter lui avait remis un fouet. Puis, apercevant tout à coup Auguste, qui était inconnu de presque tous les assistants, et que César avait pris avec lui pour ce sacrifice, Cicéron affirma que c’était là l’enfant dont il avait vu l’image pendant son sommeil. (15) Lorsque Auguste prit la robe virile, son laticlave, décousu soudain des deux côtés, tomba à ses pieds. Quelques personnes en conclurent que l’ordre dont ce vêtement est la marque distinctive lui serait soumis. (16) En faisant abattre une forêt pour asseoir son camp à Munda, Jules César découvrit un palmier, et le conserva comme un présage de victoire. Le rejeton qui naquit de ce palmier prit un tel accroissement en peu de jours, que non seulement il égala, mais couvrit de son ombrage celui dont il tenait le jour, et que des colombes y établirent leur nid, quoique ces oiseaux aient la plus grande répugnance pour un feuillage âpre et dur. Cette espèce de phénomène fut, dit-on, un des motifs qui déterminèrent le plus César à ne vouloir de successeur que son petit-fils Octave. (17) Dans sa retraite d’Apollonie, Auguste était monté avec Agrippa dans l’observatoire du devin Théogène. Le devin prédit à Agrippa, qui le consulta le premier, des prospérités étonnantes et merveilleuses. Auguste alors refusa obstinément de faire connaître
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