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Vies des douze Césars

Vies des douze Césars

Titel: Vies des douze Césars Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suetone
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passagers et des matelots d’un navire d’Alexandrie qui venait d’arriver, se présentèrent à lui en robes blanches et couronnés de fleurs, lui offrirent de l’encens, et, mêlant à leurs souhaits de prospérités les plus nobles louanges, ils s’écrièrent : « Nous vous devons notre salut, notre commerce, notre liberté et tous nos biens ». (3) Ravi de ces démonstrations, il donna à tous ceux de sa suite quarante pièces d’or, et leur fit promettre sous serment qu’ils n’achèteraient avec cet argent que des marchandises d’Alexandrie. (4) Il employa aussi les jours suivants à distribuer, entre autres petits présents, des toges et des manteaux, sous la condition que les Romains parleraient et se vêtiraient comme des Grecs, et que les Grecs imiteraient les Romains. (5) Il se plut à regarder des adolescents qui, d’après une ancienne institution, se trouvaient en assez grand nombre à Caprée. Il leur servit un repas en sa présence, permettant et même exigeant qu’ils se livrassent à la gaîté, et qu’ils s’arrachassent de force les fruits, les mets et les autres choses qu’il leur envoyait. Enfin, il se livra à toute sorte d’amusements. (6) Il appelait Apragopolis (ville de l’oisiveté) l’île voisine de Caprée, à cause de la fainéantise de ceux de sa suite qui s’y étaient retirés. Il avait coutume d’appeler ktistès ou fondateur de l’île, Masgaba, l’un de ses favoris. (7) Ce Masgaba était mort depuis un an. Auguste, voyant de sa salle à manger une foule immense se porter avec des flambeaux vers sa tombe, dit à haute voix ce vers qu’il improvisait :
     
    Je vois du fondateur la tombe tout en feu.
     
    Et, se tournant vers Thrasylle, attaché au service de Tibère, et son voisin de table, qui ne savait pas de quoi il s’agissait, il lui demanda s’il connaissait l’auteur de ce vers. Tandis que Thrasylle hésitait, Auguste fit encore celui-ci :
     
    Voyez-vous Masgaba de flambeaux honoré ?
     
    Puis il réitéra la question à son voisin, (8) qui répondit que, quel qu’en fût l’auteur, ces vers étaient excellents. Auguste éclata de rire, et il s’abandonna à mille plaisanteries. (9) Bientôt il passa à Naples, et, quoiqu’il fût plus ou moins incommodé de douleurs d’entrailles, il assista aux jeux quinquennaux institués en son honneur ; puis il partit avec Tibère pour le lien de sa destination. (10) Mais, au retour, se sentant plus mal, il fut obligé de s’aliter à Nole. Il fit revenir Tibère, l’entretint longtemps en secret, et depuis ne s’occupa plus d’aucune affaire sérieuse.
     
XCIX. Sa mort
    (1) À son dernier jour, il s’informa de temps en temps si son état occasionnait déjà de la rumeur au dehors. Il se fit apporter un miroir, arranger la chevelure et réparer le teint. Puis, ayant reçu ses amis, il leur demanda s’il paraissait avoir bien joué le drame de la vie, et y ajouta cette finale :
     
    Si vous avez pris goût à ces délassements,
    Ne leur refusez pas vos applaudissements.
     
    (2) Ayant ensuite congédié tout le monde, il questionna encore quelques personnes qui arrivaient de Rome sur la maladie de la fille de Drusus, et tout à coup il expira au milieu des embrassements de Livie, en prononçant ces mots : « Adieu, Livie : Souviens-toi de notre union ; adieu ». Sa mort fut douce, et telle qu’il l’avait toujours désirée ; (3) car, lorsqu’il entendait dire que quelqu’un était mort promptement et sans douleur, il souhaitait pour lui et pour les siens une fin pareille, en se servant de l’expression grecque euthanasia. (4) Il ne donna qu’un seul signe d’égarement avant de rendre le dernier soupir. Frappé de terreur subite, il se plaignit d’être enlevé par quarante jeunes gens. Encore fût-ce plutôt un présage qu’une absence d’esprit ; car il y eut tout autant de soldats pour le porter au lieu où on l’exposa.
     
C. Ses funérailles
    (1) Il mourut dans la même chambre que son père Octavius, sous le consulat de Sextus Pompée et de Sextus Appuleius, le dix-neuf août, à la neuvième heure du jour, à soixante-seize ans moins trente-cinq jours. (2) Les décurions des municipes et des provinces portèrent son corps de Nole à Bovillae, pendant la nuit, à cause de la chaleur de la saison. Le jour, on le déposait dans les basiliques des villes ou dans les plus grands temples. (3) À Bovilles, les chevaliers vinrent le prendre et le portèrent à Rome, où

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