Vies des douze Césars
c’était la faute de Jupiter Tonnant qui lui servait de portier. En conséquence, il suspendit des sonnettes aux combles de l’édifice, comme on en met habituellement aux portes. (4) C’est aussi d’après un rêve, qu’à un certain jour de l’année, il demandait l’aumône au peuple en présentant le creux de sa main.
XCII. Sa foi dans les présages
(1) Il y avait certains auspices et certains présages qu’il regardait comme infaillibles. Si, le matin il se chaussait mal, ou s’il mettait au pied droit la chaussure du pied gauche, c’était un mauvais signe. Lorsqu’il partait, pour un long voyage de terre ou de mer, s’il tombait de la rosée, c’était un bon signe qui annonçait un retour prompt et heureux. (2) Il était frappé surtout de certains phénomènes. (3) Il transporta dans « la cour des gouttières », près de ses dieux pénates, et fit cultiver avec grand soin un palmier né devant sa maison entre deux pierres. (4) Dans l’île de Caprée, les branches d’un vieux chêne, languissantes et courbées vers la terre, se relevèrent tout à coup à son arrivée. Il en ressentit une si grande joie, qu’il échangea avec la république de Naples 1’île de Caprée pour celle d’Enarie. (5) Il avait aussi des scrupules attachés à certains jours. Il ne se mettait jamais en route le lendemain des jours de marché, et ne commençait aucune affaire sérieuse le jour des nones. En cela, disait-il dans une lettre à Tibère, il ne voulait éviter que la funeste influence du nom.
XCIII. Distinction qu’il fait entre les diverses religions
(1) Quant aux rites étrangers, il avait le plus grand respect pour ceux qui étaient anciens et approuvés chez les Romains ; il méprisait tous les autres. Initié aux mystères d’Athènes, il eut, un jour qu’il siégeait à Rome, à prononcer sur les privilèges des prêtres de la Cérès attique ; et, comme on avançait certaines choses qui devaient rester secrètes, il renvoya ses assesseurs et tous les assistants, et entendit seul discuter l’affaire. (2) D’un autre côté, dans son voyage en Égypte, il ne se détourna pas même pour voir le bœuf Apis, et il loua son petit-fils Caius de ce qu’en traversant la Judée, il s’était abstenu de tout hommage religieux à Jérusalem.
XCIV. Présages de sa grandeur future
(1) Puisque nous sommes sur ce sujet, il ne sera pas inutile de rapporter les présages qui précédèrent sa naissance, et ceux qui l’accompagnèrent ou la suivirent ; ils suffisaient déjà pour annoncer sa grandeur future et son bonheur constant. (2) La foudre étant tombée jadis sur une partie du rempart de Vélitres, l’oracle avait dit qu’un citoyen de cette ville parviendrait un jour au souverain pouvoir. Pleins de confiance dans cette réponse, les habitants de Vélitres entreprirent sur-le-champ contre les Romains une guerre obstinée qu’ils recommencèrent plusieurs fois, et qui faillit causer leur perte. L’événement ne prouva que longtemps après que cette prédiction regardait la puissance d’Auguste. (3) Julius Marathus rapporte que, peu de mois avant la naissance de ce prince, un prodige annonça publiquement à Rome que la nature était en travail d’un maître pour le peuple romain, et que le sénat effrayé avait défendu d’élever les enfants qui naîtraient dans l’année ; mais que ceux dont les femmes étaient enceintes, se trouvant intéressés à la prédiction, avaient empêché que le sénatus-consulte fût porté aux archives. (4) Je lis dans les traités d’Asclépias de Mendès, « sur les choses divines », qu’Atia étant venue au milieu de la nuit dans le temple d’Apollon pour y faire un sacrifice solennel, fit poser sa litière pendant que les autres matrones s’en retournaient ; que tout à coup un serpent se glissa vers elle, et peu après se retira ; et qu’à son réveil elle se purifia, comme si elle sortait des bras de son mari ; que, dès ce moment, elle avait eu sur le corps l’empreinte d’un serpent que jamais elle ne put effacer, en sorte qu’elle ne parut plus aux bains publics ; qu’enfin Auguste naquit dans le dixième mois, et passa en conséquence pour le fils d’Apollon. (5) Atia, avant d’accoucher, avait rêvé que ses entrailles s’élevaient vers les astres, et couvraient toute l’étendue du ciel et de la terre. Octavius, père d’Auguste, rêva aussi que le soleil sortait du sein de sa femme. (6) Il est notoire
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