Vies des douze Césars
le jour de sa naissance, craignant et rougissant à la fois de se trouver trop au-dessous de lui. Lorsque enfin, après avoir longtemps hésité, il eut satisfait à sa demande, Théogène se leva précipitamment et se prosterna à ses pieds. (18) Depuis ce temps Auguste eut une telle confiance dans ses destinées, qu’il publia son horoscope, et fit frapper une médaille d’argent qui portait l’empreinte du capricorne, sous lequel il était né.
XCV. Présages de sa grandeur future. Suite
(1) Après la mort de César, lorsque, à son retour d’Apollonie, il entra dans Rome, on vit tout à coup, par un ciel pur et serein, un cercle semblable à l’arc-en-ciel, entourer le disque du soleil, et la foudre frapper par intervalles le monument de Julie, fille du dictateur. (2) Dans son premier consulat, pendant qu’il consultait les augures, douze vautours lui apparurent, comme à Romulus, et tandis qu’il immolait des victimes, tous les foies se découvrirent jusqu’à la moindre fibre. De l’aveu de tous les haruspices, c’était les présages de grandes et heureuses destinées.
XCVI. Présages de ses victoires
(1) Je dirai plus : Auguste pressentit l’issue de toutes ces guerres. Quand les troupes des triumvirs campaient près de Bologne, un aigle, posé sur sa tente, s’élança sur deux corbeaux qui le harcelaient à droite et à gauche, et les terrassa. Toute l’armée en conclut que la discorde diviserait un jour les chefs, comme cela arriva en effet, et d’avance elle prévit le résultat de leurs querelles. (2) À Philippes, un Thessalien lui annonça la victoire de la part de Jules César, dont l’image lui était apparue dans un chemin détourné. (3) Près de Pérouse, comme le sacrifice ne réussissait pas, Auguste fit augmenter le nombre des victimes. Mais les ennemis, dans une attaque soudaine, enlevèrent tout l’appareil du sacrifice. Les augures s’accordèrent alors à croire que tous les périls et tous les malheurs qui venaient d’être annoncés au sacrificateur retomberaient sur ceux qui avaient les entrailles des victimes ; et l’événement justifia la prédiction. (4) La veille du combat naval près des côtes de Sicile, il se promenait sur le rivage. Un poisson s’élança hors de l’eau et tomba à ses pieds. (5) Sur le point de livrer bataille à Actium, il rencontra un âne et un ânier ; l’un s’appelait Eutychus (« heureux »), l’autre Nicon (« vainqueur »). Quand il eut remporté la victoire, il fit ériger à tous les deux une statue d’airain dans le temple construit sur l’emplacement de son camp.
XCVII. Présages de sa mort et de son apothéose
(1) Sa mort, dont je parlerai plus bas, et son apothéose furent annoncées aussi par les prodiges les plus évidents. (2) Tandis qu’il était occupé à clore un lustre dans le champ de Mars en présence d’une grande foule de peuple, un aigle vola plusieurs fois autour de lui, et, se dirigeant ensuite vers le temple voisin, se percha au-dessus de la première lettre où était gravé le nom d’Agrippa. Frappé de ce spectacle, Auguste chargea son collègue Tibère de prononcer les vœux qu’on a coutume de faire pour le lustre suivant. Quoique les formules fussent écrites et déjà prêtes, il refusa de commencer ce qu’il ne pouvait accomplir. (3) Vers le même temps, la foudre tomba sur l’inscription de sa statue, et enleva la première lettre de son nom. L’oracle répondit qu’il ne vivrait plus que cent jours, nombre marqué par la lettre C, et qu’il serait mis au rang des dieux, parce que ésar, qui était le reste de son nom, signifie « dieu » en langue étrusque. (4) Il se disposait à envoyer Tibère en Illyrie, et à l’accompagner jusqu’à Bénévent. Mais, voyant que des importuns le retenaient en lui soumettant procès sur procès, il s’écria (et cela même fut rangé parmi les présages) que, lorsque tout se réunirait pour l’arrêter, il ne resterait pas plus longtemps à Rome. Il se mit donc en route et se rendit d’abord à Astura. Là, profitant d’un vent favorable, il s’embarqua de nuit, contre sa coutume. Sa dernière maladie commença par un flux de ventre.
XCVIII. Sa dernière maladie
(1) Il n’en parcourut pas moins la côte de la Campanie et les îles voisines. Il demeura quatre jours retiré à Caprée, dans un loisir complet et dans toutes les douceurs de l’intimité. (2) Quand il passa près de la baie de Pouzzoles, des
Weitere Kostenlose Bücher