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Vikings

Vikings

Titel: Vikings Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Weber
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terriblement futé, ce fut l’image qui vint instantanément à l’esprit de Skirnir de la part de son peuple. Comme le disait le vieux proverbe norrois, ce diable d’homme avait réussi à contenter en même temps le pêcheur et le saumon. Il ne restait plus qu’à s’incliner face à autant d’adresse. Du moins pour l’instant.

Livre Dixième
    L A PETITE VILLE DE S AINT -C LAIR - SUR -E PTE n’avait jamais connu une pareille effervescence. La cour du roi des Francs était arrivée quelques jours auparavant et avait investi tout ce que la région comptait de manoirs, de fermes et de demeures habitables. Une aile du petit castel de la région avait été aménagée pour recevoir le souverain. Quant aux troupes royales, elles avaient veillé à nettoyer la région de tous les vagabonds et les brigands qui écumaient les campagnes.
    Certains villageois avaient pris peur en apprenant l’arrivée des hommes du Nord et avaient préféré fuir en abandonnant leur demeure et leurs prairies généreuses et gorgées d’eau en cette période de l’année. Peuplée de hauts personnages mécontents d’être obligés de loger dans de mauvaises conditions, de soldats méfiants et d’hommes d’Église venus des régions voisines, la petite cité était méconnaissable.
    Les Vikings parvinrent devant Saint-Clair-sur-Epte la veille de la signature du traité. Rollon avait veillé à donner à sa troupe les apparences de l’équipage d’un grand seigneur franc comme les autres. Ceux qui craignaient de voir débarquer une horde effrayante d’hommes armés de haches et coiffés de casques à cornes furent soulagés. De toute évidence, les Norrois avaient endossé les habits de leur nouvelle vie.
    Le jour tant attendu arriva et les hommes du Nord virent comme un présage les corbeaux qui croassaient et volaient au-dessus des toits des maisons et du clocher de l’église. Mais les oiseaux d’Odin étaient-ils venus pour célébrer ou au contraire, pour contester l’alliance qui allait se conclure ? Chacun possédait sa propre interprétation du signe des dieux.
    La cérémonie d’investiture devait frapper les imaginations. Charles III avait pris place sur une estrade de bois dotée d’un dais de velours frappé aux armes du royaume. Il était flanqué des membres les plus éminents de sa cour et du clergé. Robert de Neustrie, qui avait été à l’origine de la négociation, avait du mal à dissimuler sa satisfaction tandis qu’Hervé, l’archevêque de Reims, demeurait impassible. Le roi Charles ne semblait pas à l’aise. Comme à son habitude, il n’était pas sûr de ses décisions et redoutait que ses ennemis n’y saisissent un nouveau prétexte pour le combattre.
    Un serviteur annonça au souverain l’arrivée de Hròlfr. Le Viking s’avança seul devant lui. Il portait la tenue d’un noble, une longue tunique de drap rouge accompagnée d’une ceinture de cuir qui marquait sa taille et à laquelle pendait son couteau au manche de dragon.
    Le chef s’approcha de Charles qui prit ses mains dans les siennes en signe d’amitié et de soumission. Par ce geste symbolique, Hròlfr le Marcheur devenait, de facto, le vassal du monarque. En échange de la promesse de fidélité de l’homme du Nord, Charles déclara qu’il lui concédait toutes les terres comprises entre l’Epte et la mer. Il ajouta ensuite la Bretagne afin que Hròlfr pût assurer la subsistance de son peuple. Il lui donna enfin le nom de Rollon par lequel il entrait dans la grande famille des Francs et des chrétiens.
    Une fois le double engagement officialisé, Robert de Neustrie prit la parole. L’usage voulait que le nouveau vassal du roi de France baisât le pied de son souverain. Dans le camp viking où nul ne s’attendait à une pareille demande, l’émoi fut considérable. Comment un chef du Nord pourrait-il s’abaisser devant son ennemi ? Cela paraissait impossible ! Hròlfr le Marcheur ne laissa rien percer de sa contrariété ; il se retourna et lança à ses hommes :
    — Skirnir le Roux ! Je te délègue l’honneur de me représenter pour accomplir ce geste symbolique.
    Le géant blêmit. Il lui était déjà insupportable de participer à cette cérémonie et voilà que son cousin exigeait qu’il baisât les pieds de son ennemi. Le fier Viking fit semblant de n’avoir rien entendu. Hròlfr le fixa avec toute l’autorité de sa charge, mais l’homme ne paraissait toujours pas décidé à

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