Vikings
De l’admiration ? Il était impossible de le déterminer.
— Les hommes ne sont pas éternels, Storman, continua-t-il. Mais leurs idées, oui. Aujourd’hui, nous devons agir, avec précision et sans attendre. À l’Ahnenerbe, nous sommes bien placés pour savoir que la raison n’apporte pas toutes les explications. Cela fait trop longtemps que notre cher Occident souffre d’avoir été pris en tenailles par le discours rationnel de quelques philosophes français dégénérés et le mysticisme masochiste des tenants de la religion sémite. Nous savons que les racines de notre peuple sont ailleurs, très profondément enfouies dans cette terre qui nous a vus naître. Nous devons creuser, toujours plus loin jusqu’à les redécouvrir afin de pouvoir mieux les servir.
Pour la première fois depuis qu’il était entré dans la pièce, Wolfram Sievers regarda Storman. Il s’aperçut que sous sa carapace de SS conditionné à obéir, l’homme était désemparé. Il ne comprenait pas ce que son supérieur attendait de lui. Il était temps de lui expliquer.
— Nous les SS, nous savons comment gagner cette guerre et faire triompher le Reich pour mille ans, murmura l’officier. Ce n’est pas en inventant de nouvelles fusées ni en expérimentant d’audacieuses stratégies dans les cabinets du ministère de la Guerre. Nous savons que nos ancêtres possédaient d’autres moyens, beaucoup plus radicaux, pour vaincre leurs ennemis. Aujourd’hui, c’est à nous de retrouver l’Anticroix afin d’exterminer ceux qui nous combattent. Toutefois, à Berlin, dans les plus hautes sphères du pouvoir, il y a des hommes qui ne pensent pas comme nous. Même si nous portons les mêmes uniformes, si nous parlons la même langue et si nous saluons de la même façon, ce sont pourtant nos ennemis. Vous comprenez Storman ? Grâce aux dieux, il y a d’autres hommes – et même de plus en plus – qui possèdent notre foi et qui sont résolus à l’imposer. Pour le bien de notre patrie. Nous devons travailler ensemble et puiser dans les secrets du passé notre force de demain. Vous êtes d’accord, Storman ?
— Euh... oui, Herr Sievers, répondit-il de plus en plus troublé. Mais qu’attendez-vous de moi, précisément ?
L’officier vint lui poser la main sur l’épaule. À ce moment précis, un sourire éclaira son visage.
— Ce que j’attends de vous ? Trouver l’arme absolue... celle que certaines sources nomment comme l’Anticroix. Vous êtes sur la piste des Vikings et j’ai confiance en vos capacités qui sont considérables, je le sais. Si les SS découvrent le secret de l’invincibilité des Vikings, plus rien ne pourra nous arrêter. Révélez-nous l’Arme de Dieu et découvrez le véritable rôle de Rollon dans la saga des fils de Thulé. Mais vous devez aller très vite, Storman, et ne laisser aucun répit à ceux qui veulent vous mettre des bâtons dans les roues. Je vous donne pleins pouvoirs, n’ayez aucun scrupule, seul le résultat compte. Nous n’avons plus beaucoup de temps. Le Reich est aux abois et nous ne laisserons pas nos adversaires sonner l’hallali. C’est quand il est blessé que le cerf se révèle le plus dangereux. Nous sommes des hommes des forêts, Storman, ne l’oubliez pas ! De nos ancêtres, nous avons conservé l’art de combattre au coeur des futaies de chênes millénaires. Nous n’avons que faire des déserts et de la mort. Nous incarnons la vie, mais pour faire triompher la vie, nous allons d’abord donner la mort.
Storman se sentit obligé de réagir à cette dernière phrase en saluant son supérieur bras tendu et en lançant un trop sonore « Heil Hitler » pour cette heure avancée de la nuit.
— « Heil Hitler », sourit Sievers, si vous voulez... J’attends des résultats de votre part, sans la moindre faiblesse, ne l’oubliez pas. À ce propos, j’ai été contraint de faire enfermer Haraldsen dans un cachot. Ce n’est pas un homme sûr. Conservez son manuscrit et disposez de lui comme bon vous semble, pour l’interroger par exemple.
— Mais, balbutia Storman, il est venu ici en ami...
— J’ai dit aucun sentimentalisme, Storman... J’ai confiance en vous, ne me décevez pas. Nous sommes plusieurs SS déterminés et profondément engagés dans ce nouveau combat. Nous sommes résolus et nous n’aurons aucune pitié pour ceux qui ne se révéleront pas à la hauteur de la mission que nous leur avons confiée. Bonne
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