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Voyage de J. Cartier au Canada

Voyage de J. Cartier au Canada

Titel: Voyage de J. Cartier au Canada Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Cartier
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de salut audict cappitaine et à ses gens, leurs faisant signes evidens, qu'ilz feussent les tres bien venuz : Il montra ses bras et jambes audict cappitaine, luy faisant signe qu'il luy pleust les toucher : lequel cappitaine les frota avecques les mains. Et lors ledict Agouhanna print la lysiere et couronne qu'il avoit sur sa teste, et la donna a nostre cappitaine. Et tout incontinent furent amenez audict cappitaine plusieurs malades, comme aveugles, borgnes, boisteulx, impotens, et gens sy tresvieulx, que les paupieres des yeulx leur pendoyent jusques sur les joues : les seant et couchant au pres de nostre dict cappitaine, pour les toucher : Tellement qu'il sembloit que Dieu feust la descendu pour les guerir.
Notre dict cappitaine voyant la pitié et foy de cedict peuple, dist l'evangile Sainct Jehan : scavoir l'imprincipio, faisant le signe de la croix sur les povres malades, priant Dieu qu'il leur donnast congnoissance de nostre saincte foy, et grace de recouvrer chrestienté et baptesme. Puis le dict cappitaine print une paires d'heures et tout haultement leut de mot à mot la passion de nostre seigneur. Sy que tous les assistans le peurent ouyr, ou tout ce pauvre peuple feirent une grand silence et feurent merveilleusement bien entendibles, regardans le ciel et faisans pareilles cerimonyes qu'ilz nous veoient faire. Apres laquelle feist le cappitaine renger tous les hommes d'ung coste, les femmes d'ung autre, et les enfans d'aultre, et donna aux principaulx des hachotz, es aultres des couteaulx et es femmes des patenostres, et autres menues besongnes puis gecta parmy la place entre les petis enfans des petites bagues, et agnus dei d'estain, dequoy menerent une merveilleuse joye.
    Ce faict ledict cappitaine commanda sonner les trompettes et aultres instrumens de musique : desquelz ledict peuple fut fort resjouy. Apres lesquelles choses nous prinsmes congié d'eulx et nous retirasmes, voyant ce les femmes se mirent au devant de nous pour nous arrester, et nous apportoient de leurs vivres, qu'ilz nous avoient apprestez, Comme poisson, potages, febves et autres choses pour nous cuyder faire repaistre et disner audict lieu ; et pource que leurs vivres n'estoient à nostre goust, et qu'il n'y avoit aucune saveur, les remerciasmes, leur faisant signe que n'avions besoing de manger.
Apres que nous feusmes yssuz de ladicte ville, plusieurs hommes et femmes nous vindrent conduyre sur la montaigne cy devant dicte, qui est par nous nommée, Mont royal, distant dudict lieu d'ung quart de lieues. Et nous estans sur icelle montaigne eusmes veue et congnoissance de plus de trente lieues à lenviron d'icelle : y a vers le Nort, une rengée de montaignes, qui sont Est et Onaist, gisantes, et autant devers le Su. Entre lesquelles montaignes est la terre la plus belle qu'il est possible de veoir, unye, plaine, et labourable : et par le meilleu desdictes terres voyons le dict fleuve oultre le lieu ou estoient demourees noz barques : auquel va ung sault d'aue le plus impetueulx qu'il est possible de veoir : lequel ne nous fut possible passer, tant que l'on povoit regarder grand, large et spacieulx, qui alloit au Sur Onaist : et passoit aupres de trois belles montaignes rondes, que nous voyons, et estimyons qu'elles estoient environ quinze lieues de nous : et nous fut dict et monstre par signes par nosdictz trois hommes du pais qui nous avoient conduict, qu'il y avoit trois telz saulx d'aue audict fleuve, comme celuy ou estoient nosdictes barques, mais nous ne peusmes entendre quelle distance il y avoit entre l'un et l'autre par faulte de langue : puis nous monstroient par signes que lesdiz saulx passez, l'on pouvoit naviguer, plus de trois lieues par ledict fleuve.
    Et oultre nous monstroient que le long desdictes montaignes estant vers le Nort, y a une grande riviere, qui descend de l'occident comme ledict fleuve : Nous estimions que c'est la riviere qui passe par le royaulme du Saguenay, et sans que leur feissions aucune demande et signes, prindrent la chaine du sifflet du cappitaine qui estoit d'argent et ung manche de poignard, lequel estoit de laton jaulne comme or : lequel pendoit au costé de l'ung de noz compaignons marinyers, et montrerent que cela venoit d'amond ledict fleuve, et qu'il y a des Agouionda, qui est à dire mauvaises gens : lesquelz sont armez jusques sur les doigtz, nous monstrant la facon de leur armeures, qui sont de cordes et de boys, lassez et tissues ensemble, nous donnant à entendre

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