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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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semaine qui s’amusait avec elle.
    — Non, il pense que tu es à la hauteur de l’entreprise. (Helvetius m’assena une claque dans le dos.) Tout baigne : à présent on sait tous où on en est !
    — Exact. L’homme sur qui je compte pour devenir l’oncle favori de mes enfants est…
    — Est sans doute sur le point de nous rejoindre avec les genoux raides et un drôle de regard ! On ne peut pas choisir à sa place. Ce n’est plus un bébé.
    — Non : il a 20 ans et n’a jamais embrassé de fille…
    Probablement pas, du moins. Dans le cas de n’importe quel autre type, je me serais sûrement demandé si cette maîtrise fluide du germain était le fruit d’une fréquentation féminine.
    — Il ne s’est encore jamais non plus fait trancher la gorge à la serpe dans un bosquet sacré, centurion !
    — Va te reposer un peu, Falco. Tu sais comment il est quand il entame une discussion intéressante. Si la dame est d’humeur aussi loquace que lui, la nuit va être longue.
    Ce fut la plus longue que je passai en Germanie. Quand Camillus Justinus revint, tous les autres dormaient. Moi, je guettais son arrivée.
    Il faisait noir. La lune s’était enfoncée dans une épaisse couche de nuages, mais nos yeux accommodaient. Il me vit me lever. Nous échangeâmes une poignée de main puis discutâmes à voix basse. Lui parlait d’un ton léger, enthousiaste.
    — Plein de choses à te raconter.
    Son taux d’adrénaline devait être sacrément haut.
    — Qu’est-ce qui se passe ? Elle t’a relâché sur parole ?
    — Elle a besoin d’un moment de solitude. Je dois y retourner quand la lune reparaîtra ; à ce moment-là elle me dira si c’est la guerre ou la paix. (Il était épuisé.) J’espère que ses prévisions lunaires sont correctes…
    Je scrutai le ciel. La nuée au-dessus de nos têtes était celle d’un orage en suspens ; je vis qu’elle s’éloignerait.
    — Elle a raison. D’ailleurs, comme dans toute magie, il s’agit d’observation et non de prophétie.
    Nous nous accroupîmes au pied d’un arbre. Il me donna quelque chose.
    — Un couteau ?
    — Le tien. Elle avait déposé ses cadeaux sur un coffre : j’ai reconnu celui-là. Je lui ai dit que c’était le couteau de mon beau-frère.
    — Merci… et de l’appellation avec. C’est mon couteau préféré, mais si elle se met à distribuer des cadeaux d’hospitalité, je peux lui soumettre quelques idées plus utiles.
    — Je crois qu’elle m’a donné le couteau pour me montrer qu’elle était détachée de tout ça, que les cadeaux ne l’influençaient pas.
    — Ou pour faire bonne impression !
    — Cynique, va ! Qu’est-ce que j’aurais dû lui demander ?
    Je suggérai une idée idiote, et il se mit à rire. Mais la tâche était trop grave pour plaisanter.
    — Je n’ai rien à offrir, Marcus. Nous aurions dû apporter des cadeaux.
    — On a apporté un coffre de monnaie.
    — Mais c’est la solde des gars !
    Il était d’une étonnante simplicité.
    — Les gars préféreraient être vivants plutôt que morts et payés.
    — Ah !
    — J’irai chercher le coffre où tu l’as laissé. Orosius pourra me guider. Maintenant, raconte-moi de quoi vous avez parlé, Veleda et toi.
    — Ç’a été quelque chose ! Cela n’annonçait rien de bon. On a passé le débat en revue sous toutes ses coutures. J’ai fait ce que je pouvais en ce qui concerne la mission de l’empereur. J’ai dit à Veleda que nous devions tous accepter que les peuples de la rive gauche du Rhenus ont choisi de se rallier à Rome, et qu’à moins d’un danger menaçant leur sécurité, l’empereur n’avait aucune intention de traverser en direction de l’est. (Justinus baissa la voix.) Je ne suis pas sûr que ça vaille bien longtemps, Marcus.
    — C’est ça, la politique. Il se peut que les choses changent le long du Danube, mais ne va pas compliquer la situation avec ce qui n’arrivera peut-être jamais. Veleda est assez futée pour tirer elle-même ses conclusions.
    — Je n’ai aucune expérience dans ce domaine. Et je me sens vraiment mal préparé !
    Notre unique espoir résidait dans le fait que la prêtresse était susceptible de se fier à la transparente intégrité du tribun.
    — Aie confiance. En tout cas, elle écoute. Avant que tu viennes faire ton grand défilé d’apparat, je lui ai parlé moi aussi…
    — J’en ai entendu des bribes. Orosius et moi, on était cachés dans les arbres. On n’a pas pu s’approcher assez

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