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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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tiendrait pour responsable, je le savais.
    — Pourquoi il est entré là-dedans, Falco ?
    — Tu l’as entendu : il va discuter au calme.
    — De quoi ?
    — De pas grand-chose, à mon avis.
    De la destinée. De l’histoire du monde. Des vies de ses amis. De la mort du tribun…
    — Dis, Falco…
    — Ferme-la, Lentullus.
    Je regagnai l’enclos, m’installai posément sur mes talons pour tâcher de ne pas être au contact du sol. C’était la mauvaise saison pour s’asseoir dans l’herbe : il allait y avoir beaucoup de rosée ce soir. Je commençais à me dire qu’on était à la mauvaise saison pour tout.
    Les autres se rabattirent sur Orosius, puis vinrent lentement me rejoindre, s’installant pour attendre on ne savait quoi. Orosius avait peu à dire quant à lui, si ce n’est qu’à son avis le tribun allait bien. Je lui tordis l’oreille en lui rappelant que nous le savions.
    J’aurais dû m’en douter. Camillus Justinus avait soif de savoir. Il n’aurait pas passé trois ans à garder les frontières d’une province sans apprendre à communiquer avec ses habitants. Pour l’heure, il était seul avec bien plus sérieux que le langage. Ce garçon était si entier que cela me choquait. Avec sa façon candide de lier connaissance avec chacun des soldats qu’il commandait, ce type incroyable avait même réussi à convaincre je ne sais quel bucinator endurci de lui apprendre à jouer une sonnerie acceptable. Ce mois en forêt l’avait déprimé, sans pourtant entamer le moins du monde son inventivité. Une fois embarqué dans cette expédition, il n’allait pas renoncer. Mais il n’avait que 20 ans. Jamais risqué sa peau. Il n’avait aucune chance. Jamais eu à affronter les femmes, mais peut-être ici, n’y avait-il pas péril en la demeure.
    — Dis, Falco, elles sont vierges les prêtresses étrangères ?
    — Je ne crois pas que ça soit obligatoire.
    Il n’y avait qu’à Rome que l’on tenait chasteté pour sainteté, encore qu’on y entretienne dix vestales à la fois pour parer aux ratages.
    — Est-ce que le tribun, il va…
    — Il va discuter de politique.
    Malgré tout, cette nouvelle combinaison de la destinée des nations et de la femme la plus séduisante qu’il ait jamais vue risquait de se révéler un mélange toxique.
    — Il lui viendra peut-être d’autres idées, à la sorcière ! (Ils prenaient de l’audace à présent.) Peut-être que le tribun sait pas comment faire…
    — Le tribun a l’air d’un gars qui sait improviser.
    Quoi qu’il en soit, j’espérais ne jamais avoir à expliquer à sa sœur que j’avais laissé je ne sais quelle prophétesse aux yeux égarés faire un homme du petit frère tribun au sommet d’une tour de guet.
     
    Quand les torches moururent et que le festin s’acheva, je donnai l’ordre à nos gars de se reposer. Je chargeai ensuite Helvetius de monter la garde, me frayai un chemin parmi les Bructères endormis et filai jusqu’à la tour. Un garde muni d’une lance était affalé sur les marches, endormi. J’aurais pu m’emparer de son arme et lui trancher le gosier, mais je le laissai tranquille. D’autres gardes occupaient le soubassement de la tour : impossible d’y pénétrer.
    Je fis le tour par l’extérieur. Le clair de lune nimbait le mur d’un voile blanc éblouissant. Loin en hauteur, luisait la faible lueur d’une lampe. J’entendais des voix. Difficile de déterminer en quelle langue elles s’exprimaient : le ton était trop étouffé. Cela ressemblait plus à une conversation qu’à une dispute. On aurait dit que ces voix discutaient d’un concert, ou des mérites des fresques murales, plutôt que du devenir de l’Empire. À un moment donné, le tribun dit quelque chose qui amusa la prophétesse ; elle répondit, et ils se mirent tous les deux à rire. Ne sachant si je devais me lamenter ou me réjouir, je retournai auprès de mes hommes.
    Helvetius me décocha une bourrade à l’épaule.
    — Ça va ?
    — Ils discutent.
    — Ça m’a tout l’air dangereux !
    — Plus dangereux quand ils s’arrêteront, centurion. (Je lançai tout à coup :) Je compte épouser sa sœur.
    — Il me l’a dit.
    — Je ne pensais pas qu’il m’avait pris au sérieux.
    — Lui s’inquiétait, reprit Helvetius : il craignait que tu ne te rendes pas compte que c’était l’intention de sa sœur.
    — Oh, c’est une fille franche ! Mais je me disais que lui devait me prendre pour un aventurier à la petite

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