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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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que la sonnerie qu’il avait réussi à émettre chez les Bructères, mais il conservait quand même des vestiges décelables de la deuxième relève nocturne. Ce devait être la seule sonnerie qu’il ait appris à jouer.
    Une pluie de flèches et lances tenctères tenta de le réduire au silence. Justinus se laissa tomber à terre, se couvrant la tête. Mais il devait avoir entendu, comme nous tous, une autre note : claire, haute, et expertement prolongée. Quelque part, dans un endroit pas si éloigné que ça, un deuxième buccin romain en bronze avait suavement répondu au sien.
    Nous ne les vîmes pas partir. Les Tenctères durent s’éclipser en silence.
    Peu de temps après, un détachement vexillaire composé d’hommes de la Quatorzième Gemina surgit des bois. Tous s’étaient portés volontaires pour la mission. Le détachement avait été assemblé, puis acheminé le long du fleuve à l’initiative de l’homme qui les commandait. En dépit de mon a priori, je fus contraint de reconnaître en lui Sextus Juvenalis, le préfet de camp de Moguntiacum. Les légionnaires cherchaient leur légat disparu, mais comme la Quatorzième se vante toujours de son jusqu’au-boutisme, ils récupérèrent le corps de leur commandant et nous sauvèrent du même coup.

62
    Moguntiacum. Un pont, un poste de péage, une colonne ridicule… et la fille dont je me languissais.
    Le trajet avait pris assez longtemps pour que nous commencions à nous réadapter au monde réel. Mais il faudrait peut-être plus longtemps au monde pour se réadapter aux sauvages que nous étions. Au fil du fleuve s’étaient succédé les villes civilisées offrant bains et nourriture romaine. Des contacts civilisés, en outre, avec des hommes que nous comprenions, bien que, pendant une grande partie du voyage, nous nous soyons repliés sur la petite bande que nous formions, isolée par une aventure qui semblait trop écrasante pour en discuter.
    Lorsque, finalement, nous débarquâmes et retournâmes au fort d’où nous étions partis, nous emportâmes les cendres du centurion pour les déposer au sanctuaire du principia. En quittant l’esplanade des défilés, les recrues nous dirent au revoir. Je n’allais sans doute pas tarder à partir, et le lien étroit qui les reliait à leur tribun laticlave devrait cesser quand Justinus endosserait à nouveau la dignité altière qui sied à son rang. Avec un chagrin visible, notre groupe dépenaillé nous quitta sur la via Principia, mais juste à ce moment-là, une bande de camarades qui passait par là leur lança quelques mots de bienvenue. La rencontre galvanisa nos gars qui s’éloignèrent avec des mimiques ostensiblement fanfaronnes. Seul Lentullus se retourna à la dernière minute et agita timidement la main.
    La gorge de Justinus lui posait quelques problèmes.
    — Ça me coûte de le dire, mais ils vont me manquer.
    — Ne t’en fais pas. (Même moi, je me sentais abattu.) Tu vas reprendre le harnais, Quintus. Il y aura quantité d’autres ennuis…
    Il jura d’un ton enjoué, dans l’une des différentes langues qu’il avait apprises pour baratiner les femmes. Justinus avait eu la bonne idée d’envoyer un message au secrétaire de son légat pour lui annoncer qu’il avait tellement à dire qu’il lui faudrait un rendez-vous en bonne et due forme… plus tard. Cette esquive nous permit de retourner chez lui en toute liberté, en feignant de nous balader tranquillement comme si nous n’avions aucun projet particulier.
    Helena était dans le jardin. Il faisait trop froid pour cela, mais cela lui garantissait la solitude. Notre absence la rongeait. Son frère et moi débouchâmes côte à côte dans la galerie. Le visage d’Helena sembla s’illuminer de joie presque avant qu’elle n’entende nos pas : le dilemme qui l’assaillit alors consistait à savoir vers lequel de nous deux elle allait d’abord se précipiter.
    Nous fîmes halte tous les deux, chacun voulant laisser l’autre l’étreindre le premier. Je remportai cet assaut de politesse. J’y tenais. Je souhaitais que Quintus l’embrasse, de sorte que lorsqu’il me passerait le colis, j’aurais alors toute liberté de la retenir contre moi. Mais Helena Justina le dépassa en coup de vent et s’abattit contre moi.
    Il eut l’amabilité de sourire, avant de se détourner tristement.
    — Reste, mon ami…
    Helena fut très prompte. Comme si telle avait toujours été son intention, elle se dégagea de mon

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