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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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assiettée, réglai… puis retardai sa commande le temps de le faire parler.
    C’était un ancien légionnaire, démobilisé et pensionné à la suite de son amputation – récente puisque le moignon rose vif était tout juste cicatrisé. J’emploie le mot « pensionné » de façon assez libre, étant donné que Rome ne dédommage jamais très bien les soldats qu’on ne peut plus envoyer au combat sans toutefois pouvoir les considérer comme véritablement morts. Ne pouvant prétendre ni à une pierre tombale, ni au lopin de terre dont l’état gratifiait les vétérans lorsqu’ils prenaient leur retraite, le pauvre type était rentré clopin-clopant à Rome, où seules la ration de blé allouée aux nécessiteux et la conscience de ses concitoyens l’empêchaient de mourir de faim. Ma propre conscience semblait être la seule à fonctionner cette semaine-là, ce qui en faisait, semblait-il, une semaine ordinaire.
    — Comment t’appelles-tu ? Quelle est ta légion ?
    — Balbillus. J’étais de la Treizième.
    — Y compris pour les batailles de Cremona ?
    — Bedriacum ? La première, c’est tout.
    Vitellius avait livré ses deux grands combats – contre Othon, qu’il battit, et Vespasien, qui le battit – au même endroit : un village du nom de Bedriacum, non loin de Cremona. Qu’on ne s’en étonne pas : une fois qu’il eut choisi un endroit correct avec vue sur le fleuve et relief intéressant, pourquoi en aurait-il changé ?
    — Bedriacum fera l’affaire. J’ai besoin qu’on me parle du comportement de la Quatorzième.
    Balbillus se mit à rire. La Quatorzième Gemina avait toujours tendance à susciter la dérision.
    — Mes potes et moi, ça nous arrivait de boire un coup avec eux… (Je perçus le sous-entendu et fournis quelque encouragement liquide à mon invité.) Alors, qu’est-ce que tu veux savoir ?
    Ayant été démobilisé dans les pires conditions possibles, il n’avait rien à perdre à tenir librement des propos démocratiques.
    — J’ai besoin de quelques informations. Uniquement des trucs récents. Laisse tomber le glorieux exploit de la Quatorzième face à la reine Boudicca.
    Nous rîmes tous les deux, cette fois.
    — Ç’a toujours été des fouteurs de pagaille, ces gars-là, commenta Balbillus.
    — Ça oui. Si tu aimes entendre parler d’histoire, figure-toi que la raison pour laquelle le Divin Claude les a choisis, eux, pour conquérir la Bretagne, c’est qu’il avait besoin de les occuper. Ils étaient déjà soupe au lait il y a trente ans de ça. Il doit y avoir quelque chose, dans le fait de servir en Germanie, qui pousse à la rébellion ! (Tout y poussait, d’après moi.) Bon alors, Balbillus, donne-moi quelques détails croustillants. Et d’abord, comment ont-ils réagi à Vespasien ?
    La question était risquée, mais l’ancien légionnaire me fit une demi-réponse :
    — Les avis étaient partagés.
    — Oh ! je sais. L’année des Quatre Empereurs, les gens étaient obligés de revoir leurs positions chaque fois qu’un nouveau dirigeant entrait en scène.
    Je ne me souvenais pas avoir revu les miennes. Ce qui était dû au fait que, comme d’habitude, j’avais considéré la liste intégrale des candidats comme de la roupie de sansonnet.
    — Je suppose que toutes les légions de Bretagne voient Vespasien comme un des leurs ?
    Balbillus me détrompa.
    — Quantité d’officiers et d’hommes du rang des légions de Bretagne avaient été promus par Vitellius.
    Pas étonnant que Vespasien soit à présent si désireux d’envoyer là-bas un nouveau gouverneur digne de sa confiance. À cette heure, Petilius Cerialis devait voguer sur le détroit de Gaule, chargé d’un mot d’ordre visant à exterminer les dissensions.
    Balbillus arracha un morceau de mie de pain.
    — Il s’est vu des choses bizarres en Bretagne.
    Je poussai vers lui un bol d’olives.
    — Que s’est-il passé ? De préférence la version scandaleuse, s’il te plaît !
    — La Quatorzième nous a raconté que le gouverneur de Bretagne avait chicané ses soldats encore plus que les gouverneurs le font habituellement. (Plus que sa blessure elle-même, ce trait cynique décoché tout à trac me rendit l’ancien soldat des plus sympathiques.) Une vieille rancune l’opposait au légat de la Vingtième Valeria.
    Il m’était arrivé de tomber sur ces gars-là à l’époque de mon service militaire : pas marrants, mais compétents.
    — La guerre envenima la querelle, les

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