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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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silence intense qui régnait à l’intérieur quand Helena n’était pas là.
    Intense, jusqu’au moment où des pas s’approchèrent.
    Ils n’étaient pas légers, mais las au contraire… fatigués par l’ascension de l’escalier. Pas de bottes. Pas non plus de ces sandales dans lesquelles on glisse simplement le pied. Enjambées trop longues pour être celles d’une femme, à moins qu’il s’agisse d’une femme comme je n’avais aucune envie d’en recevoir. Trop détendues pour être celles d’un homme à redouter.
    Les pas s’arrêtèrent devant ma porte. Suivit une longue pause. Quelqu’un frappa. Je me carrai dans ma chaise curule sans piper mot. Une main ouvrit précautionneusement la porte. L’odeur luxueuse d’un onguent extrêmement délicat s’insinua dans la pièce en ondes étranges.
    Une tête suivit. Couronnée de mèches brunes artistement crantées que maintenait un lien tressé. Une chevelure faite pour être remarquée ; propre, élégante, bien entretenue, et aussi incongrue sur l’Aventin que des abeilles dans un tas de plumes.
    — C’est toi, Falco ?
    Mon propre cuir chevelu me parut tout à coup moite et truffé de pellicules.
    — De la part de qui ?
    — Je m’appelle Xanthus. On m’avait dit que tu m’attendrais.
    — Je n’attends personne. Mais entre, maintenant que tu es là.
    Il entra donc. L’endroit le dégoûtait – nous étions deux. Il laissa la porte ouverte. Je lui demandai de la fermer. Il obtempéra comme s’il craignait de se faire culbuter par une paire de centaures en folie prêts à lui ravir sa virilité avec force hennissements.
    Je l’inspectai d’un coup d’œil rapide. C’était un dandy ; pas le messager type du palais, au cerveau aussi épais que ses semelles. Celui-là avait de la classe… à sa façon voyante.
    Tandis que je l’examinais, la lotion de rasage incongrue continuait à prendre possession de la pièce. Sur le menton d’où émanait ce mélange oriental magique, la barbe devait croître depuis une dizaine d’années. Le messager portait l’uniforme blanc du palais, ourlé d’or, mais les chaussures que j’avais entendues gravir les marches de l’immeuble recelaient sa touche personnelle : des engins en calf vermillon à bout rond qui avaient dû coûter une fortune, bien qu’elles soient d’un goût discutable. Le genre de chaussures souples qu’un acteur de bas étage serait susceptible d’accepter en retour d’attentions dispensées à une admiratrice.
    — Une lettre pour toi.
    Il me tendit le courrier : le papyrus que j’en étais venu à redouter, aussi tangible qu’un croûton de pain et lesté d’une once de cire aux mornes bosselures. Je savais qu’il contenait mon ordre de mission pour la Germanie.
    — Merci.
    Mon ton était pensif. Voilà que ce zigoto avec ses pompes à hurler me donnait déjà à réfléchir. Il y avait plus, chez lui, que cette simple façade. Compte tenu du fait que ma vie privée intéressait Titus César de près, je me méfiais plus qu’à l’accoutumée des arnaqueurs, bien que ce soit le cas des trois quarts de Rome. Je pris la lettre.
    — Pends-toi donc après une patère, des fois que je veuille envoyer une réponse impolie.
    — C’est ça ! répliqua-t-il d’un ton acide. Donne-moi des ordres. Je n’ai rien d’autre à faire dans la vie que de bayer aux corneilles sur le pas de la porte pendant que les gens lisent leur courrier.
    Quelque chose clochait. Je devais approfondir.
    — Tu as l’air du genre à ne pas tenir en place, comme messager. Tes cors aux pieds te font des misères ?
    — Je suis barbier, répondit-il.
    — Continue, Xanthus. Il y a des fortunes à bâtir pour qui sait raser une barbe d’une main experte.
    Et d’autres fortunes, d’ailleurs, pour les tueurs à gages qui savent suriner un gosier vite fait. J’inspectai mon visiteur d’un regard prudent : s’il avait un couteau, il était bien caché.
    — À qui fais-tu la barbe, au fait ?
    Il eut l’air profondément abattu.
    — Je rasais Néron. Il s’est suicidé avec un rasoir, d’après ce qu’on m’a dit : sans doute un des miens. Depuis ce temps-là, ils sont tous passés entre mes mains. J’ai rasé Galba, j’ai rasé Othon – j’entretenais aussi son postiche, d’ailleurs !…
    Pour la première fois, ses propos sonnaient juste : seul un authentique barbier est capable de lâcher une telle profusion de noms illustres.
    — … Et ensuite j’ai même rasé

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