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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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me divertir pendant mes loisirs : écraser des rebelles, ce genre de trucs, plaisantai-je. Il y a aussi un légat disparu à retrouver…
    Justinus pila sur place, l’air éberlué. Je m’arrêtai aussi.
    — Que se passe-t-il, tribun ?
    — L’empereur est-il en contact avec des augures étrusques d’un nouveau genre ?
    — Quelque chose qui cloche ?
    — Tu me sidères, Falco ! C’est précisément ce que j’essayais à l’instant de tirer au clair avec mon collègue. Je ne vois pas, grommela-t-il, comment Vespasien aurait pu apprendre qu’il se tramait quelque chose de louche du côté de la Germanie assez tôt pour que tu t’amènes ici avant même que mon commandant se soit décidé à en référer à Rome !
    Comme il s’apprêtait à reprendre son souffle, je glissai simplement :
    — Explique.
    Camillus Justinus coula un regard par-dessus son épaule puis baissa le ton, bien que l’esplanade que nous traversions soit déserte.
    — Voilà plusieurs jours que Florius Gracilis est introuvable. La Quatorzième ne veut pas l’admettre, même vis-à-vis de mon chef, mais nous autres, de la Première, nous pensons que leur légat a disparu !

18
    Je posai la main sur le bras du tribun, en guise d’avertissement. Puis je demandai à Xanthus de partir devant et de nous attendre à la porte principale d’en face. Il eut l’air vexé, mais il n’avait pas le choix. Nous le regardâmes s’éloigner, traînant d’abord les pieds dans la poussière pour exprimer son dépit, mais préférant bientôt épargner le fin cuir turquoise de ses spartiates.
    — Qui est cet homme, au juste ? s’enquit Justinus d’un ton circonspect.
    — Sais trop rien. (Je lui adressai un regard roide, pour le cas où il s’imaginerait qu’il s’agissait d’un compagnon de mon choix.) Si tu as envie de t’ennuyer une heure ou deux, demande-lui de te révéler pourquoi les rasoirs espagnols sont les meilleurs, et le secret de l’onguent germain à la graisse d’oie. Il est barbier de son état… ça c’est certain. Il s’est imposé dans ma mission en tant que touriste. Je soupçonne qu’une raison plus sinistre se cache derrière son expédition.
    — Peut-être aspire-t-il seulement à goûter aux voyages.
    Je me rappelai que le plus jeune frère d’Helena nourrissait une foi touchante en l’espèce humaine.
    — Mais peut-être pas ! En tout cas, je le fais passer pour l’indic de Vespasien.
    Justinus, qui devait être au courant de mes propres activités secrètes, ou en tout cas de mon passé dans le domaine, esquissa un faible sourire.
    Pendant que nous attendions que Xanthus trottine hors de portée de voix, une brise légère vint s’engouffrer dans nos capes. Elle charriait l’effluve caractéristique des écuries de cavalerie, mêlant cuir graissé et ragoût de porc pour collectivité. La poussière tournoyait sur l’esplanade, picotant nos tibias nus. Nous perçûmes le bourdonnement étouffé du fort, pareil aux bruits de fond d’un orgue hydraulique à la mise en route couinante : martèlements métalliques, fracas de roues de charrettes, claquement des épieux de bois qui s’entrechoquaient pendant que les soldats s’entraînaient à la lutte contre une souche d’arbre dressée, et le cri bref d’un centurion lançant des ordres, aussi rauque qu’un croassement de corbeau.
    — Nous ne serons nulle part plus tranquilles qu’ici. À présent, Justinus, dis-moi ce qui se passe dans le coin ? Parle-moi de Gracilis.
    — Il n’y a pas grand-chose à raconter. Il est introuvable.
    — Est-il malade ? En permission ?
    — Dans ce cas, c’est extrêmement impoli de sa part de ne pas en informer son collègue gradé résidant dans le même fort.
    — L’impolitesse ne date pas d’aujourd’hui !
    — Exact. Ce qui a mis la puce à l’oreille de la Première, c’est que même la femme de Gracilis, qui réside ici avec lui, n’a pas l’air de savoir où il est. Elle a demandé à la femme de mon légat s’il y avait des manœuvres secrètes en cours.
    — Et il y en a ?
    — Tu plaisantes, Falco ! Nous avons déjà bien assez d’opérations en cours sans nous mettre en plus à jouer les stratèges ou à monter des camps d’entraînement.
    Je m’arrêtai un instant et le contemplai. Il venait de s’exprimer avec une flambée d’autorité. Lors de notre dernière rencontre, il occupait un poste de tribun angusticlave, c’est-à-dire subalterne, mais il portait à présent la large bande

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