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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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puis les tua dans un coin où personne ne serait susceptible de connaître leur identité.
    — Mais pourquoi ? insista le potier. Nous sommes toujours aussi nombreux ici.
    — Voyons, Mordanticus, au nom du mobile le plus ancien qui soit ! Tuer deux de vos collègues… ou mieux encore, les faire disparaître à tout jamais… cela va intimider les autres.
    — Aucun risque ! s’écria Mordanticus d’un air décidé. Pas question pour nous de céder, ni de les laisser s’en tirer comme ça !
    — Tu ne manques pas de trempe, mais je te préviens : il s’en trouvera qui vont bientôt trembler à l’idée d’user de violence. N’oublie pas que certains potiers ont une épouse qui ne tient pas à se retrouver veuve. Des potiers inquiets de ce qu’il adviendrait de leur nombreuse famille pour peu qu’eux-mêmes, et du même coup le gagne-pain du foyer, vienne à disparaître. Des potiers qui estiment tout bonnement qu’il y a mieux à faire de sa vie qu’entretenir une longue guérilla qu’ils risquent de ne jamais remporter.
    — C’est criminel ! ragea Helena. Rome ne devrait même pas donner l’impression de cautionner des méthodes de cet acabit. Le légat devrait se faire un devoir d’afficher son désaccord en écartant complètement Lugdunum, pour ensuite gratifier Moguntiacum de tous les contrats possibles !
    Sa spontanéité me fit sourire.
    — À en croire ce que j’ai entendu à propos de Florius Gracilis, ce n’est pas la peine de compter sur lui pour hausser le niveau de la morale. D’après ce que je sais, il est tenaillé par les soucis d’argent.
    — Tu veux dire qu’il reçoit des pots-de-vin ?
    Les efforts déployés par les parents d’Helena pour lui assurer une existence protégée avaient partiellement porté leurs fruits. Mais depuis notre rencontre, elle en avait assez appris pour qu’aucune hypothèse ne l’étonne plus.
    — Gracilis est-il corrompu, Falco ?
    — Cela constituerait une accusation grave. Je ne suis pas en train de la formuler. (Pas pour l’heure, en tout cas. Je m’adressai alors au potier :) Je travaille pour l’empereur, Julius Mordanticus. Tes problèmes ne devraient pas me concerner, mais il se peut qu’ils recoupent en partie l’objet de ma visite dans la région.
    — Qui est ? releva-t-il, intrigué.
    Je ne vis aucune raison de lui dissimuler la vérité.
    — Principalement d’établir un contact avec Civilis. On ignore pour le moment où il se trouve, mais je crois possible que le légat soit parti à sa recherche. D’un autre côté, Gracilis peut tout aussi bien être parti trouver Veleda, la prophétesse des Bructères.
    — S’il a franchi le fleuve, c’est un idiot !
    Mordanticus me regarda comme si le simple fait que je sous-entende une chose pareille était folie de ma part.
    — Ne dis pas ça. Il se peut que j’aie bientôt à le faire moi-même.
    — Eh bien ! tu te prépares des ennuis. Quant à Gracilis, je dirais que pour lui, c’est la mort assurée.
    — Peut-être voyage-t-il incognito.
    — Un agent officiel de Rome n’aspire qu’à être repéré. Mais cela a-t-il un quelconque rapport avec les contrats de fournitures militaires ? poursuivit Mordanticus sans détours.
    — Non, il n’est question que de gloriole politique pour Florius Gracilis. Mais ça signifie que toi et moi avons un intérêt commun. Je n’aime pas faire des promesses, mais s’il m’arrive un jour de tomber sur le légat, je trouverai sûrement une occasion de débattre de votre problème de contrat, et il se pourrait que je m’amuse à lui faire croire que je parle au nom de Vespasien.
    Sans que je sache très bien pourquoi, le nom de l’empereur fit impression. Dans une ville capable de vouer une colonne à Néron, j’aurais pu m’y attendre. Mordanticus eut l’air aussi reconnaissant que si j’étais personnellement en train de signer son précieux contrat de poteries. Je repris :
    — Peux-tu m’aider à organiser une rencontre, Mordanticus ? Es-tu au coiffant de quoi que ce soit concernant les déplacements du légat ces derniers temps, ou même de l’endroit où je pourrais trouver Julius Civilis lui-même ?
    Le potier hocha négativement la tête, mais promit de se renseigner. Il semblait encore abasourdi. Nous le laissâmes annoncer la nouvelle du sort advenu à ses deux collègues. Je ne lui enviais pas le privilège. Il m’avait dit que deux familles et des enfants en bas âge étaient concernées.

33
    J’emmenai Helena

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