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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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prenaient dans ses propres cils. Ce qui, ma foi, fournit une occasion de faire halte pour que je puisse lui prêter mon aide.
    Le quartier des potiers de Moguntiacum n’était pas aussi grand que le vaste complexe que Xanthus et moi avions visité à Lugdunum. Certains signes révélaient indubitablement que l’industrie germaine luttait pour égaler les rivaux de Gaule, qui jouissaient, eux, du soutien de la fabrique-mère d’Arretium, laquelle leur apportait un surcroît de soutien politique. Ici en revanche, les artisans n’étaient pas aidés. Les produits exposés étaient d’aussi bonne qualité, mais les potiers semblèrent surpris de voir surgir des clients. D’ailleurs le plus grand des ateliers était fermé et barricadé de planches.
    Nous en trouvâmes un autre, tout proche et ouvert. Le propriétaire en était un certain Julius Mordanticus. Quantité de Celtes des provinces adoptent des noms aristocratiques tels que Julius ou Claudius. Après tout, quand on tâche de s’élever en société, pourquoi choisir de s’appeler comme n’importe quel artisan de peu ? Il n’y a guère de barbares deuxième génération appartenant aux tribus romanisées où que ce soit dans l’Empire qui portent le nom de Didius, à l’exception d’un ou deux gamins dont les mères extrêmement jolies vivent en des villes où mon frère aîné Festus est jadis passé.
    Helena ne tarda pas à acheter un plat splendide pour ma mère… à un prix qui ne me fit que légèrement regimber, qui plus est. Elle lia ensuite amitié avec le potier, expliqua qu’elle était venue voir son frère le tribun, et orienta bientôt la conversation vers les légions en général. Elle était raffinée, gracieuse… et captivée par la profession de son interlocuteur. Le potier, lui, la trouva merveilleuse. Moi aussi, mais je réprimai mon impression. Une fois que j’eus payé le plat, je m’adossai contre un mur, me sentant de trop.
    — J’imagine que vous devez vendre beaucoup au fort, lança Helena.
    — Pas autant qu’on le souhaiterait, par les temps qui courent !
    Le potier était un petit homme au visage large et pâle. En parlant, il bougeait à peine les muscles de la bouche, ce qui lui donnait une physionomie figée, mais il avait le regard intelligent. La réponse qu’il venait de faire à Helena était motivée par une colère réprimée : son tempérament naturel semblait plus mesuré. Il n’avait pas envie de s’appesantir au sujet de l’armée.
    Je me traînai un peu plus loin pendant qu’Helena continuait à bavarder.
    — Je ne savais pas qu’il se faisait des poteries de Samos en Germanie, je l’avoue. La pratique de votre artisanat se limite-t-elle à Moguntiacum, ou bien va-t-elle plus loin, chez les Trévires ?
    — Toute la région qui s’étend entre Augusta Treverorum et le fleuve produit des poteries de Samos.
    — Tu dois bien gagner ta vie ? demanda-t-elle.
    — Il y a une baisse ces derniers temps.
    — En effet, nous regardions l’échoppe de ton collègue… celle qui est barricadée, qui appartient à Julius Bruccius. C’est une fermeture due à la crise, ou le propriétaire est parti en vacances d’automne ?
    — Bruccius ? Voyage d’affaires.
    L’homme se rembrunit un instant. Un pressentiment me vint au moment où je lançais :
    — Il ne serait pas parti pour Lugdunum, par hasard ?
    Helena Justina se retrancha aussitôt de la conversation et se rencogna dans un silence tranquille. Le potier avait remarqué mon ton, lui aussi.
    — Je suis passé par Lugdunum pour venir en Germanie, expliquai-je d’un ton égal. (Je respirai lentement, comprimant les lèvres.) Bruccius ne serait-il pas un type costaud dans la quarantaine, qui voyage avec un compagnon plus jeune à cheveux roux et quantité de verrues ?
    — C’est son neveu. On dirait bien que vous les avez vus quelque part en route.
    Julius Mordanticus semblait déjà inquiet. Le retard de ses amis devait l’avoir préparé à de mauvaises nouvelles, mais peut-être pas aussi mauvaises que celle-ci. Je fus bref. Quand je mentionnai la dispute à laquelle j’avais assisté à Lugdunum, puis la façon dont j’avais plus tard retrouvé les deux corps, il poussa un cri de protestation et plongea le visage entre ses mains.
    Helena lui apporta un fauteuil en rotin. Nous le fîmes asseoir puis je restai à ses côtés, une main sur son épaule, pendant qu’il luttait pour accepter la nouvelle que je venais de lui annoncer.

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