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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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entre autres choses, un constant soutien de la part de son
oncle ; sa survie même dépendait encore beaucoup trop des réserves que lui
envoyait régulièrement son parent. En vérité, la majeure partie du problème
résidait dans le baron lui-même, dans sa soif inextinguible de conquête. S’il
avait été disposé à construire lentement, à exploiter la terre et à faire venir
des colons, le comte Falkes ne doutait pas que l’Elfael et les territoires
occidentaux auraient fini par produire des richesses indicibles. Mais le baron
n’était pas disposé à attendre et Falkes devait porter le poids de l’impatience
de son oncle – juste au moment où il devait endurer l’ombrage de l’abbé,
dont les voies dépensières pourraient bien tous les ruiner.
    Falkes pénétra dans l’église. Fraîche et sombre à
l’intérieur, elle dégageait un air de douce sérénité en dépit du cliquetis des
ciseaux sur la pierre. Il resta un moment immobile à regarder les deux maçons
sur l’échafaudage de bois qui habillait les chapiteaux d’une des colonnes. L’un
d’eux sculptait ce qui ressemblait à un ours, l’autre à un oiseau.
    « Vous là-bas ! leur cria Falkes, sa forte voix
résonnant dans la tranquillité du sanctuaire. Comment vous
appelez-vous ? »
    Les maçons arrêtèrent leur travail et se tournèrent pour
regarder le comte, qui avançait à grands pas vers le centre de la nef.
« Moi, sire ? Je m’appelle Ethelric.
    — Qu’est-ce donc que vous sculptez, Ethelric ?
    — Un corbeau, sire, répondit le sculpteur en désignant
la branche feuillue qui sortait du visage sculpté dans le haut de la colonne.
Vous pouvez le voir grâce au bec, sire.
    — Enlevez-le.
    — Sire ? » Le front du maçon était ridé de
perplexité.
    « Enlevez-le immédiatement. Je ne veux pas voir de
telles images dans cette église. »
    Le deuxième tailleur de pierres parla du haut de
l’échafaudage. « Je vous demande pardon, sire, mais l’abbé a approuvé tout
le travail que nous faisons ici.
    — Je me moque que le roi lui-même l’ait approuvé. C’est
moi qui paie tout cela, et je n’en veux pas. Enlevez cette chose hideuse immédiatement.
    — Vous voilà, comte Falkes ! » s’exclama
l’abbé Hugo en remontant la nef pour le rejoindre. Ses cheveux blancs étaient
frisés avec soin sous sa belle calotte, et le satin blanc de sa robe
scintillait. « Quand j’ai vu votre cheval dehors, je me suis demandé où
vous étiez passé. » Après avoir jeté un coup d’œil aux deux tailleurs sur
l’échafaudage et leur avoir fait signe de se remettre au travail, il prit le
comte par le bras et lui fit descendre l’allée centrale. « Laissons ces
hommes continuer leur travail, n’est-ce pas ?
    — Mais voyez ceci, protesta le comte.
    — Venez, il y a quelque chose que je veux vous montrer,
dit l’abbé en bondissant en avant. Le travail avance bien. Nous avons encore
des années de construction devant nous, évidemment, mais le bâtiment sera
bientôt utilisable. J’envisage d’organiser la cérémonie de consécration à la
veille de la fête des Morts. Qu’en pensez-vous ?
    — Pourquoi pas, convint Falkes timidement, mais le
baron de Braose ne pourra probablement pas y assister. Mais regardez, là, cette
sculpture…»
    L’abbé ouvrit la porte et sortit. « Et pour quelle
raison ? » demanda-t-il en se retournant. Il passa son bras sous
celui du comte et l’emmena jusqu’à la grand-place. « J’aimerais beaucoup
que le baron y assiste. En fait, j’insiste. Il doit voir ce que nous avons
accompli ici. C’est son triomphe autant que le mien. Il doit être présent.
    — Je suis d’accord, bien entendu. Cependant, le baron
est parti en France et nous ne l’attendons pas avant Noël.
    — Dommage, dit l’abbé avec une
grimace pas trop éperdue. Alors, nous l’attendrons, tout simplement. Cela nous
donnera le temps de finir davantage de corbeaux [3] et de chapiteaux.
    — C’est ce dont j’aurais voulu vous parler,
Monseigneur. » Falkes commença alors à lui expliquer que sa trésorerie
était tout sauf infinie et qu’il n’aurait bientôt plus assez pour payer les
ouvriers. « J’ai envoyé une lettre au baron – et ceci, comme tout le
reste, devra attendre son retour de France. »
    L’abbé Hugo s’arrêta net. « Que suis-je censé faire
jusque-là ? On doit payer les hommes. Ils ne peuvent pas attendre jusqu’à
Noël. Le travail doit

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