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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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Comme le shérif
ne répondait pas, il adopta un ton cajolant. « Allons, de Glanville, les
coquins n’oseront jamais mettre les pieds en ville.
    — Je m’incline devant votre sagesse supérieure,
seigneur marshal, répondit-il d’une voix mielleuse. Pour ma part, j’ai du mal à
oublier qu’il y a un peu moins de deux semaines, nous avons perdu une compagnie
entière de bons soldats face à ces hors-la-loi. »
    Guy fronça les sourcils. « Je ne l’ai pas oublié non
plus, shérif, dit-il avec raideur. C’est seulement que je ne gagnerais rien à
me complaire dans les regrets. D’un autre côté, ajouta-t-il en prenant une
autre gorgée de vin, si c’était mon plan qui avait échoué si complètement,
peut-être me lamenterais-je moi aussi.
    —  Bâtard*, marmonna de Glanville. Vous êtes fin
soûl. » Il foudroya le marshal du regard, puis le sergent. « Vous
avez jusqu’au coucher du soleil pour dessoûler. Quand ce sera fait, j’attends
des excuses. » Le shérif se leva, tourna les talons et sortit à grands pas
de la pièce.
    Le marshal Guy articula un juron silencieux et se resservit
à boire. « Il n’y avait qu’un seul bâtard* dans cette pièce,
Jeremias, marmonna-t-il, et il est parti maintenant, Dieu merci.
    — J’avais comme l’impression que quelque chose puait
ici », fit remarquer le sergent Jeremias, et tous deux éclatèrent de rire.
    En vérité, cependant, le shérif avait raison : ils
étaient complètement soûls. Ils avaient bu presque toutes les nuits depuis
l’aventure désastreuse de Noël. Tout comme le reste de la troupe privée de
l’abbé, ils avaient voulu oublier l’horreur de cette épouvantable nuit en se
noyant dans le vin. Hélas, c’était un effort vain, car à l’aube les morts
revenaient les hanter.
    Alors qu’il sortait du corps de garde, la cloche sonna pour
annoncer le début de la messe. Le shérif traversa la cour jusqu’à l’église,
poussa la porte et pénétra dans l’obscurité sombre et humide du sanctuaire.
Quelques bougies à moitié brûlées oscillaient au mur, et une brume glaciale
s’étalait sur les pierres glissantes à ses pieds. De Glanville descendit l’allée
centrale et alla prendre place devant l’autel, avec les quelques fidèles
présents. Ainsi qu’il s’y était attendu, un des moines célébrait le service
saint d’une voix ronronnante dans le silence caverneux de l’église presque
vide ; l’abbé n’était visible nulle part.
    Il attendit que la messe s’achemine tranquillement vers son
terme. Puis, avec la bénédiction du prêtre résonnant dans ses oreilles, il
quitta l’église, calme et aimablement disposé envers le monde. Il y avait plus
de monde maintenant. Quelques marchands dressaient leurs étals et des
villageois portaient du bois pour le feu de joie qui serait allumé au centre de
la place. Il resta là un moment, à regarder la ville s’animer, puis leva les
yeux au ciel. Le soleil brillait, mais des nuages sombres se formaient à
l’ouest.
    Il n’y pouvait rien, aussi repartit-il en hâte, s’arrêtant
de temps à autre pour recevoir les salutations respectueuses des citadins
tandis qu’il progressait à travers l’étendue boueuse, ou pour considérer
quelque éventaire le long de son chemin. Il lui fallait se procurer quelques
provisions en prévision de sa propre nuit de l’Épiphanie. Bizarre : il
avait toujours voracement faim après une exécution publique.
    Il passa le reste de la matinée à revoir les préparatifs
avec ses hommes. Il n’y en avait plus que quatre à présent – les autres
avaient été tués durant l’attaque – et de Glanville s’inquiétait de voir
les survivants sombrer dans la mélancolie. Ils avaient été pris au dépourvu
dans la forêt, ce pour quoi le shérif avait été blâmé ; il n’avait pas
anticipé la promptitude avec laquelle les hors-la-loi avaient frappé, ni la
puissance dévastatrice de leurs armes primitives. Les exécutions de ce soir
apporteraient quelque réparation, il n’en doutait pas, et dissiperait un peu de
la douleur lancinante liée à leur défaite.
    Quand il eut décidé que tout était en ordre, le shérif
revint à ses quartiers prendre un repas et faire un petit somme. Il mangea et
dormit bien, se réveillant en fin de journée pour constater que le soleil avait
commencé sa descente à l’ouest et que la tempête avançait rapidement sur eux.
Ce serait une Épiphanie enneigée. Il attacha sa

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