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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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cour vivant.
    Quand il eut fini de nourrir le faucon, il le replaça sur
son perchoir et, après avoir enfilé ses bottes de cheval, jeta une cape sur ses
épaules et alla rendre visite à ses prisonniers. Bien que l’odeur de la fosse
fût depuis longtemps écœurante, il persistait à accomplir ce rituel quotidien.
Il voulait s’assurer que les pauvres diables se rappellent qui tenait leur vie
entre ses mains. Mais les visites avaient un autre but, plus pragmatique. Si, à
mesure que s’approchait le jour de leur exécution, l’un des prisonniers se
souvenait subitement de l’endroit où se terrait le hors-la-loi connu sous le
nom de Roi Corbeau, le shérif de Glanville voulait être là pour l’entendre.
    Il se hâta de traverser la cour presque vide. Il était
encore tôt, et peu de gens accueilleraient l’aube venteuse. De Glanville
pénétra dans le corps de garde et marqua une pause à l’entrée de la prison
souterraine où, après avoir réveillé le gardien assoupi, il versa un peu d’eau
sur l’ourlet de sa cape et l’appliqua sur son nez. Puis il descendit les
quelques marches et s’engagea dans le couloir étroit, ne s’arrêtant que pour
vérifier que personne n’était mort dans l’une ou l’autre des deux petites
cellules devant lesquelles il devait passer. La plus grande des trois se
trouvait au bout, et bien qu’elle ait été construite pour accueillir une
douzaine d’hommes, elle en contenait à présent plus de trente. Il n’y avait pas
assez de place pour dormir allongé, aussi les prisonniers se relayaient par
terre à tour de rôle jour et nuit ; certains, disait-on, avaient appris à
dormir debout, comme les chevaux.
    Dès qu’il aperçut le shérif, un des prisonniers gallois
poussa un cri et commença à faire du tapage. Chacun se mit à crier qu’on le
libère. Debout dans le couloir froid et humide, le bord de sa cape contre le
visage, le shérif attendit patiemment que les huées se calment. Quand le
brouhaha eut diminué – il durait de moins en moins longtemps chaque
jour –, le shérif s’adressa à eux en utilisant les quelques mots de
gallois qu’il connaissait.
    «  Rhi Bran y Hud, articula-t-il lentement pour
qu’ils le comprennent. Qui le connaît ? Dites-le-moi et vous serez
libres. »
    C’était le même petit discours chaque jour, et chaque fois
il produisait le même résultat : un silence tendu et plein de
ressentiment. Quand le shérif fut fatigué d’attendre, il repartit sous un chœur
renouvelé de cris et de gémissements dès qu’il eut le dos tourné.
    C’était une bande d’entêtés, mais de Glanville pensait
percevoir une certaine usure dans leur détermination. Bientôt, pensait-il, un
des prisonniers ferait bande à part et lui dirait ce qu’il voulait savoir. Et
après quelques pendaisons, les autres auraient de plus en plus de mal à tenir
leur langue.
    C’était, pensait-il, une simple question de temps.
    Le shérif se moquait éperdument de récupérer les
marchandises volées de l’abbé Hugo, en dépit de l’insistance de ce dernier
quant à l’importance de la lettre. C’était capturer le Roi Corbeau qu’il
voulait, rien d’autre ne le satisferait.
    Après sa visite matinale à la prison, le shérif retourna au
corps de garde rendre visite aux soldats et vérifier avec le marshal que tout
était prêt pour les exécutions. C’était l’Épiphanie, et en ce jour de fête la
ville s’animerait des bruits du commerce et de la célébration. De Glanville ne
s’était pas élevé à cette position en laissant des détails au hasard.
    Il trouva Guy de Gysburne occupé à boire du vin avec son
sergent. « De Glanville ! » l’appela Guy alors que le shérif
pénétrait sans se presser dans le corps de garde. Un petit feu brûlait dans le
foyer, et plusieurs soldats à moitié endormis se prélassaient sur les bancs où
ils avaient passé la nuit. Des coupes vides garnissaient la table et le
plancher. «  Santé à vous, shérif !* lui cria Gysburne en
levant sa coupe. Joignez-vous à nous ! »
    Tandis que le shérif prenait place sur le banc, le marshal
versa du vin dans une coupe vide et la colla dans les mains de De Glanville.
Ils burent ensemble, et le shérif reposa sa coupe après une seule gorgée.
« J’espère que vous et vos hommes serez en état de vous battre
aujourd’hui.
    — Mais bien évidemment, répondit négligemment Guy. Vous
ne pensez quand même pas qu’il y aura du vilain ? »

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