Will
pour
laquelle la punition est la mort. »
Le shérif considéra le ciel. Des rafales de vent apportaient
les premières gouttes de pluie. Il jeta un dernier coup d’œil à la place –
au feu de joie, aux flambeaux, aux soldats armés et prêts à intervenir, à la
foule rassemblée devant lui. Il se surprit à se demander ce qu’étaient devenus
ces marchands arrivés sur le tard, qui semblaient avoir disparu. Finalement,
satisfait de voir que tout se passait comme prévu, de Glanville donna l’ordre
de procéder aux exécutions. Marchant au bord de l’estrade, il tourna son regard
vers les victimes serviles. Personne n’osait lever la tête, de peur d’être
désigné.
Il leva une main et désigna un vieil homme qui frissonnait
sous sa chemise légère. Deux soldats l’empoignèrent et, tandis qu’ils
enlevaient les fers du pauvre diable, le doigt du shérif vint se poser sur un
autre de ses compagnons. « Lui aussi. »
La victime, abasourdie d’avoir elle aussi été choisie,
poussa un cri et commença à se battre avec les soldats qui lui ôtaient ses
chaînes. L’homme fut bientôt soumis et traîné jusqu’à l’estrade.
Un de plus. Parmi les prisonniers les plus jeunes, de
Glanville choisit un garçon d’une dizaine d’années. « Emmenez-le. »
Hébété par sa captivité, le jeune homme était trop abruti pour se battre, mais
certains de ses voisins commencèrent à supplier qu’on les prenne à sa place.
Les soldats, qui ne parlaient pas gallois et ne s’en souciaient guère de toute
façon, ignorèrent leurs protestations désespérées.
L’excitation gagna la foule au moment où les captifs furent
tirés sur l’estrade : les spectateurs se rendirent compte qu’ils allaient
assister à trois pendaisons cette nuit.
Les cordes furent produites, et leur extrémité serpenta
par-dessus le bras solide du gibet ; on passa les nœuds coulants autour du
cou des trois Cymry – un vieux, un jeune et le dernier dans la fleur de
l’âge –, dont le seul véritable crime devant Dieu avait été d’être
capturés par les Normands.
Comme on serrait les nœuds coulants, un cri s’éleva de la
foule. « Attendez ! Arrêtez l’exécution ! »
Tous ceux qui se trouvaient dans la cour, Ffreincs comme
Gallois, entendirent le cri en latin sacerdotal. Se retournant vers le
brouhaha, ils virent une compagnie de moines en robes gris terne se frayer un
chemin dans la foule jusqu’au gibet. « Arrêtez-vous ! Libérez ces
hommes ! »
Le shérif, son intérêt piqué au vif, cria à la foule de les
laisser passer. « Vous osez interrompre l’exécution de la loi ? leur
demanda-t-il tandis qu’ils venaient à sa rencontre. Qui êtes-vous ?
— Je suis monseigneur Daffyd de Saint-Dyfrig, près de
Glascwm ! lui répondit-il d’une voix sonore. Et j’ai apporté la rançon
exigée. »
Le shérif lança un coup d’œil rapide à l’abbé Hugo, dont le
visage grassouillet, pour une fois, affichait la surprise. Au sol, le comte
Falkes se frayait un chemin en direction des nouveaux arrivants. « Où
est-ce ? Montrez-nous.
— C’est ici, mon seigneur, dit Daffyd, le visage
luisant de sueur après sa course éperdue jusqu’à la ville. Jésus soit loué,
nous sommes arrivés à temps. » Il se tourna vers un des prêtres derrière
lui et prit une petite boîte en bois qu’il tendit au comte. « À
l’intérieur de ce coffret, vous trouverez les articles qui vous ont été volés.
— Là ! Là ! s’écria l’abbé Hugo. Faites
place ! » Il se fraya un chemin à travers la foule jusqu’au comte.
« Laissez-moi regarder ça. »
Il subtilisa le coffre des mains du comte, en ouvrit le
couvercle et scruta l’intérieur. « Dieu du Ciel ! » haleta-t-il
en retirant ses gants. Il sortit le sac de cuir et, après avoir collé le
coffret dans les mains du comte et s’être débarrassé des ficelles qui
l’entouraient, l’ouvrit et secoua le lourd anneau d’or dans sa main. « Je
n’y crois pas.
— L’anneau ! s’exclama le comte, qui leva aussitôt
les yeux. Où l’avez-vous eu ?
— Ce sont bien les objets qui ont été volés lors de
l’embuscade en forêt à la veille de Noël, n’est-ce pas ? s’enquit Daffyd.
— En effet, confirma le comte Falkes. Je vous le
demande une fois encore, où les avez-vous eus ?
— Dieu et toute l’assemblée des cieux m’en soient
témoins, quand je me suis rendu à la chapelle pour les prières
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