Will
du matin, la
boîte était sur l’autel. Quant à savoir quand elle y a été déposée, personne ne
le sait. Nous n’avons vu personne. » Puis, de la main, l’abbé gallois
désigna le gibet. « Étant donné que les marchandises ont été restituées,
je demande la libération de tous les prisonniers. »
Il répéta sa demande en gaélique à l’intention des Cymry qui
rôdaient à la lisière de la foule ; ce qui déclencha des acclamations
parmi ceux qui étaient assez braves pour prendre le risque d’être repérés par
le comte et le shérif.
Toujours occupé à examiner le contenu de la boîte, l’abbé
Hugo en sortit le parchemin soigneusement plié. « La voilà – la lettre,
dit-il en la tenant de manière à la voir dans la lueur des flambeaux. Elle est
encore cachetée. » Puis, se tournant vers le comte : « Tout est
là – tout.
— Excellent, répondit Falkes. Merci à vous,
Monseigneur. Nous allons libérer les prisonniers.
— Pas si vite, mon seigneur, dit Hugo. Je crois qu’il
reste encore des questions sans réponses. » Il se tourna vers l’abbé
gallois avec une sauvagerie soudaine. « Qui vous a donné ces choses ?
Qui protégez-vous ?
— Monseigneur, commença Daffyd, un peu interloqué par
sa brusquerie. Je ne cro…
— Allons, vous n’espérez pas nous faire croire que vous
ne savez rien de cette affaire ? J’exige une pleine explication et, par le
ciel, je l’aurai, sans quoi ces hommes seront pendus. »
Daffyd, à présent indigné, bomba la poitrine. « Votre
insinuation me déplaît fortement. J’ai agi de bonne foi, pensant que la boîte
m’avait été donnée pour que j’obtienne la libération des condamnés –
condamnés, ajouterais-je, pour des crimes qu’ils n’ont pas commis. Il semble
que votre menace soit venue aux oreilles de ceux qui ont volé ces objets et
qu’ils se soient arrangés pour laisser la boîte là où on pourrait la trouver,
de sorte que j’agisse précisément comme je l’ai fait. »
L’abbé le foudroya du regard, peu disposé à en croire un
mot. Le comte Falkes, quant à lui, semblait presque soulagé. « Pour ma
part, je crois que vous avez agi de bonne foi, Monseigneur. » Se tournant
vers le gibet que chacun regardait, hors d’haleine, il s’écria : « Relâchez
les prisonniers !* »
Le marshal Guy se tourna vers le geôlier et lui transmit
l’ordre de libérer les prisonniers. Comme Gulbert s’apprêtait à ouvrir les
fers, le shérif de Glanville se précipita au bord de l’estrade.
« Qu’est-ce que vous faites ?
— Je les laisse partir, répondit Gysburne. Les biens
volés ont été rendus. Le comte a ordonné leur libération. » Il gratifia de
Glanville d’un sourire acerbe. « On dirait bien que votre petite diversion
a échoué.
— Oh, vraiment ? » Sa voix regorgeait de
venin. « Ces coquins ont peut-être réussi à rouler le comte et l’abbé,
mais certainement pas moi. Ces trois-là seront pendus comme prévu.
— Je ne…
— Non ? C’est la différence entre vous et moi,
Gysburne. Moi si. » Il se retourna et cria à ses hommes :
« Procédez à la pendaison !
— Vous êtes fou, grogna le marshal. Vous tuez ces
hommes sans raison.
— Le meurtre de mes soldats dans la forêt est une
raison bien suffisante à mes yeux. Ces barbares vont apprendre à craindre la
justice royale.
— Ce n’est pas de la justice, s’exclama Guy, c’est de
la vengeance. Ce qui est arrivé dans la forêt était votre faute, et ces hommes
n’y sont pour rien. Où est la justice dans tout cela ? »
Le shérif fit un signe au bourreau, qui, avec l’aide de
trois autres soldats, entreprit de tirer la corde attachée au cou du vieil homme.
Un son d’étouffement étranglé s’éleva alors, tandis que les pieds du captif âgé
quittaient les planches grossières de la plate-forme.
« C’est la seule loi que ces brutes bretonnes
comprennent, marshal, fit remarquer le shérif en se tournant pour regarder
l’homme se balancer en donnant des coups de pied dans le vide. Ils ne peuvent
pas protéger leur roi rebelle et en plus nous faire un pied de nez. Je ne me
laisserai pas mener en bateau. »
Il parlait encore quand une flèche fendit l’air au-dessus de
son épaule pour aller frapper le bourreau, lequel décolla du sol et tomba de
l’estrade. Deux nouveaux projectiles suivirent aussitôt, si rapides qu’ils ne
parurent qu’un, et deux des trois
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