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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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soldats qui tiraient sur la corde
rejoignirent le bourreau au sol. Le troisième soldat se retrouva soudain seul
sur l’échafaud. Incapable de supporter le poids du prisonnier gigotant, il
relâcha sa prise. Le vieil homme s’éloigna tant bien que mal et le soldat leva
les mains en l’air pour bien montrer qu’il ne constituait plus une menace.
    Le visage déformé par un rictus de rage, le shérif pivota
sur lui-même pour scruter la foule à la recherche des attaquants, alors qu’un
calme irréel s’étendait sur le peuple ahuri. Personne ne bougeait.
    L’espace d’un instant, les seuls sons audibles furent les
craquements du feu de joie et le bruissement des flambeaux. Puis, dans ce
silence pesant, un cri épouvantable, à vous faire grincer les dents et vous
écorcher les oreilles, s’éleva soudain – comme si tous les démons de
l’enfer tourmentaient une âme condamnée. Le son semblait comme suspendu dans la
froideur de l’air nocturne ; et comme si le cri affreux l’avait glacée, la
pluie, qui tombait irrégulièrement jusque-là, se transforma en neige.
    De Glanville surprit un mouvement dans les ténèbres derrière
l’église. « Là-bas ! s’écria-t-il. Ils s’enfuient !
Capturez-les ! »
    Le marshal Gysburne tira son épée et la brandit. Il cria à
ses hommes de le suivre et entreprit de se frayer un chemin à travers la foule
en direction de l’église. Ils avaient presque atteint le feu de joie quand, de
son centre flamboyant – comme craché par la chaleur rougeoyante du feu
lui-même –, surgit le fantôme aux plumes noires : le Roi Corbeau.
    Un seul regard sur cette tête sombre, pareille à un crâne
avec une haute crête de plumes et un bec cruel invraisemblablement long, et les
Cymry se mirent à crier : « Rhi Bran ! »
    Les soldats s’immobilisèrent. La créature, qui venait
d’étendre ses ailes, leva son bec noir en direction du ciel et poussa un
terrible hurlement qui parut faire trembler la terre elle-même.
    Une flèche stria les airs depuis le rideau de flammes. Guy,
à l’avant de ses hommes, devina sa trajectoire et leva d’instinct son
bouclier ; le projectile claqua dessus avec la force d’un marteau de
maçon, cognant son rebord renforcé de fer contre son visage. Entaillé du nez à
la joue, il s’écroula à terre.
    «  Rhi Bran y Hud ! s’écrièrent les Cymry,
leurs visages pleins d’espoir dans la lumière vacillante du feu de joie de
l’Épiphanie. Rhi Bran y Hud !
    — Tuez-le ! Tuez-le ! hurla le shérif. Ne le
laissez pas s’enfuir ! Tuez-le ! »
    Le cri était encore suspendu dans les airs quand deux
flèches surgirent des flammes en direction du shérif, aux commandes de la
plate-forme du gibet comme s’il s’était agi du pont d’un navire dont il eût été
le capitaine. L’une d’elles alla directement s’enfoncer dans le gibet ;
l’autre cueillit de Glanville en haut de l’épaule alors qu’il plongeait pour
abandonner son poste.
    Soudain, l’air devint vivant du chant des flèches. Elles
semblaient tomber partout en même temps, leur traînée floue presque invisible
dans la lumière vacillante. Sifflant dans l’air lourd de neige, chacune d’elle
toucha un soldat ffreinc. Trois nouveaux projectiles ignés jaillirent du feu de
joie. Au terme d’une courbe paresseuse dans l’obscurité, ils se fichèrent dans
le gibet, enflammant la plate-forme à présent vide.
    Paralysé par la vue du fantôme, le comte Falkes regardait
les flèches vrombir autour de lui comme des guêpes furieuses. Il avait
tellement entendu de choses à propos de cette créature, des choses qu’il
mettait sur le compte de l’imagination fébrile d’esprits faibles et
superstitieux. Et pourtant elle était là – étrange, terrible, et, Dieu
leur vienne en aide, magnifique dans sa colère meurtrière.
    La dernière chose que Falkes de Braose vit fut le shérif de
Glanville, les yeux exorbités, en train d’empoigner la hampe de la flèche qui
lui avait transpercé l’épaule et sortait dans son dos. Titubant comme un
ivrogne, le shérif avançait tant bien que mal, dague en main, bien décidé à
atteindre le fantôme des bois.
    Le comte Falkes se tourna pour suivre le shérif et
l'éloigner du danger. Il ne fit que deux pas et héla de Glanville. Ses paroles
moururent en un râle écœurant lorsqu’une flèche le cueillit droit dans la poitrine
et le projeta sur le dos. Il sentit la boue humide et froide contre sa

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