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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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tête et
puis… plus rien.

CHAPITRE 29
    « Tu comprends, Odo, dis-je à mon scribe aussi borné
que consciencieux, nous n’avions pas projeté d’attaquer le shérif et ses
hommes – ils nous surpassaient largement en nombre, comme tu le
sais –, mais nous étions venus à la demande de l’abbé Daffyd lui prêter
main-forte en cas de nécessité.
    — Mais vous avez tué quatre hommes et en avez blessé
sept. Vous deviez bien savoir que ça finirait mal.
    — Bran s’attendait à ce que le shérif trahisse sa
parole, et il voulait être sur les lieux pour empêcher les exécutions si cela
arrivait. Et il s’est avéré qu’il avait raison. Donc si tu cherches quelqu’un à
blâmer pour le massacre de l’Épiphanie, ne regarde pas plus loin que la porte
de Richard de Glanville. »
    Odo l’admet sans autre forme de procès, et nous reprenons
notre lente danse vers mon propre rendez-vous avec le bourreau.
     
    Bran était en colère. Furieux. Je ne l’avais jamais vu si
enragé – pas même au cœur de la bataille. Au combat, un calme glacial
descendait sur lui. Avec des mouvements rapides, mais étudiés, il pliait la
branche de l’arc et envoyait flèche mortelle sur flèche mortelle mordre
profondément la chair ennemie. Il n’exultait pas ; il n’écumait pas. Mais
là ! C’était autre chose – une fureur noire, impénétrable l’avait
emporté, et il tremblait de tous ses membres tandis qu’il faisait les cent pas
autour du feu dans sa hutte, le visage déformé par un rictus de férocité. Telle
une bête terrible, monstrueuse, la colère l’avait complètement consumé.
    À le voir dans cet état, personne n’aurait reconnu l’homme
de la nuit précédente. Car alors que nous nous trouvions sur la grand-place
lors de la nuit de l’Épiphanie, et que nous avions compris que ce satané shérif
de Glanville allait pendre ces trois hommes malgré la restitution du trésor,
Bran s’était simplement tourné vers nous tandis que nous nous rassemblions et
avait dit d’une voix profonde : « À vos arcs. »
    Alors, calmement, il avait entrepris de détruire nos
ennemis.
    Comme je l’ai dit à Odo, cela ne nous a guère surpris de
voir l’infâme de Glanville trahir sa promesse. À dire vrai, nous nous y
attendions. C’était la raison pour laquelle nous avions chevauché jusqu’à la
ville depuis l’abbaye en devançant l’abbé Daffyd pour nous assurer que le
shérif libérerait bien les captifs dès que les marchandises volées auraient été
rendues. Je crois que chacun d’entre nous, dans un coin de son cœur, savait que
de Glanville montrerait son vrai visage en cette sinistre nuit.
    Maintenant que tout était fini, cependant, Bran avait cuit
dans son jus. Il se rongeait les mors et bouillonnait d’une colère noire.
« Cet homme est un boucher sans courage », a-t-il craché en faisant
les cent pas autour du foyer. Après avoir fui la ville, nous avions chevauché
toute la nuit pour atteindre Cél Craidd ; aucun de nous n’avait
dormi – comment l’aurions-nous pu ? Malgré l’épuisement qui nous
accablait, nous nous sommes assis autour du petit feu dansant et avons écouté
notre seigneur exprimer sa fureur.
    Depuis que j’avais rejoint le Grellon, j’avais surpris des
allusions aux colères noires, irraisonnées, qui s’emparaient parfois de notre
seigneur Bran. Mais je ne l’avais jamais vu de mes propres yeux… jusque-là.
    « Il faut mettre fin à ses agissements, a grondé Bran
en fracassant son poing contre sa cuisse à chaque mot. Et Dieu m’en est témoin,
c’est ce que nous ferons !
    — De Glanville n’avait aucune intention de tenir
parole, a fait remarquer Iwan. Il avait prévu depuis le début d’en tuer autant
que possible. Je voudrais le voir danser au bout de cette corde de cuir.
    — C’est peut-être trop tard pour cela », a dit
Tuck doucement. Comme tout le monde se tournait vers lui, il a bâillé à s’en
décrocher la mâchoire puis a poursuivi : « Peut-être est-il déjà
mort. Je n’ai pas rêvé, il a été touché, non ?
    — C’est vrai, ai-je affirmé. Je l’ai vu, moi aussi.
    — Il a peut-être pris une flèche, a concédé avec fureur
notre seigneur. Mais je n’aurai de cesse avant d’avoir vu sa tête sur une pique.
    — C’est une certitude, a insisté Tuck, je l’ai vu à
terre.
    — Il a peut-être été touché, mais le coup l’a-t-il
tué ? » Bran nous a lancé un regard noir, comme

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