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11 Septembre... 1973

11 Septembre... 1973

Titel: 11 Septembre... 1973 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Héctor Pavón
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les ondes de Radio Agricultura :
"Vu premièrement la crise sociale et morale très grave que traverse le
pays ; deuxièmement, l'incapacité du gouvernement à contrôler le chaos ;
troisièmement, l'accroissement constant des groupes paramilitaires formés par
les partis de l'Unité populaire, qui entraînent le peuple du Chili vers une guerre
civile inévitable, les forces armées chiliennes...". Le discours se
poursuit sur le registre de l'intimidation : "Premièrement, Monsieur le
président de la République doit remettre immédiatement sa haute charge aux
forces armées chiliennes. Deuxièmement, les forces armées chiliennes se sont
unies pour entreprendre la mission responsable de combattre pour libérer la
Patrie du marxisme et pour restaurer l'ordre légal et constitutionnel.
Troisièmement, les travailleurs du Chili doivent avoir l'assurance que les
conquêtes économiques et sociales qu'ils ont obtenues jusqu'à présent ne
subiront pas de modifications fondamentales. Quatrièmement, la presse, les
stations de radio et les chaînes de télévision doivent suspendre dès maintenant
leurs activités dans le domaine de l'information. Dans le cas contraire, elles
subiront un châtiment aérien et terrestre. Le peuple chilien doit rester chez
lui afin d'éviter qu'il n'y ait des victimes innocentes !".
    Allende réplique à ce pronunciamiento sur
Radio Magallanes. Il réaffirme qu'il ne s'en ira pas et qu'il continuera à
défendre la Constitution. Au même moment, la secrétaire du président, Miria
Contreras, surnommée La Payita, arrive au palais avec son fils Enrique
Ropert. Elle descend rapidement et s'engouffre dans la Moneda. En se
retournant, elle s'aperçoit qu'un groupe de policiers a arrêté son fils et
l'entraîne à l'écart. Allende exige qu'on libère Enrique Ropert, mais en vain. La
Payita ne reverra jamais son fils, qui fera partie des disparus de la
dictature.
    Radio Magallanes continue à appeler les Chiliens à
défendre leur gouvernement et à occuper les usines. Elle diffuse également les
chansons du groupe folklorique Quilapayun, qui proclame : "Le peuple uni
jamais ne sera vaincu". Et Allende n'est qu'un combattant de plus, qui
tire sans cesse à la mitraillette depuis les fenêtres du palais.
    Les putschistes multiplient les proclamations,
incitant le président à démissionner. Le commandant Roberto Sanchez, l'un des
derniers militaires présents à l'intérieur de la Moneda, transmet à Allende
l'offre de quitter le pays en avion. S'il refuse, l'armée menace de bombarder
le palais. Allende répond : "Dites à vos commandants en chef que je ne
m'en irai pas d'ici et que je ne me livrerai pas. S'ils veulent ma démission,
qu'ils viennent me la demander eux-mêmes, ici ! Qu'ils aient le courage de le
faire personnellement. Ils ne vont pas me faire sortir vivant, même s'ils
bombardent."
    "Allende avait une mitraillette à la main, a
raconté plus tard Roberto Sanchez. Il a visé son palais et il a déclaré :
"Je vais me suicider comme ça, parce que, moi, on ne me sortira pas vivant
d'ici". Il m'a regardé et il m'a dit : "Je vous remercie pour
l'offre, Commandant Sanchez, mais dites au général Leigh que je ne vais pas prendre
l'avion, ni quitter le pays, ni me rendre". Il était 10 heures du matin
environ".
    La défaite est déjà certaine. Tous les militaires
ont abandonné la Moneda et il ne reste plus que le président, accompagné de ses
proches, dont sa fille Beatriz, enceinte de sept mois, et du Groupe des amis
personnels. Ils ne sont plus qu'une quarantaine à entourer Allende, lorsqu'il
prononce son dernier discours, sur les ondes de Radio Magallanes :
    "Compatriotes,
    Il est possible que l'on fasse taire les radios et
je prends congé de vous. C'est peut-être ma dernière chance de pouvoir
m'adresser à vous. L'Aviation a bombardé les tours de Radio Portales et de
Radio Corporacion. Mes paroles ne recèlent pas d'amertume mais de la déception.
Elles seront un châtiment moral pour ceux qui ont trahi le serment qu'ils
avaient prêté : les soldats du Chili, les commandants en chef en titre,
l'amiral Merino, qui s'est promu lui-même, le général Mendoza, général scélérat
qui, hier encore, me manifestait sa solidarité et qui, aujourd'hui, vient de se
proclamer Directeur général de la police.
    Face à cette situation, je n'ai qu'une seule chose
à dire aux travailleurs : je ne démissionnerai pas ! Placé à un tournant
historique, je paierai de ma vie la

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