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11 Septembre... 1973

11 Septembre... 1973

Titel: 11 Septembre... 1973 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Héctor Pavón
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l'officier qui était dans la tourelle dire :
"Je vous demande l'autorisation, mon général, de passer le char sur ces
couillons !". En tournant la tête, j'ai vu le général Palacios, la main
gauche bandée, tenant un fusil à la main droite. Le char a bougé et a commencé
à mettre une chenille sur le trottoir...".
    Le char s'apprête à avancer. Mais à ce moment,
l'attention du général est attirée par des cris, comme en témoigne un autre
survivant, Luis Henríquez : "Depuis les bureaux du ministère des Travaux
publics, à quelques mètres de là, une femme a appelé le général Palacios par
son nom. Elle lui a demandé de l'aide pour évacuer les gens qui s'étaient
réfugiés dans le ministère pendant le bombardement. Des voix se sont élevées
autour de Palacios. Il a ordonné qu'on laisse sortir les gens du ministère. Et
nous avons continué de vivre...".
    La Payita est étendue sur le sol, elle aussi, lorsqu'un
homme lui demande son nom. Il s'agit de Jaime Puccio, le dentiste de la Moneda
et de l'Armée de Terre. Il l'a reconnue et il s'arrange pour la faire évacuer
en ambulance, la sauvant d'une mort certaine.
    À son arrivée à l'hôpital, La Payita est
accueillie par Alvaro Reyes, médecin traumatologue de l'Assistance publique :
"Marta, ma collaboratrice, qui était aussi ma femme, m'a informé qu'au
premier étage, aux Urgences, une personne avait besoin de me parler. Cette
personne s'était identifiée comme "La Payita". C'était
l'assistante de Salvador Allende. Je la connaissais. Je l'avais rencontrée
l'année précédente, quand j'étais allé à la Moneda pour soigner Allende. Le
président souffrait d'une foulure du ligament médial, raison pour laquelle je
lui avais immobilisé un genou. Descendu sur le champ, j'ai trouvé une femme
défaite, sale et en proie à une angoisse terrible. Elle m'a raconté qu'Augusto
Olivares, le conseiller du Président, s'était suicidé et qu'Allende était mort.
Patricio Guijón le lui avait dit. Je l'ai sortie des Urgences et je l'ai
inscrite en Traumatologie. J'ai mis n'importe quel nom sur le registre des
entrées. Je suis resté avec elle un bon moment, puis je lui ai pris une
radiographie du genou et je lui ai plâtré la jambe jusqu'à la ceinture. Quand
les militaires ont levé l'état de siège pendant trois heures pour laisser les
gens rentrer chez eux, nous avons envoyé La Payita dans une résidence où
vivait ma femme, à quelques pâtés de maisons de la Posta. Il y avait un
dortoir, une salle de bain et un téléphone. Un chauffeur et un collaborateur,
tous deux communistes, étaient les seuls à savoir qu'il s'agissait de La
Payita. Elle est restée plusieurs jours. Elle a pris des contacts, puis
elle a informé Marta qu'elle partait. Nous avons su par la suite qu'elle
s'était réfugiée à l'Ambassade de Cuba, qui était sous drapeau suédoise. [40] "
Pour avoir protégé La Payita, Reyes a passé onze mois en prison, où il a
été torturé.
    Après la chute du palais de la Moneda, l'une des
filles d'Allende, Isabel, parvient à s'enfuir en compagnie de sa soeur,
Beatriz, et d'une journaliste, Frida Modak. "Quand nous sommes sortis de
la Moneda, raconte-t-elle, nous étions six femmes. Outre Beatriz et moi, il y
avait Nancy Julien, l'épouse de Jaime Barrios, qui était resté avec mon père,
et les journalistes Frida Modak, Veronica Ahumada et Cecilia Tormo. Un
événement s'est produit, qui n'a duré qu'une minute, et Veronica et Cecilia
sont parties par un autre chemin (...). Arrivées à la rue Santa Lucía, nous
avons décidé de faire de l'auto-stop et de tenter notre chance avec les rares
voitures qui passaient. Nous étions convenues de dire que nous étions des
secrétaires apeurées. Une grande voiture s'est arrêtée et le conducteur nous a
invitées à monter sans poser de question (...). Quand nous sommes descendues,
j'ai senti le regard interloqué de Beatriz et de Frida. Je ne sais pas pourquoi
j'ai décidé de descendre là. Sans doute parce que je me suis souvenue qu'une
collègue de travail vivait dans ce quartier avec sa mère. Le conducteur de la
voiture est parti sans rien dire. Nous ne saurons jamais qui il était (...).
Nous avons tiré la sonnette. Ma camarade est sortie en courant. Elle nous a
ouvert sa maison et nous y sommes restées. Elle s'est comportée de manière
admirable. C'est là qu'ont commencé les contacts téléphoniques. Nous avons
essayé de joindre Tomas Moro pour savoir ce qui était

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