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1914 - Une guerre par accident

1914 - Une guerre par accident

Titel: 1914 - Une guerre par accident Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Ayache
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puis. Qui
pourrait le savoir aujourd’hui ?
    — Cette guerre va briser notre monde. Je la hais déjà,
tout comme je déteste le Kaiser et sa clique de gens si grossiers. Personne à
Berlin ne veut écouter mon mari ni même lire ses dépêches [321] .
    Planté devant la fenêtre donnant sur Saint-James’s Park, le
prince semblait tristement plongé dans ses pensées :
    — L’empereur Guillaume est sûrement mal entouré, mal
conseillé [322] …
    Une soudaine averse de pluie ternit cette radieuse journée
d’été. On pleura beaucoup chez les Lichnowsky.
    *
    Sunday closed . La formule ne s’appliquait pas au
cabinet britannique, en cet après-midi de dimanche. De tous côtés, les
conciliabules politiques allaient bon train et, avec eux, les rumeurs plus ou
moins fondées.
    John Simon rejoignit Morley à son club et lui assura que
Lloyd George s’apprêtait à annoncer sa démission.
    — Je crois bien que je l’ai eu [323]  !
    Morley secoua la tête de scepticisme. Celui qui aurait le
Gallois n’était pas encore né. En tout cas, ce ne serait probablement pas
Simon !
    Lord Beauchamp jurait à qui voulait l’entendre qu’il
était sur le point de tout lâcher. Simon lui emboîta le pas. On pressa Morley
de prendre à son tour position. Quel que fût la sincérité de son pacifisme, ce
dernier restait songeur. S’opposer au sein du cabinet était une chose,
démissionner en était une autre.
    Informé d’heure en heure par Herbert Samuel, Asquith sentait
que sa coalition était en train de s’effriter dangereusement. Déjà, les tories montraient le bout de l’oreille. Leur leader Andrew Bonar Law, bien sûr, mais
aussi des dirigeants en vue comme Austen Chamberlain ou lord Lansdowne.
Churchill ne fut pas le dernier à le remarquer. Il manda son grand ami Frederik E.
Smith pour sonder les conservateurs en vue de la formation d’un nouveau
gouvernement de coalition. Bonar Law se méfiait de Churchill, l’homme qui avait
déserté les rangs tories pour chercher fortune politique chez les
libéraux. D’un air pincé, il avait éconduit Smith :
    — Ce serait plutôt à Asquith d’effectuer une telle
démarche, ne trouvez-vous pas [324]  ?
    À six heures et demie, le cabinet se réunit de nouveau. Grey
rendit compte de sa rencontre avec Cambon. John Burns renouvela sa décision de
démissionner. C’était un dur à cuire. Au temps où il était un des dirigeants
des Trade Unions, il avait eu maille à partir avec la justice pour
« conspiration » et « sédition ».
    Lord Morley se déclara également démissionnaire. Le
Premier ministre ne s’en montra pas surpris. Simplement, il demanda à honest
John de laisser la nuit lui porter conseil. Celui-ci accepta.
    Le cabinet britannique de coalition était en fort mauvaise
posture lorsque Richard Haldane, qui s’était fait excuser, fit soudain
irruption dans la salle du Conseil. Il brandissait une note qu’il tendit
aussitôt à Asquith. Elle tenait en quelques lignes seulement mais ce dernier la
lut et la relut comme s’il venait d’y puiser un nouvel élan.
    Dans la soirée, une foule de près de six mille personnes se
rassembla devant les grilles du palais de Buckingham, chantant, vociférant et
conspuant le Kaiser. Le roi George V et la reine Mary apparurent un court
instant au balcon, déclenchant une formidable ovation. À Londres aussi, le vent
était en train de tourner. Un vent mauvais qui n’embaumait plus la paix.
Bruxelles, 2 août, 19 h 00
    Depuis près de quatre jours, le ministre d’Allemagne
attendait l’ordre fatidique de Berlin concernant l’enveloppe qu’il avait mise
en sécurité dans son coffre-fort. L’ordre était arrivé en début d’après-midi.
Karl-Konrad von Below n’en était pas fâché. D’heure en heure, sa situation
dans la capitale belge devenait intenable.
    Below décacheta le pli, comme il en avait reçu
l’instruction, et prit connaissance de son contenu. Il s’agissait d’un ultimatum
enjoignant à Bruxelles de laisser pénétrer les troupes allemandes sur le
territoire belge afin, était-il écrit, de pouvoir protéger ce pays contre la
France.
    Le diplomate frémit en considérant l’argumentation de
Berlin. Il y était affirmé que l’armée française s’apprêtait « sans aucun
doute » à envahir la Belgique, laquelle ne pouvait s’y opposer à elle
seule. Il appartenait en conséquence à l’Allemagne de prévenir ce véritable
malheur. Même avec beaucoup de

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