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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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d’occupation ».
    Mais la nouvelle de la manifestation des lycéens et des étudiants s’est propagée dans toute la France, qu’elle fait frissonner d’émotion.
    On n’accorde aucune attention au communiqué de la Kommandantur et on méprise le texte publié par la vice-présidence du Conseil – Pierre Laval – intitulé : «  La Vérité sur les incidents du 11 novembre  ».
    On est scandalisé par la phrase : « Quatre personnes ont été légèrement blessées, aucune n’a été tuée. »
     
    On ne connaît pas le nombre précis des victimes, mais on mesure l’importance de l’événement à ses conséquences.
    Vichy et les autorités d’occupation – dont le chef est le général von Stülpnagel – ont décrété la fermeture de l’université de Paris et des grands établissements universitaires de la capitale.
    Les étudiants inscrits doivent pointer chaque jour dans le commissariat de leur quartier.
    Le recteur Roussy est révoqué, remplacé par l’historien Jérôme Carcopino, à qui le pouvoir accorde sa confiance.
    La reprise des cours sera ordonnée le 20 décembre, alors que les congés de fin d’année commencent… le 21.
     
    Cette manifestation déchire le voile noir du deuil, de la culpabilité, de la désespérance, sous lequel les hommes de Vichy veulent par l’évocation de la défaite, de la souffrance, empêcher le réveil de la France.
    Les émissions de la France Libre le répètent :
    « Derrière cette folle bravoure, les hommes de Vichy sentent bien qu’il y a tout un pays qui se lève… Ils s’aperçoivent que, peu à peu, en France, il n’y a plus de partis, il n’y a plus de classes, il n’y a plus que les chefs et les soldats ; une armée immense, une armée abandonnée, mais qui va combattre.
    « Les jeunes gens du 11 novembre, ce sont en vérité les premiers morts de cette guerre. »
     
    Dans son camp d’entraînement d’Old Dean – souvent bombardé par la Luftwaffe – Daniel Cordier écrit :
    « Ce fait d’armes aiguillonne notre impatience… Toutes nos pensées se portent vers Paris, le Quartier latin, la place de l’Étoile. »
    Il répète les phrases entendues à la BBC :
    « Nous disons à la France qui les pleure : le rêve pour lequel ils sont morts, nous le réaliserons. »
     
    Cette journée du lundi 11 novembre 1940 s’inscrit ainsi dans la conscience nationale, malgré la censure, la propagande allemande et vichyste.
    Elle marque la collaboration au fer.
    Ce thème, ce mot que Pétain et Laval – avec des intentions différentes, des oppositions fortes entre eux – répétaient sont mort-nés.
    Ils ne peuvent plus être qu’affaire de propagande, donc de pouvoir minoritaire. La manifestation, seulement quatre mois après la défaite, oriente le peuple vers la résistance.
    Le 11 novembre 1940 fait de la poignée de main de Montoire le 24 octobre le symbole infamant de la trahison.
     
    C’est à compter du 11 novembre que le préfet d’Eure-et-Loir, Jean Moulin, suite à un décret de révocation du samedi 2 novembre, cesse ses fonctions.
    « Votre nom appartient désormais à l’Histoire, déclare un fonctionnaire de la préfecture dans son discours d’adieu à Jean Moulin. Votre nom sera pour tous un symbole et le synonyme de bonté, d’énergie, de courage, de loyauté, d’honneur et de patriotisme. »
    Pour ces phrases, l’auteur du discours est condamné par le nouveau préfet, un inspecteur général des finances, à être envoyé au camp d’internement de Châteaubriant.
     
    Jean Moulin, avant de quitter la région, prend congé des autorités d’occupation.
    C’est le nouveau Feldkommandant de la région, le major Ebmeir qui le reçoit et lui dit :
    « Au nom de la Wehrmacht, je vous félicite de l’énergie avec laquelle vous avez su défendre les intérêts de vos administrés et l’honneur de votre pays. »
    L’officier allemand ne sait pas qu’il rend ainsi plus indigne le comportement du haut fonctionnaire que Vichy vient de nommer en remplacement de Jean Moulin, révoqué ce 11 novembre 1940.

 
31 .
    C’est la mi-novembre de l’an quarante.
    L’ordre allemand, avec la complicité active de la police française, règne à nouveau à Paris.
    Mais personne, à la Kommandantur comme au gouvernement de Vichy ou à la préfecture de police de Paris, n’oublie la manifestation du 11 novembre.
     
    De Gaulle, rentré à Londres après son long périple en

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