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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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perçant à Sedan, et en fonçant, si l’attaque réussit, vers la mer.
    Il suffira ensuite de serrer ce lacet autour des divisions aventurées en Belgique.
    De Gaulle imagine les Panzers du général Guderian, ceux-là qui ont déferlé en Pologne, franchissant la Meuse, les forêts des Ardennes et roulant vers Abbeville, Calais, Dunkerque.
    Et de Gaulle sait qu’il lui faut attendre que sa 4 e  division cuirassée soit constituée.
    Le sera-t-elle le 15 mai, comme on le lui a annoncé ?
    Chaque minute compte.
    De Gaulle, comme Rommel, veut se souvenir qu’il y a une vie hors de la guerre.
     
    Il écrit ce vendredi 10 mai :
    « Ma chère petite femme chérie,
    « Voici donc la guerre, la véritable guerre commencée. Je serais cependant assez surpris si les opérations actuelles de Hollande et de Belgique devaient constituer vraiment la grande bataille franco-allemande, cela viendra à mon avis un peu plus tard.
    « En tout cas, il faut s’attendre à une activité croissante des aviations et par conséquent prendre des précautions. Pour toi, pour le tout-petit, pour Mademoiselle, Colombey serait un bon gîte. Fais donc bien attention, de jour, à rentrer et faire rentrer s’il y a alerte et, le soir, à bien éteindre les lumières… Pour Philippe, à Paris, il faut qu’il ne fasse pas inutilement le “malin” si l’on tire… »
     
    Dans les heures qui suivent, il reçoit l’ordre de se rendre à son poste de commandement qui est fixé au Vésinet. Il aura quarante-huit heures pour constituer l’état-major de sa division, et la mettre en état de combattre.
    Après des années perdues, c’est l’urgence. Mais il faut faire face.
     
    Paul Reynaud, ce vendredi 10 mai, s’y essaye.
    Il a fait entrer au gouvernement des personnalités de droite, afin de réaliser un gouvernement d’union nationale. Mais il a dû pour cela remanier son équipe et a suscité des mécontentements.
    Il a confirmé le général Gamelin dans ses fonctions, mais il sait que l’entente n’est qu’apparente.
    Gamelin si policé, si maître de lui, s’est écrié en prenant connaissance de la composition du nouveau gouvernement :
    « Cet homme, ce Paul Reynaud, n’est qu’un cochon ! Il vient de balancer son ministère, ses sous-secrétaires d’État, etc., sans d’ailleurs savoir pourquoi. Pas de confiance à lui faire ! »
    Et Daladier, ministre de la Guerre, approuve le généralissime.
     
    On est loin de l’union sacrée, de l’autorité sans faille que Clemenceau a réussi à exercer en 1917 et 1918.
    Reynaud tente de parler comme le Tigre lorsqu’il s’adresse à la nation dans l’appel radiodiffusé qu’il lance ce vendredi 10 mai.
    Le ton en est pathétique car, derrière les mots, on devine l’angoisse d’un homme qui sait bien que, dans les jours qui viennent, ce n’est pas seulement son destin qui se joue mais celui de la France.
    Et il est trop lucide pour s’illusionner sur les capacités du haut commandement français.
    Mais il doit tenter de rassembler le peuple autour de lui, du gouvernement.
     
    « Trois pays libres, commence-t-il, ont été envahis cette nuit par l’armée allemande. Ils ont appelé à leur secours les armées alliées. Ce matin, nos soldats de la liberté ont franchi la frontière. Ce champ de bataille plusieurs fois séculaire de la plaine des Flandres, notre peuple le connaît bien. En face de nous, se ruant sur nous, c’est aussi l’envahisseur séculaire. »
     
    À 7 heures, ce vendredi 10 mai, le tiers des armées françaises – les divisions les mieux dotées de toute l’armée – s’est mis en mouvement.
    Elles avancent pour atteindre la ligne Anvers-Namur, qu’elles dépassent bientôt. Mais elles s’étirent sur près de 200 kilomètres, sans couverture aérienne, marchant dans la plaine vers les Panzers.
    Dans son quartier général, Hitler peut, dans un geste joyeux, frapper de ses deux paumes ses cuisses, puis s’exclamer :
    « C’est merveilleux comme tout se déroule conformément aux prévisions ! Il fallait que les Anglais et les Français croient que nous demeurions fidèles au vieux plan Schlieffen, et ils l’ont cru ! »
    Il n’ose encore penser, quelques heures après le début de l’offensive, que la partie est gagnée, mais Hitler ne peut s’empêcher de jubiler.
     
    Le Führer a fait publier un mémorandum qui accuse les Belges et les Hollandais d’avoir « prêté la main aux tentatives de

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