1940-De l'abîme a l'espérance
l’intelligence Service en vue de faire éclater une révolution en Allemagne et de faire disparaître le Führer… ».
En outre, les deux pays ont favorisé les concentrations de troupes anglo-françaises en vue d’une attaque contre l’Allemagne.
Et, comble du cynisme, le mémorandum conclut :
« Le gouvernement allemand vient donc de donner l’ordre d’assurer la neutralité de ces pays par tous les moyens de force militaire dont dispose l’Allemagne. »
Ce n’est pas le nombre des hommes ni même celui des Panzers ou des avions qui compte d’abord, mais la manière dont l’état-major, et Hitler en est ces jours-là l’instigateur, les utilise.
La Luftwaffe bombarde La Haye et Rotterdam.
Des troupes aéroportées attaquent ces deux villes, s’y incrustent, et les Panzers réussissent à les rejoindre.
Hitler et le général en chef des forces aéroportées, Kurt Student, ont jeté dans la bataille 4 000 parachutistes, alors qu’ils ne peuvent compter que sur un total de 4 500 hommes !
Une division d’infanterie légère de 12 000 hommes est transportée par avion.
Les ponts sont l’objectif prioritaire et ils sont pris avant que les Hollandais aient pu les faire sauter. Les Panzers vont pouvoir progresser, semant la panique, le désordre, démoralisant les troupes hollandaises qui se replient.
La peur est contagieuse.
Ce même vendredi 10 mai, les Belges sont à leur tour frappés par l’offensive allemande qui, en quelques heures, désorganise la défense du pays et jette sur les routes des soldats affolés et des civils terrorisés qui veulent fuir l’invasion, la tête pleine des souvenirs de l’occupation allemande en 1914.
Les Stuka fondent sur ces foules saisies par l’effroi. Le roi Léopold III et son état-major, qui ont tant tardé à autoriser les troupes alliées à entrer en Belgique, sont démunis.
La rumeur se répand que des milliers de parachutistes ont sauté sur le pays ; qu’ils ont pour mission de couper les routes, d’empêcher les fuyards de gagner la France.
Et les troupes françaises se heurtent à ces flots de réfugiés, aux yeux hagards, proies des bombardiers en piqué qui lâchent leurs bombes, mitraillent, accompagnés par le hurlement de leurs sirènes.
Tout se joue en une matinée.
Des parachutistes s’emparent de deux ponts sur le canal Albert que franchissent aussitôt des Panzers. La plus grande et la plus puissante forteresse de Belgique, le fort d’Eben-Emael dont les canons peuvent balayer le canal Albert et ses abords, est prise par surprise par 78 parachutistes commandés par le lieutenant Witzig.
Cette poignée d’hommes a débarqué de ce que le général Kurt Student appelle un « planeur-cargo », et les 1 200 Belges qui constituent la garnison du fort se rendent aux Allemands.
Sur les routes, dans les prairies de Flandre, des fuyards découvrent des mannequins simulant des parachutistes et refusent d’admettre qu’ils sont victimes d’une ruse allemande. C’est Hitler, confie Student, qui a eu l’idée de ce leurre, alors que les derniers 500 parachutistes sont employés à s’emparer des ponts, à permettre ainsi à deux divisions de Panzers de percer la ligne de défense belge.
Les généraux Reichenau et Paulus ont d’abord été sceptiques, mais Hitler a imposé sa stratégie.
La rumeur se répand que des milliers de parachutistes, aidés par une « cinquième colonne » coupent les routes, font sauter les ponts. Et la Belgique, au soir du vendredi 10 mai, puis dans la nuit, chancelle, comme un boxeur paralysé avant même de s’être mis en garde, et qui encore debout ferme déjà les yeux, perdant conscience.
Ce n’est rien encore.
Dès le samedi 11 mai, les Panzers se sont enfoncés dans les forêts des Ardennes, pilonnées par les Stuka.
La Meuse est déjà atteinte, ici et là, par des avant-gardes qui s’emparent des ponts ou, sous le feu, traversent le fleuve en canot pneumatique et construisent des ponts de bateaux. De jeunes généraux n’hésitent pas à prendre la tête des troupes, ou des colonnes de chars. Ainsi, la « charnière » qui, articulée autour de Sedan, commande le dispositif français, est moins de deux jours après le début de l’offensive en passe d’être brisée.
Et les troupes alliées entrées en Belgique sont submergées sous les vagues de soldats belges et de réfugiés qui fuient et dont le flot tumultueux bloque les
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