1940-De l'abîme a l'espérance
brise dans les années trente entre une « gauche » et une « droite » dont l’affrontement est violent.
À gauche, on crie « Le fascisme ne passera pas ».
À droite, on dénonce les « valets de Moscou ».
C’est le Front populaire qui l’emporte aux élections de mai 1936 et la tension s’aggrave.
Léon Blum est le président du Conseil du gouvernement de Front populaire. Les communistes le soutiennent sans participer au pouvoir.
Blum est l’objet d’attaques violentes :
« Pour la première fois dans son histoire, ce vieux pays gallo-romain est gouverné par un Juif », dira le député Xavier Vallat.
Des complots se trament, des attentats, des assassinats ont lieu.
On regarde vers l’Espagne où, en juillet 1936, un coup de force militaire conduit par le général Franco déclenche une guerre civile.
Face aux troupes de Franco, aidées par des contingents italiens et allemands, les « républicains » espagnols reçoivent l’aide clandestine de la France et des Brigades internationales organisées par les communistes.
Londres et Paris ont choisi la « non-intervention ».
L’URSS soutient l’Espagne républicaine. Mais Staline a pour objectif moins de faire gagner la République espagnole que de susciter la guerre entre l’Allemagne et l’Italie d’une part, et la France et l’Angleterre d’autre part.
Politique qu’il mènera jusqu’au bout quand, le 23 août 1939, il signera un pacte de non-agression avec Hitler, comportant le partage de la Pologne entre nazis et Soviétiques.
Ce pacte était aussi la réponse aux accords de Munich, par lesquels Londres et Paris abandonnaient à Hitler, avec la médiation de Mussolini, les Sudètes.
C’en était fini de la Tchécoslovaquie. Les troupes allemandes entraient à Prague en mars 1939 ! On ne mourrait pas pour les Sudètes, et on ne voulait pas mourir pour Dantzig qui serait, à l’évidence, la prochaine étape de la politique de Hitler.
L’engrenage tournait inexorablement.
Londres et Paris avaient chaque fois cédé devant Hitler.
Acceptation en mars 1936 de la remilitarisation de la Rhénanie.
Acceptation de la conquête de l’Éthiopie par Mussolini.
Acceptation de l’Anschluss.
On espérait à Londres et à Paris que ces capitulations successives – dont les accords de Munich furent le couronnement – établiraient, comme le déclarait le Premier Ministre britannique Neville Chamberlain, « la paix pour notre temps ».
Churchill, lucide, déclarait :
« Ils ont choisi le déshonneur pour éviter la guerre, ils auront le déshonneur et la guerre. »
En France, le colonel de Gaulle, qui commande le 507 e régiment de chars, à Metz, analyse, en juillet 1937, devant Jacques Vendroux, la situation.
« Mon beau-frère, écrit Jacques Vendroux, me confie, avec plus de pessimisme qu’il n’en laisse paraître de coutume, qu’il est vraiment fort inquiet du proche avenir : la veulerie des politiciens, qu’ils soient alliés ou français, permet à Hitler de reconstituer dans un esprit de revanche une force militaire de plus en plus moderne et forte…
« La France aura d’autant moins les moyens de se défendre qu’elle sera pratiquement seule à supporter le premier choc : les Anglais ne sont pas prêts, on n’est pas du tout sûr de pouvoir compter sur les Russes ; quant aux Américains, toujours temporisateurs, ils resteront d’abord des spectateurs, complaisants il est vrai ; notre territoire sera sans doute une fois de plus envahi, quelques jours peuvent suffire pour atteindre Paris.
« Il faudra donc ensuite repartir de la Bretagne ou des massifs montagneux, voire de l’Algérie et lutter pendant de longs mois pour aboutir avec nos alliés à une victoire finale. Mais au prix de quels sacrifices ! »
Un an plus tard, en novembre 1938, un mois après les accords de Munich, de Gaulle écrit :
« Nous sommes, nous, la France, au bord de l’abîme. »
Le 3 septembre 1939, la Grande-Bretagne et la France déclarent la guerre à l’Allemagne.
Une « drôle de guerre » commence, vingt-cinq ans après le début de la Première Guerre mondiale en août 1914.
PREMIÈRE PARTIE
Janvier 1940
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9 mai 1940
« … Dans tous les partis, dans la presse, dans l’administration, dans les affaires, dans les syndicats, des noyaux très influents sont ouvertement acquis à l’idée de cesser la guerre… »
Charles DE
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