1940-De l'abîme a l'espérance
des armes a le devoir absolu de continuer la résistance ». Il s’adresse à l’Afrique du Nord et à l’Empire français.
« Il ne serait pas tolérable que la panique de Bordeaux ait pu traverser la mer.
« Soldats de France, où que vous soyez, debout ! »
Ce mercredi 19 juin, il apprend que son discours du 18 juin n’a pas été enregistré, tous les moyens techniques de la BBC ayant été mobilisés pour le discours de Winston Churchill aux Communes.
Il s’emporte. Il faut. Il doit reconstruire une France libre et souveraine.
Il se fait communiquer le texte du discours de Churchill.
Un grand discours, à la hauteur des circonstances.
« Nous maintiendrons toujours nos liens de camaraderie avec le peuple français », a dit Churchill.
Le Premier Ministre cite tous les peuples européens représentés à Londres, et auxquels la victoire de l’Angleterre rendra la liberté.
« Hitler sait qu’il lui faudra nous vaincre dans notre île ou perdre la guerre… Armons-nous donc de courage pour faire face à nos devoirs et comportons-nous de telle sorte que si l’Empire britannique et le Commonwealth durent mille ans encore, les hommes puissent toujours dire : “C’était leur plus belle heure.” »
Churchill a parlé le mardi 18 juin 1940, 125 e anniversaire de la bataille de Waterloo.
Grand discours ! Grande Histoire qui rencontre celle de la France.
Churchill parle au nom de l’Angleterre.
« J’ai conscience de parler au nom de la France », dit de Gaulle.
18 .
C’est déjà l’aube de ce jeudi 20 juin 1940.
Les colonnes de Panzers s’élancent sur toutes les routes de France. Les nuits sont si courtes en juin ! Le ciel est si limpide, l’air si léger.
Rommel est debout sur son char qui roule à toute vitesse à la tête de sa division blindée. Les civils et les soldats français s’ébrouent sur les bas-côtés de la route.
Rommel brandit un étendard blanc, il crie sans se soucier de savoir si on l’entend : « Guerre finie ! Krieg Fertig ! War is over ! »
Pourtant, l’armistice n’est pas signé. Cette nuit, cette courte nuit, les plénipotentiaires français, avec à leur tête le général Huntziger, ont quitté Bordeaux, sans savoir où les Allemands qui les attendent les conduiront.
Et cette nuit du mercredi 19 au jeudi 20 juin 1940, pour la première fois, comme pour annoncer que l’Allemagne va dicter sa loi dans ces négociations, qu’elle est la maîtresse du jeu, les avions de la Luftwaffe ont bombardé Bordeaux.
Dans les hôtels où s’entassent tous ceux qui prétendent incarner l’État, comme sur les places ou sur les quais des bords de la Garonne, où dorment des milliers de réfugiés, les uns rencognés dans leurs voitures, les autres à ciel ouvert, c’est la panique.
Il faut que cela finisse !
On assure que les Allemands ont bombardé Bordeaux parce qu’ils ont appris que le gouvernement, présidé par Pétain, avait décidé de quitter la ville, menacée par les Panzers qui seraient à La Rochelle.
Le président de la République – Lebrun –, les présidents de la Chambre des députés et du Sénat – Herriot et Jeanneney – ont emporté la décision.
Le gouvernement se replierait à Perpignan où l’on est déjà en train de préparer la résidence du Président de la République.
De là, on pourrait gagner l’Afrique du Nord, Oran, Alger, continuer la guerre. Et Pétain a accepté cela !
Les bombes allemandes sur Bordeaux martèlent le refus du Reich et sa volonté : armistice, capitulation, défaite, reddition de toutes les autorités, installation d’un gouvernement sur la partie non encore occupée de la France.
Pas question de gagner Perpignan, l’Algérie ou le Maroc.
Pierre Laval est arrivé à Bordeaux.
Son ami Marquet, maire de la ville, a mis à sa disposition des bureaux dans l’hôtel de ville.
Laval rassemble ceux des parlementaires qui, depuis les années trente, se reconnaissent dans cet homme ambitieux, qui incarne la volonté de s’entendre avec l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie.
Laval est déterminé à empêcher le départ du gouvernement vers l’Afrique du Nord.
Or, il apprend que des parlementaires – ceux qui veulent continuer la lutte, Mandel, Jean Zay, Mendès France, ces jeunes radicaux qui ont soutenu le gouvernement de Front populaire et dont certains portent leur uniforme – ont embarqué sur le paquebot Massilia, qui est
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