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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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« cesser le combat » lancé par le maréchal Pétain, alors que rien n’a été signé avec les Allemands, incite les soldats français à déposer les armes, à se rendre, à partir en longues étapes, à pied, vers les camps de prisonniers.
    Combien sont-ils – un million ? –, victimes de ces quelques mots du glorieux Maréchal ?
    Et ceux qui se battent encore ce jeudi 20 juin sont souvent traités par les Allemands de « partisans » et non de soldats appartenant à une unité régulière.
    Ces « résistants » sont abattus d’une rafale de mitrailleuse, d’une balle dans la nuque, leurs corps broyés sous les chenilles des chars.
    Certains, isolés, accomplissent les premiers actes de sabotage. Ils coupent les lignes téléphoniques, incendient un véhicule militaire.
     
    L’un d’eux – le premier résistant ? –, Étienne Achavanne, le jeudi 20 juin, est arrêté pour avoir à Rouen sectionné les lignes de communication entre la Feldkommandantur et le terrain d’aviation de Boos. Déféré devant une cour martiale, il sera exécuté.
     
    Ce même jour, jeudi 20 juin, Pétain s’adresse pour la deuxième fois aux Français. Sa voix est déjà devenue familière.
    « J’ai demandé à nos adversaires de mettre fin aux hostilités, commence-t-il. Le gouvernement a désigné mercredi les plénipotentiaires chargés de recueillir leurs conditions.
    « J’ai pris cette décision, dure au cœur d’un soldat, parce que la situation militaire l’exigeait… Trop peu d’enfants, trop peu d’armes, trop peu d’alliés, voilà les causes de notre défaite ! »
     
    De Gaulle s’insurge lorsqu’il lit le texte de ce discours.
    La vérité est qu’il n’y avait pas de déséquilibre des forces entre la France et l’Allemagne – autant d’avions et de chars, de part et d’autre –, mais qu’un abîme séparait l’aveuglement des chefs militaires français de la lucidité et de l’invention des jeunes généraux allemands.
    Guderian – et d’abord Hitler – avait lu de Gaulle, théoricien de l’emploi des chars.
     
    Mais Pétain veut effacer les fautes de l’état-major.
    « Depuis la victoire de 1918, dit-il, l’esprit de jouissance l’a emporté sur l’esprit de sacrifice. On a revendiqué plus qu’on a servi. On a voulu épargner l’effort, on rencontre aujourd’hui le malheur.
    « Les coupables sont les Français et les hommes politiques qui les ont conduits. »
    Pétain incarne la vertu !
    « J’ai été avec vous dans les jours glorieux. Chef du gouvernement, je suis et resterai avec vous dans les jours sombres… »
     
    Le lendemain, vendredi 21 juin, la délégation française chargée de négocier et de signer l’armistice, conduite par le général Huntziger, est arrivée à Paris. Elle repart pour une destination inconnue, encadrée par des Allemands qui ne parlent pas.
    Ce vendredi 21 juin, à 20 h 30, le général Weygand, ministre de la Défense, reçoit à Bordeaux un coup de téléphone de Huntziger.
    « Je suis dans le wagon, dit Huntziger.
    — Mon pauvre ami », répond Weygand.
     
    C’est dans le vieux wagon-lit du maréchal Foch, celui-là même où les généraux allemands ont été contraints, le 11 novembre 1918, d’accepter l’armistice, que Hitler a choisi de forcer les Français à reconnaître leur défaite.
    Le mercredi 19 juin, les soldats allemands du génie ont démoli les murs du musée où se trouvait le wagon. Ils ont tiré le wagon jusqu’à cette clairière de Rethondes au cœur de la forêt de Compiègne, là où il stationnait le 11 novembre 1918 à 5 heures.
     
    Ce vendredi 21 juin 1940 est une journée ensoleillée, qui donne aux arbres séculaires – ormes et chênes – la majesté d’une forêt de colonnes, soutenant le ciel.
    À 15 h 15 précises, Hitler arrive dans sa grosse Mercedes, accompagné de Goering, Keitel, Ribbentrop, Hess. Ils marchent lentement dans les allées ombragées, passent devant la statue de l’Alsace-Lorraine qu’on a recouverte de drapeaux à croix gammée afin de cacher l’épée s’enfonçant dans l’aigle prussien.
    Ils s’arrêtent pour lire l’inscription gravée dans un bloc de granit au centre de la clairière de Rethondes :
    «  Ici, le 11 novembre 1918, succomba le criminel orgueil de l’Empire allemand vaincu par les peuples libres qu’il avait essayé de conquérir. »
    Hitler et tous les dignitaires nazis la lisent

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