Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
d’obtenir l’autorisation de reparution de L’Humanité  ! Comme une conséquence en France du pacte de non-agression germano-soviétique !
    Ils préparent leurs arguments. Ils ont combattu les Juifs Blum et Mandel, « traîtres et tartuffes immondes », manifesté leur hostilité à la guerre impérialiste, voulue par la City de Londres.
    De son côté, l’ambassadeur allemand Otto Abetz, ardent partisan de la collaboration franco-allemande, est prêt à ces contacts afin d’achever la désorganisation de la nation.
    « Les communistes sont en train de devenir antisémites et antimarxistes, écrit le professeur Grimm, l’un de ses conseillers. Dès lors, le jour où ils franchiront le pas vers le national-socialisme n’est plus éloigné. »
    Mais ce même lundi 17 juin, à Bordeaux, le dirigeant communiste Charles Tillon, responsable pour toute la région du Sud-Ouest, lance un appel dénonçant Pétain, Weygand, les « politiciens qui maintenant livrent la France ». « Ils ont tout trahi. » Au moment où, à Paris, les responsables du parti communiste rencontrent les nazis, Charles Tillon exalte la lutte contre le fascisme hitlérien.
     
    Ainsi, on pressent que l’appel de Pétain à « cesser le combat » provoque de fait le rapprochement inattendu de tous ceux qui, appartenant à des partis différents – l’Action française ou le parti communiste –, refusent de se soumettre et proclament leur volonté de résister, pour que la « France vive ».
     
    Le gouvernement Pétain craint cette réaction patriotique.
    Il veut, dès ce lundi 17 juin, frapper ceux qui peuvent animer ce mouvement.
    De Gaulle a déjà été sommé de rentrer en France.
    L’ancien ministre de l’Intérieur Georges Mandel est, ce lundi à 13 h 30, arrêté par les gendarmes, alors qu’il déjeune à Bordeaux, au Chapon fin.
     
    Mandel – de son vrai patronyme Louis Rothschild, bien qu’il fût sans lien de parenté avec l’illustre famille – rassemble sur sa tête toutes les haines, celles de l’extrême droite et des communistes. Le nouveau secrétaire d’État, Raphaël Alibert, ne l’appelle que « le Juif ».
    On sait que Mandel, ancien collaborateur de Clemenceau, est un patriote intransigeant qui a toujours prôné la résistance à Hitler. Le général Spears lui a proposé de gagner Londres en même temps que de Gaulle. Mandel a refusé. Il approuve de Gaulle mais sa place à lui est en France. Il ne faut pas qu’on identifie le refus de l’armistice à son nom, trop honni.
    Dans l’entourage de Pétain, on le hait donc et on le craint. Son arrestation a été décidée dès le dimanche 16 juin. C’est l’une des premières décisions gouvernementales. Mandel est accusé par un journaliste d’extrême droite d’organiser un complot « dans le dessein d’empêcher l’armistice ». Il aurait, selon cette dénonciation faite au Bureau central du renseignement, décidé, en compagnie du général Buhrer, inspecteur des troupes coloniales, de faire assassiner les membres du nouveau gouvernement.
    Le président de la République, des ministres, protestent auprès de Pétain qui cède, fait libérer Mandel, le reçoit et accepte même d’écrire sous la dictée de Mandel une lettre d’excuses :
    « Cette dénonciation ne reposait sur aucun fondement et avait le caractère d’une manœuvre de provocation ou de désordre. »
    Mandel est cinglant :
    « Je vous plains, monsieur le Maréchal, d’être à la merci de votre entourage et je plains mon pays qui vous a pris pour chef. »
     
    « Je souhaite vivement que cette malheureuse affaire n’ait pas d’autre suite », écrit Pétain.
    En fait, elle souligne la rupture avec la démocratie et les intentions du gouvernement Pétain : cesser le combat et changer de régime politique.
     
    À Londres, de Gaulle le sait.
    Ce lundi 17 juin, en fin d’après-midi, il se rend auprès de Churchill.
    « À quarante-neuf ans, écrit-il, j’entre dans l’aventure comme un homme que le destin jette hors de toutes les séries. »
    Pour de Gaulle, Churchill est l’allié naturel, celui qui ne cédera jamais.
    Et le Premier Ministre britannique a besoin de montrer à son opinion publique qu’à Londres se retrouvent tous ceux qui veulent résister à Hitler : Tchèques, Polonais, Norvégiens, Néerlandais, Belges, et naturellement les Français. Ce de Gaulle, au nom qui semble incarner l’Histoire, Churchill l’a perçu

Weitere Kostenlose Bücher