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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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éternelle. »
    Maréchal PÉTAIN
    mercredi 30 octobre 1940

 
24.
    En ces jours et ces nuits de la mi-juillet de l’an quarante, plus de trois millions de réfugiés peut-être quatre, que l’offensive allemande du mois de mai a jetés sur les routes de l’exode, essayent de rentrer chez eux, l’angoisse dévorant leur cœur, la fatigue, la faim et la soif rongeant leur corps.
    Ils découvrent qu’une véritable frontière avec ses postes de contrôle, des soldats allemands qui vous dévisagent, vous obligent à vous aligner, à présenter vos papiers attestant votre identité, votre domicile, partage la France en deux zones.
    Au nord de cette ligne de démarcation , la zone occupée sous l’administration allemande représente les trois cinquièmes du territoire.
    La zone libre ne couvre que le centre et le sud du pays, et s’étend le long de la Méditerranée.
    D’un côté Paris, où les music-halls rouvrent, dont les cafés ont ressorti leurs terrasses.
    De l’autre, Vichy, où s’entassent dans les hôtels les services de ce gouvernement dont le maréchal Pétain est le chef.
     
    À Paris, les girls s’exhibent au Palace , au Concert Mayol, aux Folies-Bergère, au Lido, au Casino de Paris.
    On lève haut la jambe sur les planches où l’on présente des revues à grand spectacle, Amour de Paris , Voilà Paris, Folies d’un soir…
    Le champagne pétille dans les coupes qui s’entrechoquent. Et les spectateurs sont en uniforme feldgrau.
     
    Les occupants ont leurs salles de cinéma, le Rex, le Paris, le Marignan sur les Champs-Élysées et les grands boulevards, leurs hôtels rue de Rivoli.
    Tout le quartier de l’avenue Kléber est réservé aux administrations de guerre des occupants.
    Partout, des drapeaux à croix gammée, des panneaux de signalisation aux carrefours pour les véhicules allemands qui traversent la capitale.
    Le Grand Palais est un immense garage pouvant contenir 1 200 camions ! L’École polytechnique, l’École normale supérieure sont des casernes. Le palais du Luxembourg abrite l’état-major de la Luftwaffe.
     
    Depuis le mercredi 10 juillet, des bombardiers, Heinkel III, Dornier 17, Junkers 88, des chasseurs Messerschmitt 109 et 108, sont dirigés, à partir de ce quartier général où Goering s’est fait aménager une résidence luxueuse, vers les ports du sud de l’Angleterre. Ce ne sont encore que des escadrilles de quelques dizaines d’appareils mais Southampton, Portsmouth, Plymouth sont frappés.
    Les navires anglais sont attaqués dans la Manche. Les Spitfire et les Hurricane vont à leur rencontre et des combats s’engagent, puis le ciel s’apaise, comme si le prologue venait de se terminer et qu’on se préparait au lever de rideau sur la grande dramaturgie que sera l’assaut contre l’Angleterre.
     
    Le dimanche 14 juillet, Churchill est intervenu à la radio. La voix est frémissante tant l’énergie qui la porte est puissante. Personne ne peut douter de la résolution de cet homme qui semble né pour affronter cette tempête-là, celle où se joue le sort de l’Angleterre et de son Empire.
    « Ici, dit-il, dans ce puissant lieu d’asile qui abrite les documents du progrès humain, ici, entourés de mers et d’océans où règne notre flotte, ici, nous attendons sans crainte l’assaut qui nous menace. Peut-être viendra-t-il aujourd’hui, peut-être viendra-t-il la semaine prochaine, peut-être ne viendra-t-il jamais… Mais que notre inquiétude soit violemment brève ou lente, ou les deux, nous n’accepterons aucun compromis, nous ne consentirons pas à parlementer, nous exercerons peut-être une certaine clémence, mais nous n’en solliciterons pas. »
     
    Ce même jour, de Gaulle écrit dans le premier numéro d’une publication de la France Libre, Quatorze Juillet, qui porte en sous-titre la devise républicaine Liberté, Égalité, Fraternité :
    « Il n’y a plus de fête pour un grand peuple abattu… Mais le 14 juillet 40 ne marque pas seulement la grande douleur de la patrie, c’est aussi le jour d’une promesse que doivent se faire les Français. »
    Il faut résister, se battre, vaincre.
    « Eh bien, ajoute de Gaulle, puisque ceux qui avaient le devoir de manier l’épée de la France l’ont laissée tomber, brisée, moi j’ai ramassé le tronçon du glaive. »
     
    À Londres, à l ’Olympia Hall , le lundi 15 juillet, Daniel Cordier et ses camarades de la 1 re  compagnie reçoivent uniformes et

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