1940-De l'abîme a l'espérance
servir les intérêts des ploutocrates ».
Mais au-delà de ces accusations, qui ne gênent en rien l’occupant, mais au contraire reprennent res arguments, il affirme que « la France ne deviendra pas une sorte de pays colonisé, jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves… ».
Il appelle à former « le front des hommes libres contre la dictature des forbans, contre le gangster de la politique, Laval ! À la porte le gouvernement de Vichy… ».
Ambigu, attaquant à la fois Blum et Laval, réclamant la paix et n’appelant pas à la résistance, ce texte annonce un changement de politique.
Il s’inscrit dans la multiplication des écrits, des actes, qui refusent l’illusion qu’entretient Pétain.
Et cette floraison se produit moins d’un mois après l’armistice du 25 juin.
On pressent ainsi que l’armistice n’a marqué que la fin du prologue de la tragédie qui va bouleverser l’ordre du monde.
De Gaulle et Churchill l’ont dit.
Laval, Pétain, et leurs partisans sont myopes devant cette réalité.
Hitler, lui, sait bien que ces journées de la mi-juillet 1940 sont cruciales.
Les 11 et 13 juillet, il réunit au Berghof , au-dessus de Berchtesgaden, ses généraux et l’amiral Raeder. Que faire avec l’Angleterre ?
Le mercredi 10 juillet, les premières attaques aériennes ont eu lieu. Mais la bataille d’Angleterre n’est pas réellement engagée.
« Pourquoi l’Angleterre ne veut-elle pas prendre le chemin de la paix ? » répète Hitler.
Faut-il employer la force pour la contraindre à la paix ?
« Mais, soliloque Hitler, si nous écrasons l’Angleterre militairement, l’Empire britannique se désintégrera et l’Allemagne n’en tirera aucun profit. Avec le sang allemand, nous accomplirons quelque chose dont seuls le Japon, l’Amérique et les autres tireront profit. »
Ce samedi 13 juillet, Hitler écrit à Mussolini, refuse l’offre du Duce de fournir des troupes et de l’aviation italiennes pour l’invasion de l’Angleterre.
« J’ai fait à l’Angleterre tant d’offres d’accord, et même de coopération, écrit-il au Duce, et j’ai été traité avec un tel mépris que je suis maintenant édifié. Tout autre appel à la raison ira au-devant d’un refus, car actuellement ce n’est pas la raison qui gouverne dans ce pays… »
Les Free French, qui vivent désormais parmi les Anglais, comprennent eux que c’est la passion patriotique, la volonté de rester libres et souverains qui habitent Churchill et les Anglais.
Et si des milliers d’Anglais – dont M me Churchill – acclament, le dimanche 14 juillet, de Gaulle qui, en compagnie de l’amiral Muselier, passe en revue quelques centaines d’hommes – des légionnaires et des fusiliers marins –, c’est parce que de Gaulle et les Français Libres expriment les mêmes sentiments.
« Au fond de notre abaissement, dit de Gaulle, ce jour doit nous rassembler dans la foi, la volonté, l’espérance. »
Dans l’après-midi de ce dimanche de fête nationale, il a invité les « Volontaires » au cinéma New Victoria Theater. La foule, regardant passer ces jeunes hommes qui marchent au pas par rangs de trois, crie « Vive de Gaulle ! Vive la France ! ».
De Gaulle arrive à 14 heures, s’installe au premier rang, enlève son képi puis, seul debout, s’adresse aux « Volontaires » :
« Le 14 juillet, symbole de liberté, est aujourd’hui un jour de deuil pour la France trahie… Je vous ai conviés à fêter notre volonté d’être fidèles à la France. »
« Cet après-midi, écrit Daniel Cordier, présent dans la salle, nous sommes davantage ses enfants que ses soldats.
« Après son discours, nos applaudissements – les premiers à son égard – prouvent que, quels que soient le lieu ou le ton de sa harangue, nous sommes dévoués à une cause que seuls nous avons choisie. Désormais, il l’incarne pour nous. »
SIXIÈME PARTIE
Lundi 15 juillet
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Mercredi 30 octobre 1940
« C’est dans l’honneur et pour maintenir l’unité française, une unité de dix siècles, dans le cadre d’une activité constructive du nouvel ordre européen, que j’entre aujourd’hui dans la voie de la collaboration…
« Je vous ai tenu jusqu’ici le langage d’un père ; je vous tiens aujourd’hui le langage du chef. Suivez-moi. Gardez votre confiance en la France
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