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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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dans le parc de l’hôtel. On l’entoure. Il embrasse les enfants. Les femmes pleurent d’émotion en le voyant. Les hommes – presque tous sont d’anciens combattants de 14-18 – se mettent au garde-à-vous. Il est le Père, le Patriarche glorieux, juste, mesuré, mais rigoureux, voire sévère. Il est celui qui dit la vérité.
    Un culte s’organise autour de sa personne.
     
    De Gaulle, pour les Free French, a dit Daniel Cordier le 14 juillet, est l’incarnation de la cause de la France.
    Mgr Gerlier, cardinal, primat des Gaules, proclame : « Pétain, c’est la France. »
    « Quelle faveur de vivre au temps d’un homme dont on sait déjà qu’il dépassera l’Histoire et qu’il entrera d’emblée dans la Légende », écrit René Benjamin, hagiographe du Maréchal.
    Paul Claudel, écrivain d’une autre envergure, tresse une ode au Maréchal.
    « France, écoute ce vieil homme qui sur toi se penche et qui te parle comme un père.
    « Fille de Saint Louis, écoute-le et dis “En as-tu assez maintenant de la politique ?”
    « Écoute cette voix raisonnable sur toi qui propose et qui explique
    « Cette proposition comme de l’huile et cette vérité comme de l’or… »
     
    Au côté de la silhouette auréolée du Maréchal, apparaît, débraillé, mal rasé, courtaud, le mégot au coin des lèvres, Pierre Laval.
    C’est l’image même du « politicien », tel que le caricaturent les militaires qui vénèrent le Maréchal.
    Autour de Laval gravitent des journalistes, des affairistes, aux origines incertaines. Comment le Maréchal et le vice-président du Conseil, si différents, pourraient-ils s’entendre durablement ?
    Mais Laval semble irremplaçable. Il a, le mercredi 10 juillet 1940, organisé le meurtre de la III e  République dans les formes d’apparence régulières. Si bien que trente-deux gouvernements étrangers ont immédiatement reconnu l’État français, issu d’un vote et dont la légalité et la légitimité ne peuvent être mises en doute.
    Ou alors il faudrait évoquer le coup d’État masqué, la présence des « bandes » dans Vichy, des troupes allemandes à Moulins. Il faudrait déchirer le rideau tendu par la lâcheté, la peur et l’habileté.
     
    Seuls les Français Libres le font.
    Mais les États-Unis, l’URSS, le Vatican ont maintenu auprès du nouveau chef de l’État leurs diplomates accrédités. Vichy peut, juridiquement, prétendre qu’il représente la France et qu’il est issu de votes réguliers des Assemblées réunies en conformité avec les lois de la République.
     
    Ce succès parlementaire, Laval se l’attribue. Mais le Maréchal estime que c’est sa personne, sa réputation, son aura qui ont permis de l’emporter. Laval n’a été qu’un valet d’armes ! Et Pétain le chevalier.
    Les deux hommes sont ainsi liés et opposés.
    Le Maréchal ? Une « potiche », dit à qui veut l’entendre Laval. « Un vieux schnock », ajoute l’entourage du vice-président du Conseil.
    Laval ?
    Pétain fait une moue dédaigneuse et dit :
    « Avez-vous vu comme M. Laval me souffle dans le nez la fumée de ses cigarettes, comme il est sale ? Il me dégoûte et me fait horreur. »
     
    En fait, Pétain, vieux militaire, aspire à gouverner seul, tel un autocrate, que sa surdité isole, qui n’entend pas dans le brouhaha d’un débat.
    « Dans le gouvernement de Paul Reynaud nous étions plus de vingt, je n’y entendais rien, confie-t-il. Aujourd’hui, nous ne sommes plus qu’une douzaine et c’est déjà beaucoup mieux ; demain que je réduise à cinq, six, et ce sera tout à fait bien…
    « Il faudrait que je puisse commander à trois hommes, qui commanderaient à quinze, lesquels commanderaient à cent. Et ainsi de suite la pyramide. »
     
    Comment un tel pouvoir, s’exerçant sur à peine les deux cinquièmes du territoire national, pourrait-il faire jeu égal avec la machine militaire allemande ? Celle-ci met en place toute une bureaucratie qui organise le pillage systématique des biens de toutes sortes.
    D’autres bureaux s’occupent de susciter des « partis » politiques en finançant ces formations dévouées à la « collaboration ».
    Des services doublent et gèrent les administrations françaises : ainsi, les voies ferrées sont surveillées par un personnel allemand. Dans les prisons, des « quartiers » sont administrés par les Allemands.
    Tout le pays – y compris la zone

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