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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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briser la résistance des Anglais en rasant leurs villes, et ce au détriment de l’attaque systématique des aérodromes, des Ground Controls et des stations radar.
    Le samedi 7 septembre, tard dans l’après-midi, la grande attaque aérienne de Londres commence.
    La Luftflot 2 déploie 638 chasseurs et 300 bombardiers qui volent en formation serrée. La route de Londres est libre. La chasse anglaise les attend ailleurs… sur les stations radar et les Ground Controls.
    Les quartiers surpeuplés de l’East End londonien sont atteints. On dénombre 300 morts et 1 300 blessés gravement frappés.
    Les immenses incendies qui ravagent Londres éclairent le ciel comme un phare qui guide l’attaque suivante, nocturne celle-là.
    « Londres est en feu », téléphone Goering à sa femme.
    Les jours et les nuits suivants, le Blitz sur Londres et les autres villes anglaises continue. Des dizaines de villes, dont Coventry, sont touchées. Mais c’est Londres qui reste la cible.
     
    La population de la capitale garde pourtant un sang-froid qui frappe Daniel Cordier, en permission de vingt-quatre heures à Londres, ce samedi 7 septembre.
    « J’aperçois au loin, dans la lumière du crépuscule, un brasier colossal. Le ciel est en flammes, écrit Cordier. À la gare Victoria, des voyageurs impassibles nous expliquent qu’un bombardement dévastateur a eu lieu dont la cible était les docks.
    « Je prends un taxi. En traversant la ville, rien ne me paraît anormal. La foule du samedi soir se rue vers les plaisirs. »
    Passant la nuit chez des amis, il est réveillé par les sirènes. Il est invité à descendre au shelter. Son hôte lui explique qu’à Londres, c’est une obligation.
    Dans l’abri, « la veillée se transforme en réunion mondaine » : jeux de cartes, livres, gin ou whisky.
    Le dimanche 15 septembre, une flotte de 200 bombardiers et 600 chasseurs se heurte à la chasse anglaise rassemblée. Celle-ci intercepte les Allemands avant qu’ils n’atteignent Londres, à l’exception de quelques-uns d’entre eux.
    La Luftwaffe n’aura pas la maîtrise du ciel anglais. C’est le tournant décisif de la bataille d’Angleterre, même si pendant cinquante-sept nuits consécutives Londres fut attaqué en moyenne par 200 bombardiers quotidiennement.
    Des quartiers ne sont plus qu’un amas de gravats, de débris de meubles, de poutres calcinées. Des survivants trient et fouillent calmement les décombres, arrachant des objets familiers à la terre et à la poussière.
    Le roi, la reine, le Premier Ministre viennent les saluer, et Churchill, mâchonnant son cigare, lève la main, l’index et le majeur écartés, représentant le V de victoire.
    « Londres pouvait tenir bon, écrit Churchill. Ses habitants encaissèrent tous les coups et ils auraient pu en supporter encore davantage. À cette époque en fait, nous nous attendions sincèrement à la destruction complète de la capitale. Pourtant, comme je l’indiquai à la Chambre des communes, la loi du rendement décroissant joue en cas de démolition des grandes cités. Beaucoup de bombes ne tomberaient bientôt plus que sur des maisons déjà en ruine et ne feraient sauter que des gravats. Sur de vastes surfaces, il n’y aurait plus rien à brûler ou à détruire, et cependant des êtres humains y auraient encore, çà et là, leurs foyers et continueraient à travailler avec une ingéniosité et une force d’âme sans limite. »
     
    Dès lors que la Luftwaffe ne réussit pas à réduire la chasse anglaise et donc à raser les villes, les usines d’armement, les docks et les quais des ports, personne ne peut plus croire que le moral britannique, la détermination de poursuivre la guerre seraient annihilés.
    Dans ces conditions, le débarquement est impossible.
    Le mardi 17 septembre, malgré les rodomontades du Reichsmarschall Goering, Hitler remet l’opération Seelöwe à une date indéterminée.
    « Il se passe quelque chose d’étrange outre-Manche, dit Hitler après avoir annoncé à ses généraux sa décision. Hier, les Anglais étaient par terre, les voilà de nouveau debout. Ils s’accrochent comme des noyés à l’espoir d’un complet retournement de la situation d’ici à quelques mois. Mais si nous écrasons la Russie, la dernière planche de salut de l’Angleterre sombre avec elle et l’Allemagne deviendra maîtresse de l’Europe, y compris des Balkans. Pour tous ces motifs la Russie doit être

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