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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Moscou.
    « Je crois que la Russie, dit de Gaulle, est moins
éloignée qu’on ne le pense de comprendre la cause des Alliés. »
     
    Et, il faut aussi puiser dans l’Histoire nationale la
certitude de la victoire.
    De Gaulle lance le 10 mai 1941 un appel pour que le
lendemain, 11 mai, fête nationale de Jeanne d’Arc, les Français se
rassemblent moralement en une heure de silence.
    « Qu’ils se souviennent de la France d’il y a cinq cent
douze ans, quand Jeanne d’Arc parut pour remplir sa mission…
    « Un pays aux trois quarts conquis. La plupart des
hommes en place collaborant avec l’ennemi. Paris, Bordeaux, Orléans, Reims sont
devenues garnisons étrangères. Un représentant de l’envahisseur dictant la loi
dans la capitale. La trahison partout étalée. La famine à l’état chronique. Un
régime ignoble de terreur et de délation organisée aux champs comme à la ville.
Les soldats cachant leurs armes, les chefs leur chagrin, les Français leur
fureur…
    « … Telle est aussi, en surface, la France d’aujourd’hui.
    « Je dis en surface car, en 1941, la nation ronge en
silence le frein de la servitude.
    « Jadis, c’est de cette foi et de cette espérance secrètes
que l’épée de Jeanne d’Arc fit jaillir le grand élan qui bouta l’ennemi hors de
France.
    « Demain, les armes de ceux qui se battent pour la
patrie chasseront l’ennemi de chez nous, parce que la même foi et la même
espérance survivent dans l’âme des Français…
    « Jeanne d’Arc ! Demain, 11 mai 1941, sous
votre égide, les Français se reconnaîtront. »

 
10.
    Ce même 11 mai 1941, vers midi, l’architecte de Hitler,
Albert Speer, attend dans le vestibule du Berghof d’être reçu par Hitler.
     
    Le Führer a demandé à Speer de venir à l’Obersalzberg lui
présenter les esquisses du Berlin des années 1950.
    Hitler veut que dans la capitale du Grand Reich on puisse, en
1950, organiser les parades grandioses de la victoire.
    Il a évoqué avec Speer, dans les jours précédents, les
détails des festivités et des bâtiments qui seront construits dans les dix
années à venir : un arc de triomphe, des palais bordant l’Avenue
Triomphale.
    De temps à autre, Hitler s’était interrompu, les yeux fixes,
assurant à Speer, sans dévoiler la date du déclenchement de l’opération Barbarossa ,
qu’il faudrait quatorze jours pour écraser l’armée russe et que, le pays
conquis, il faudrait le morceler.
    En 1950, le Grand Reich s’étendrait sur un immense Lebensraum.
     
    Dans le vestibule du Berghof, deux aides de camp de Rudolf
Hess – le compagnon des années 1920, l’adjoint du Führer à la tête du
parti nazi, l’héritier de Hitler, après Goering –, Leitgen et Pietsch,
« pâles et agités », attendent déjà et demandent à Speer de reporter
son entretien avec Hitler, car ils doivent remettre au Führer une lettre de
Rudolf Hess.
    Speer accepte.
     
    Hitler descend lentement de l’étage supérieur du Berghof.
    L’un des aides de camp – Karl Heinz Pietsch – est
appelé dans le salon où Hitler reçoit ses visiteurs.
    Speer commence à feuilleter ses esquisses.
    Il entend tout à coup un « cri inarticulé presque
bestial ».
    C’est le Führer qui hurle, gesticule, rugit, crie :
« Bormann, immédiatement, où est Bormann ? »
     
    Bormann est l’adjoint de Hess, son rival qui peu à peu s’empare
des pouvoirs de Hess, l’écarte du Führer, et entre les deux hommes la jalousie
s’installe.
    Hess se sent dépossédé, arraché à son amitié servile pour
Hitler.
    Cela, Speer le sait.
    Mais il ne comprend pas pourquoi Bormann doit entrer en
contact avec Goering, Ribbentrop, Goebbels et Himmler, les convoquer au Berghof.
    Speer, comme tous les hôtes privés, est prié peu après de se
retirer de l’étage supérieur.
     
    Ce n’est que quelques heures plus tard que Speer apprend ce
qui s’est passé et dont, dans sa lettre, Hess avertissait Hitler.
    En pleine guerre, l’adjoint de Hitler, l’un de ses intimes, presque
un ami, Rudolf Hess, s’est envolé vers le pays ennemi, l’Angleterre !
     
    Ce proche « camarade » du Führer n’a pas agi sur
un coup de tête ou un coup de folie.
    Hitler pourtant, dès la fin de la journée du 11 mai, commence
à l’affirmer.
    Rudolf Hess est certes obsédé par sa relation avec Hitler, affolé
à l’idée d’être peu à peu refoulé par les intrigues de Martin Bormann. Il veut
rester

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