1941-Le monde prend feu
Roosevelt, en mettant
en garde les États-Unis contre la menace japonaise ?
Mais Roosevelt se dérobe une nouvelle fois, connaissant les
réticences de son opinion publique à tout engagement dans la guerre.
Alors, il faudrait faire face.
Organiser des convois vers Mourmansk pour l’Union soviétique
et accepter les pertes causées dans ces mers glacées de l’extrême Nord par les
U-Boots et la Luftwaffe.
Il faut harceler les chefs d’état-major, les remplacer par
des hommes plus jeunes – lord Mountbatten et le général Alan Brook.
Il faut agir.
« J’aime qu’il se passe quelque chose, dit Churchill, et
s’il ne se passe rien, je fais en sorte qu’il se passe quelque chose ! »
Churchill bombarde ainsi de télégrammes, d’ordres, le
général Auchinleck afin qu’il attaque les troupes de Rommel qui menacent
toujours Tobrouk, l’Égypte.
Il faut repousser l’ Afrikakorps, préparer une
contre-offensive – l’opération Crusader – afin d’en finir avec
Rommel, ce renard du désert.
26.
Ce « renard » de Rommel est devenu en 1941 une
figure de légende.
Il hante les Britanniques qui se souviennent de la rapidité
avec laquelle Rommel a conquis la Cyrénaïque au printemps 1941.
Les Anglais ont découvert que le « renard du désert »
les a bernés souvent, alors qu’il n’avait à sa disposition que quelques
centaines de chars. Et maintenant il assiège Tobrouk.
L’état-major anglais rêve de le prendre au piège, de le
capturer car l’intelligence Service a réussi à l’automne à localiser le siège
du QG du « Renard ».
Il serait situé à Breda Littoria, à 320 kilomètres du
front. Des commandos britanniques débarquent à proximité. Ils parlent allemand,
ne portent sur leur uniforme aucun signe distinctif. Ils trompent les
sentinelles, pénètrent dans la maison où Rommel devrait résider. Échange de
coups de feu, des Allemands sont tués ainsi qu’un officier britannique.
Rommel a bien séjourné dans cette maison, mais il l’a
quittée il y a quelques jours.
Cet échec conforte la légende du Renard qui parcourt en
véhicule blindé des centaines de kilomètres. Et parfois, il est au milieu des
troupes anglaises.
Rommel est à bord d’un Mammouth , un véhicule
britannique capturé. Avec lui, l’autre chef allemand, le général Cruewell et
son état-major. À ces dix officiers s’ajoutent cinq soldats.
Nuit angoissante.
« Des soldats indiens porteurs de messages passaient
constamment près du Mammouth ! Des chars anglais avançaient vers le
front et des camions de marque américaine circulaient à travers le désert. Personne
ne se doutait que les généraux commandant le groupe blindé de l’ Afrikakorps se trouvaient là, dans cet ancien véhicule anglais, parfois à deux ou trois
mètres. »
C’est ainsi que se forge auprès de ses troupes l’attachement
à un chef légendaire, qui circule en première ligne et échappe à l’ennemi de
façon miraculeuse.
Rommel aimerait pourtant quitter la Cyrénaïque, l’Afrique. Il
écrit à son épouse, sa « chère Lu » :
« Chaleur effroyable, répète-t-il, invasion de
moustiques, chaleur féroce aussi bien la nuit que le jour. L’eau de mer est
trop chaude pour nous rafraîchir… Les nouvelles victoires remportées en Russie
font plaisir à entendre. Ici, tout est calme pour le moment. Mais je ne me
leurre pas. Nos tenaces amis de l’autre bord reviendront tôt ou tard. Je
commence à recevoir les premières félicitations à l’occasion de ma promotion au
grade de général de blindés. Bien entendu, je n’ai encore rien reçu d’officiel,
mais je crois comprendre que cela a été annoncé à la radio.
« Je passe ordinairement une bonne partie de mon temps
à circuler. Hier, je suis resté sur les routes pendant huit heures. Vous vous
imaginerez sans peine la soif qui m’étreint après une telle randonnée.
« J’espère pouvoir partir en avion pour me rendre au QG
du Führer dans une quinzaine.
« Il ne serait pas bon de le faire avant que l’affaire
de Russie soit plus ou moins terminée car on n’accorderait pas beaucoup d’attention
à mes intérêts…
« Le commandement italien est mécontent d’avoir si peu
son mot à dire dans ce qui se fait ici… Peut-être veut-il un éclat pour se
débarrasser de ma présence ou même de celle des forces allemandes. Ce n’est pas
moi, pour sûr, qui regretterais de
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