1941-Le monde prend feu
l’enthousiasme et la ferveur.
« Ce que nous sommes, commence-t-il.
« Nous sommes des Français de toutes origines, de
toutes conditions, de toutes opinions qui avons décidé de nous unir dans la
lutte pour la liberté de notre pays ! C’est à l’appel de la France que
nous avons obéi !
« L’article premier de notre politique consiste à faire
la guerre, c’est-à-dire à donner la plus grande extension et la plus grande
puissance possible à l’effort français dans le conflit… La grandeur de la
France est la condition sine qua non de la paix du monde. Il n’y aurait
pas de justice si justice n’était pas rendue à la France… »
Les applaudissements scandent le discours.
« Si l’on a pu dire que cette guerre est une révolution,
poursuit de Gaulle, cela est vrai pour la France plus que pour tout autre
peuple… Il n’y a pas le moindre doute que de la crise terrible qu’elle traverse
sortira pour la nation française un vaste renouvellement. »
De Gaulle unit dans son discours « Honneur et Patrie »
et « Liberté, Égalité, Fraternité… Et nous disons Libération ! ».
« La route que le devoir nous impose est longue et rude »,
conclut-il.
La foule chante. « Allons enfants de la Patrie… »
De Gaulle murmure en serrant les mains qui se tendent vers
lui :
« Aucun d’entre nous n’a le droit de se décourager ! »
25.
S’il est un homme qui, à l’égal de De Gaulle, estime, en cet
automne de 1941, qu’on n’a pas le droit de se décourager, c’est Winston
Churchill.
L’énergie et la détermination du Premier Ministre
britannique semblent inépuisables.
Il houspille les chefs d’état-major, il bombarde de
télégrammes les généraux, leur communique ses suggestions qui sont des ordres, exige
d’être tenu informé, heure par heure, du développement d’une opération.
Il suit particulièrement les attaques et contre-attaques qui
se succèdent en Cyrénaïque, s’inquiète chaque jour du sort de Tobrouk, objectif
des colonnes de Rommel, de cet Afrikakorps qui a remporté au printemps
de 1941 une série de succès.
Il craint que Rommel ne menace Le Caire, l’Égypte, et donc
le canal de Suez, cette artère vitale de l’Empire britannique.
Il harcèle le général Wavell, puis son remplaçant Auchinleck.
« Merci de veiller à ce que je reçoive une ample
provision de photos des théâtres d’opérations, par exemple Sollum, Bardia… Je
ne puis naturellement avoir la prétention de juger à distance des conditions
locales, mais la maxime de Napoléon semble bien s’imposer : “Frappez la
masse et tout le reste vient par surcroît.” »
On murmure dans les états-majors que Churchill a tendance à
penser « en termes de sabres et de baïonnettes », qu’il ne semble pas
comprendre que « des hommes armés seulement de fusils ne comptent pas dans
une guerre moderne », mais il bouscule toutes les résistances.
Ses messages sont surmontés d’une étiquette rouge, ACTION
THIS DAY, et ceux qui les reçoivent ne peuvent se dérober.
Ainsi, le 21 octobre 1941, quand les analystes qui
cherchent à Bletchey Park à casser le code naval et militaire d ’Enigma réclament
de nouveaux moyens, Churchill envoie aussitôt un message à étiquette rouge au
général Ismay :
« Faites en sorte qu’ils aient tout ce qu’ils demandent
en priorité absolue, et informez-moi dès que ce sera chose faite. »
Cependant, malgré l’énergie et le volontarisme de Churchill,
la situation de l’Angleterre en cet automne 1941 reste difficile.
Les villes anglaises sont bombardées chaque jour et on
relève des milliers de morts et de blessés sous les décombres.
Les convois, escortés pourtant par la marine américaine
entre les côtes des États-Unis et l’Islande, subissent les assauts des « meutes »
de sous-marins allemands. Et les pertes sont lourdes. C’est toujours « la
mer cruelle ».
Certes, la loi Prêt-Bail autorise le président Roosevelt à
vendre, à prêter, à louer des matériels militaires à tout pays dont la défense
est considérée par le président comme vitale pour celle des États-Unis.
Mais Roosevelt a refusé de s’engager plus avant.
Churchill a rencontré le président américain, le 9 août
1941, à Plamenton Bay, au large de Terre-Neuve. Il a traversé l’Atlantique à
bord du cuirassé Prince of Wales.
« On aurait dit que Winston montait au ciel à
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