1941-Le monde prend feu
passé si vite. Je pense à vous avec gratitude, ainsi
qu’à notre fils qui est pour moi une source de fierté. Avec ses dons
magnifiques, il devrait aller loin.
« Je m’arrête ici. Notre prochaine manœuvre commence
déjà.
« Je suis en excellente forme, plein d’entrain, prêt à
tout. »
Quelques jours plus tard, contredisant les communiqués de
victoire diffusés par le haut commandement de la Wehrmacht, Rommel confie à Lu :
« J’ai dû rompre l’action devant Tobrouk, à cause des
unités italiennes et aussi de la terrible fatigue des troupes allemandes. J’espère
que nous réussirons à échapper à l’encerclement et à tenir en Cyrénaïque.
« Je vais toujours bien.
« Vous pouvez imaginer ce que j’éprouve et mes
inquiétudes.
« À ce qu’il semble, nous n’aurons pas de Noël, cette
année. »
TROISIÈME PARTIE
Octobre
__
5 décembre 1941
« Et ce
sont ces gens sans honneur ni conscience, ces gens qui n’ont pas plus de sens
moral que de tête qui ont le front de prêcher l’extermination de la grande
nation russe – la nation de Plekhanov et de Lénine, de Belinski et de
Tchernichevski, de Pouchkine et de Tolstoï, de Gorki et de Tchékhov, de Glinka
et de Tchaïkovski, de Sechenov et de Pavlov, de Souvorov et de Koutouzov [3] !
Les
envahisseurs allemands veulent une guerre d’extermination contre les peuples de
l’Union soviétique. Eh bien ! s’ils veulent une guerre d’extermination, ils
l’auront. […]
Les peuples d’Europe
réduits en esclavage voient en vous leurs libérateurs… Soyez dignes de cette
grande mission… La guerre que vous faites est une guerre de libération, une
guerre juste. Une guerre où peuvent vous inspirer les figures héroïques de nos
grands ancêtres. Alexandre Nevski [4] ,
Dimitri Donskoï [5] ,
Minine et Pojarski [6] …
Pas de pitié pour les envahisseurs allemands : mort aux envahisseurs
allemands ! »
Joseph STALINE
6 et 7 novembre
1941 à Moscou
27.
Rommel, sur les cartes de la Russie qu’il affiche au siège
de son quartier général – ou dans le véhicule blindé qui en tient lieu –,
trace, dans les premiers jours d’octobre 1941, plusieurs grosses flèches noires
toutes dirigées vers Moscou.
L’une vient du sud, doit atteindre – occuper – les
villes d’Orel et de Toula.
L’autre partant de Smolensk, passe par Yelnia, Viazma, et se
situe au centre.
La dernière depuis le nord se dirige vers Volokolamsk, à
quelques dizaines de kilomètres de la capitale soviétique.
Et Hitler veut que la ville soit prise avant l’hiver, avant
Noël.
« Encerclez-les, écrasez-les, anéantissez-les », dit
rageusement le Führer, le visage contracté, les poings serrés et brandis.
Les camarades de Rommel, les généraux Guderian, von
Reichenau, ont lancé leurs divisions de Panzers, dès le 2 octobre. Orel
est tombée, et Otto Dietrich, l’attaché de presse de la Chancellerie du Reich, a
déclaré devant les correspondants des journaux étrangers en poste à Berlin :
« Sur le plan militaire, la Russie a cessé d’exister. Les
Anglais n’ont plus qu’à enterrer leur rêve d’une guerre sur deux fronts. »
La guerre contre la Russie est particulière.
Dès le 10 octobre, le Feldmarschall von Reichenau a
écrit et fait diffuser dans sa VI e armée des directives
concernant le « comportement des troupes dans les territoires de l’Est ».
« Le soldat dans les territoires de l’Est n’est pas
seulement un combattant conformément aux règles de l’art de la guerre, mais
aussi le porteur d’une idéologie nationale et le vengeur des bestialités qui
ont été infligées aux Allemands et aux nations racialement apparentées.
« C’est pourquoi le soldat doit avoir une totale
compréhension de la nécessité d’une revanche juste mais sévère contre la
sous-humanité juive. L’armée doit également viser l’annihilation des révoltes
ouvrières qui, ainsi que l’expérience le prouve, ont toujours été causées par
les Juifs.
« Le fait de nourrir les autochtones ou les prisonniers
de guerre qui ne travaillent pas pour les forces armées en utilisant les
cuisines de l’armée est un acte humanitaire erroné tout autant que l’est le
fait de leur donner du pain ou des cigarettes… »
La tâche historique de l’armée est de « libérer le
peuple allemand une bonne fois pour toutes du danger
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