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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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courageux.
    Le 17 juin 1940, il s’est tranché la gorge à Chartres
plutôt que de signer un document rédigé par les Allemands. Ceux-ci affirmaient que
des troupes noires françaises avaient exécuté des civils.
    Molesté, battu, emprisonné, Moulin a craint de ne pas
pouvoir résister à la torture. Il a préféré le suicide.
    On l’a arraché à la mort.
    Révoqué, il a mené son enquête en France sur l’état des forces
de la Résistance puis il a réussi – par Lisbonne – à gagner Londres.
    Ce 25 octobre 1941, à la fin de la matinée, il entre
dans le bureau de De Gaulle, à Carlton Gardens.
    Moulin est petit, mince, brun, le visage assez large, énergique,
les yeux vifs presque rieurs. Sa voix est claire, les phrases sont brèves et
précises.
    De Gaulle écoute.
     
    Moulin commente son rapport.
    Il analyse la situation des trois principaux mouvements de
résistance.
    Il a voulu, dit-il, avant de rejoindre Londres, évaluer la
force de Libération , de Franc-Tireur et de Combat.
    Il a vu leurs chefs : Emmanuel d’Astier de La Vigerie, Pierre-Jean
Lévy et le capitaine Henri Frenay. Ces hommes se sont réunis à Marseille, en
septembre 1941, pour unir leur action.
    « Il faut fédérer toutes les forces, dit Moulin. Il s’agit
de constituer en France un “réseau de commandement” qui créera un véritable
parti de la Libération. »
     

     
    Rarement de Gaulle s’est senti aussi proche d’un homme, un
patriote, un républicain, un homme d’expérience, un haut fonctionnaire.
    Et Moulin n’élude aucune question.
    « Une masse ardente de Français restés sous la botte
ronge son frein et n’attend qu’une occasion pour secouer le joug, dit-il. Si
aucune organisation ne lui impose une discipline, on jettera dans les bras des
communistes des milliers de Français qui brûlent du désir de servir, et cela d’autant
plus facilement que les Allemands eux-mêmes se font les agents recruteurs du
communisme. Tout acte de résistance est qualifié d’action communiste. »
    De Gaulle a confiance dans cet homme qui ose tout dire :
    « Il faut que dans six mois l’organisation gaulliste en
France dépasse en ampleur celle des communistes ; ce qui entraînera dans
ce mouvement de lutte contre l’Allemagne les communistes eux-mêmes. Et le
général de Gaulle symbolisera l’unité de la France réelle. »
    De Gaulle partage l’analyse de Moulin.
    Dans le mouvement incessant du monde, toutes les doctrines, toutes
les écoles, toutes les révoltes n’ont qu’un temps… « Tout passera. Le
communisme passera. Mais la France ne passera pas. »
     
    De Gaulle écrit :
    « Je désigne Jean Moulin comme mon représentant et
comme délégué du Comité national français pour la zone non directement occupée.
M. Moulin a pour mission de réaliser dans cette zone l’unité d’action de
tous les mouvements qui résistent à l’ennemi et à ses collaborateurs. »
     
    Moulin sera donc bientôt parachuté en France, en zone libre.
    De Gaulle sait que Moulin a envisagé tous les aspects de sa
mission, y compris la torture et la mort.
    Comment ne pas penser au sort de d’Estienne d’Orves, le
premier fusillé de la France Libre ?
    Mais le plus humble des résistants a accepté le sacrifice de
sa vie.
    De Gaulle veut que Moulin transmette à ces hommes héroïques
une lettre manuscrite.
    Il écrit sans que sa main hésite :
    « Mes chers amis,
    « Je sais ce que vous faites. Je sais ce que vous valez.
Je connais votre grand courage et vos immenses difficultés. En dépit de tout, il
faut poursuivre et vous étendre. Nous qui avons la chance de pouvoir encore
combattre par les armes, nous avons besoin de vous pour le présent et pour l’avenir.
    « Soyons fiers et confiants ! La France gagnera la
guerre et elle nous enterrera tous.
    « De tout mon cœur. »
     
    De Gaulle pense à ces résistants risquant leur vie dans l’ombre
lorsque le samedi 15 novembre 1941 il entre dans l’immense rotonde « ce
vaste vaisseau de l’Albert Hall » de Londres.
    Les projecteurs l’éclairent. Il lève les bras. La foule des
Français rassemblés au cœur de la capitale britannique emplit les gradins de
cette immense salle de concert.
    L’assistance crie, chante spontanément La Marseillaise.
    Au premier rang, les membres du Conseil national français. Et
derrière eux, un drapeau tricolore marqué de la croix de Lorraine avec sa garde
de soldats.
     
    De Gaulle est porté par

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