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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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pilotes l’a salué d’un geste de la main. Les musiciens
et les permissionnaires sur les ponts restent immobiles, tant la surprise est
grande d’entendre les premières explosions, de voir les réserves de mazout
exploser, une fumée tourbillonnante et noire envahir le ciel. Ils ne saisissent
le danger qu’au moment où tombent près d’eux les premiers tués. Les flammes s’élèvent.
Les navires s’embrasent. L’huile enflammée se répand sur la mer. Les
détonations ébranlent toute l’île Ford.
     

     
    Les cuirassés disparaissent dans les volutes noirâtres
cependant qu’on entend le haut-parleur de l’ Oklahoma répéter :
« Des vrais avions, des vraies bombes, ce n’est pas un exercice. » À
7 h 58, un message non codé est envoyé à toutes les unités et à
Washington : « Attaque aérienne sur Pearl Harbor. Ceci n’est pas un
exercice. » L’amiral Kimmel, du haut de la colline qui domine la rade, regarde,
paralysé, debout dans la pelouse de sa villa. Son visage est blanc comme son uniforme.
Près de lui, une femme d’officier murmure : « On dirait qu’ils ont eu
l’ Oklahoma. – Oui, c’est ce que je vois », répond l’amiral.
     
    En quelques minutes, c’est l’enfer pour des milliers d’hommes.
L ’Arizona explose – plus de mille hommes disparaissent. L ’Oklahoma et le Nevada se retournent et des centaines d’hommes restent enfermés
dans les coques cependant que d’autres tentent d’échapper aux flammes qui
dévorent la mer huileuse. Les ponts sont brûlants. Les soutes explosent. Les
avions alignés sur les terrains de Hickam et Wheeler sont mitraillés, incendiés.
Les chasseurs japonais passent et repassent, poursuivent les hommes isolés.
     
    On court, on se jette à terre puis on se redresse, on tire
avec toutes sortes d’armes, du revolver au fusil de chasse, de la mitrailleuse
au canon. Un marin, Walter, pour protéger le Pennsylvania en cale sèche,
fait rouler sa grue d’avant en arrière pour gêner les avions qui passent en
rase-mottes tentant d’atteindre le cuirassé. Tout ce qui vole est ennemi. Des
P40 de l’ Enterprise et les forteresses B-17 qui arrivent de
Californie sont pris pour cibles quand ils veulent se poser.
     
    C’est le désordre général avec des actes individuels d’héroïsme.
Les permissionnaires veulent regagner leurs navires qui ont disparu et voici qu’arrive
la seconde vague japonaise qui parachève le désastre (8 cuirassés coulés
ou gravement endommagés ainsi que 3 croiseurs légers, 3 destroyers, 4 navires
auxiliaires, 188 avions détruits et près de 4 000 morts et
blessés).
     
    Les Japonais n’ont perdu que 29 appareils et leurs 5 sous-marins
de poche. Sur une plage, on découvre le corps inanimé de l’enseigne Sakamaki :
le premier prisonnier japonais.
     
    Dans tous les États-Unis, les radios interrompent leurs
programmes. Les journaux sortent des éditions spéciales : « Les Japs
attaquent ! » « War ». Le monde bascule puisque l’Amérique
entre dans la guerre, qui devient mondiale.
     
    « Nous devons faire face à la grande tâche qui est
devant nous en abandonnant immédiatement et pour toujours l’illusion que nous
pourrions nous isoler du reste du monde », déclare Roosevelt.
     
    Tout le peuple, toute la classe politique se rassemblent
autour du président. Même si certains se demandent s’il n’a pas manœuvré
machiavéliquement pour que les Japonais attaquent Pearl Harbor – la flotte
servant d’appât – et fassent ainsi basculer dans la guerre un pays
réticent et divisé.
     
    Mais l’heure n’est pas aux questions et aux critiques. Il
faut faire face. Des matelots sont enfermés dans leur cercueil d’acier.
    Tout le monde applaudit Roosevelt quand il arrive au Congrès,
appuyé au bras de son fils en uniforme, et qu’il lance de la tribune d’une voix
forte et résolue : « Hier, 7 décembre 1941, ce jour qui restera
à jamais marqué du sceau de l’infamie. »

 
39.
    Ce dimanche 7 décembre 1941, « jour d’infamie »,
Winston Churchill séjourne aux Chequers, la résidence de week-end du
Premier Ministre.
    Il a travaillé avec le chef d’état-major, suivi, message
après message, le développement de la contre-offensive russe, interrogé l’ambassadeur
britannique à Moscou, porté des toasts à ce général Joukov, houspillé les
généraux britanniques qui, en Cyrénaïque, face à Rommel, ne sont pas assez
audacieux.

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