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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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fascistes, manifeste cependant la volonté de l’aile extrême de la
collaboration de se doter d’une force – une Milice  – qui
jouerait le rôle des SS.
    « J’ai choisi, explique Joseph Darnand, ou plutôt j’ai
invité ceux qui étaient de véritables révolutionnaires, ceux qui pensaient sur
le plan social qu’une véritable révolution devait se faire, qu’il fallait qu’on
change complètement de régime, j’ai invité tous ces hommes à se joindre. C’est
ainsi qu’on a fait le SOL. On a dit deux mille hommes. En réalité, ce sont des
milliers d’hommes. »
     
    Que faire d’eux ? Darnand sent bien que le chef du
gouvernement, l’amiral Darlan, est un « attentiste » qui, comme tant
d’autres, proches de Pétain, n’est plus persuadé que l’Allemagne gagnera la
guerre.
    Il faut « nettoyer » Vichy de ces hommes-là.
     
    Certains membres du SOL envisagent de « marcher sur
Vichy », comme jadis, en octobre 1922, Mussolini a « marché sur Rome »
et pris le pouvoir.
    Mais Darnand n’est pas l’homme des coups d’État.
    Il suit Pierre Laval qui espère, avec l’appui des Allemands,
revenir au pouvoir.
     
    Le 20 mars, au Quai d’Orsay, dans le bureau ministériel
que Laval a occupé avant la guerre, Goering, plus obèse que jamais, reçoit l’ancien
ministre.
    Le Reichsmarschall parle, au bord de l’essoufflement, haletant.
    « Nous nous sommes trompés, dit Goering. Nous avions
cru que nous pouvions rechercher avec votre pays une collaboration sincère. Nous
avons révisé notre politique et, désormais, nous traiterons la France en fonction
des sentiments d’hostilité qu’elle ne cesse de nous manifester. »
    Les officiers SS – le général Oberg, et son adjoint le
colonel Knochen – vont mettre en œuvre cette politique. Ils ont servi en
Pologne.
    Goering, en raccompagnant Laval, lui confie même :
    « Si le maréchal Pétain vous offre de revenir au
pouvoir, refusez. Ce serait pour vous beaucoup trop tard ou beaucoup trop tôt. Vous
avez été pour nous un ennemi honnête. Nous nous retrouverons peut-être un jour
après la guerre quand la paix sera signée et alors vous pourrez défendre les
intérêts de votre pays. »
     
    Mais Laval ne renonce pas. Il obtient de rencontrer
secrètement Pétain, dans la forêt de Randam proche de Vichy. Il veut affoler le
Maréchal.
     
    Goering, dit-il, à cause de la politique de Darlan, attentiste,
proaméricaine, lui a annoncé que Hitler voulait nommer un Gauleiter, qui
traitera les Français comme les Polonais.
    « Je suis le seul à pouvoir éviter cela », répète
Laval.
     
    C’est le temps des manœuvres, des pressions et des rumeurs
qui commence, comme si Laval avait enfoui sa canne dans la fourmilière
vichyssoise, où chacun veut rester au pouvoir.
    Averti de la rencontre Pétain-Laval et des intentions de ce
dernier d’être nommé à la tête du gouvernement, l’ambassadeur des États-Unis
auprès de Pétain transmet au Maréchal un ultimatum de Roosevelt : si Laval
revient au pouvoir, les États-Unis rompront les relations diplomatiques avec la
France.
    Pétain rassure l’amiral Leahy : il ne laissera plus
jamais Laval jouer un rôle politique.
     
    Peu après, l’ambassadeur allemand à Vichy, Krug von Nida, averti
des propos de Pétain, notifie à l’amiral Darlan que le Führer a déclaré :
    « Selon que le Maréchal chargera ou non Laval de former
le gouvernement, je jugerai si la France préfère l’amitié des États-Unis à
celle de l’Allemagne. »
     
    Le piège s’est refermé sur Pétain.
    Le docteur Ménétrel, l’un de ses intimes, vient de passer
deux jours à Paris. Il a vu l’ambassadeur Abetz, et Laval.
     
    « Ou je reviens au pouvoir ou un Gauleiter est nommé »,
a dit Laval, et Otto Abetz a confirmé.
    Brinon – ambassadeur de Vichy à… Paris – prévient
le Maréchal que « les Allemands se refuseront à toute conversation tant
que Laval ne sera pas chef du gouvernement ».
    Le 15 avril 1942, Pétain murmure :
    — Si j’envisage son retour, c’est afin d’éviter aux
Français des malheurs et des souffrances.
    Il soupire, ajoute :
    — Mais je me demande ce qu’il y a de véridique dans les
menaces proférées…
     
    Les ministres, Darlan, la plupart des proches s’efforcent de
démontrer à Pétain que « les Allemands ne peuvent rien ».
    « À la veille de la campagne de printemps et d’été en
Russie, il est exclu que le

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