1943-Le souffle de la victoire
confortablement installé en Europe, ne trouva jamais rien
de mieux, comme remède à nos misères, que des ordres de résistance jusqu’au
bout ».
Que s’est-il passé d’autre à Stalingrad ?
7.
Où est ce renard de Rommel ?
De Gaulle, dans son bureau de Carlton Gardens, le siège de
la France Combattante à Londres, a fait déployer une carte de la Tunisie.
Il pointe du doigt le défilé de Faïd, au nord de Gabès.
Là, le 2 décembre 1942, un bataillon du 7 e régiment
de tirailleurs algériens, appuyé par des parachutistes américains, a bousculé
la V e armée allemande, première victoire de l’armée d’Afrique
depuis son entrée dans la guerre.
Les tirailleurs avaient fait 120 prisonniers.
De Gaulle reste un long moment penché sur la carte, puis d’un
mouvement brusque il se redresse.
Il murmure : « Que de temps perdu ! »
Le général Giraud et l’amiral Darlan – ce dernier « exécuté »
le 24 décembre 1942 par le jeune patriote Bonnier de La Chapelle qu’on a
fait fusiller dans la nuit – ont commencé par résister au débarquement des
troupes américaines.
Quel gâchis, que de souffrances vaines : 3 000 Français
tués ou blessés, des pertes identiques du côté des Américains.
Et la Tunisie oubliée dans les plans américains ! Les
Allemands et les Italiens ont occupé le pays et il faut maintenant les chasser.
Où est ce renard de Rommel ?
Il devra faire face aux troupes américaines venues d’Algérie,
appuyées par les « giraudistes », et aux Anglais de Montgomery
progressant du sud vers le nord, de la Tripolitaine à la Tunisie.
« Bientôt, dit de Gaulle d’une voix solennelle, la
colonne du général Leclerc qui a conquis le Fezzan fera sa jonction avec les
troupes britanniques. »
« Que d’années perdues ! » répète de Gaulle.
Si en 1940 l’Afrique du Nord avait refusé de suivre Pétain
et Laval, le sort de la guerre, de la France eût été différent.
Or rien n’est réglé en ce début d’année 1943 !
« Ce qui se passe en Afrique du Nord, du fait de Roosevelt,
est une ignominie, dit de Gaulle. Une sorte de nouveau Vichy, sans Pétain, est
en train de se reconstituer sous la coupe des États-Unis. »
La législation antisémite de Vichy est maintenue. Les
gaullistes qui ont préparé le débarquement américain sont menacés, poursuivis, certains
incarcérés. La presse est censurée. Les prisonniers politiques, c’est-à-dire
les partisans de la France Libre, continuent d’être parqués dans des camps de
concentration.
« L’effet de cette situation sur la résistance en France
est désastreux, reprend de Gaulle. Quelques gaffes de cette sorte commises par
les Américains, et la Résistance ne croira plus à la capacité et à la pureté de
la France Combattante. Ce sont les communistes qui se présenteront comme les
durs et les purs alors qu’ils ont commencé la guerre en désertant le combat, alors
qu’ils ont attendu l’entrée en guerre de l’URSS pour me faire un signe et ne
plus m’attaquer. »
De Gaulle marche de long en large, bras croisés, buste
penché.
Il sent, il sait que le moment est crucial.
Roosevelt, suivi par Churchill, veut se débarrasser de la
France Combattante, s’appuyer sur ce général Giraud qui a fait acte d’allégeance
à Pétain mais qui est aussi un adversaire résolu des Allemands.
De cette manière, on écartera de Gaulle et ses ambitions.
Ce de Gaulle, répète le président des États-Unis, personne
ne l’a élu, « c’est un fanatique et une nature fasciste ! La
légitimité, c’est Pétain qui l’incarne. Il faut briser ce général de coup d’État
qui veut reconstituer l’Empire français ».
Mais Roosevelt en est persuadé, l’heure est à la fin des
colonies. Maroc, Algérie, Tunisie, Afrique-Occidentale ou Équatoriale, tous ces
territoires doivent accéder à l’indépendance ou la retrouver !
Quant à Churchill, dans un grand discours à la Chambre des
communes réunie en comité secret, il a justifié les choix de Roosevelt.
Le Premier ministre anglais a déversé toutes ses rancœurs
accumulées contre de Gaulle, évoquant le « caractère difficile du général »,
l’« étroitesse » des vues de cet « apôtre de l’anglophobie ».
« Je ne vous recommanderai pas de fonder tous vos
espoirs et votre confiance sur cet homme, a-t-il dit aux députés. Il ne faut
pas croire qu’à
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