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1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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remarque-t-il, de Gaulle voit Wilbur tremper un chiffon dans la boue
et barbouiller les vitres du véhicule. La venue de De Gaulle doit demeurer
secrète.
    On arrive dans le quartier d’Anfa, situé sur une colline. De
grandes villas sont dispersées dans un parc. De Gaulle descend. Il remarque les
postes de garde américains, les barbelés, les sentinelles qui vont et viennent,
empêchant quiconque de sortir ou d’entrer sans l’autorisation du commandement
américain.
    Il est sur une terre « française » et il se sent
captif. On lui inflige une « sorte d’outrage ».
    Donc, ici, plus que jamais, face à ce Premier ministre et à
ce Président qui agissent en souverains, il ne faut pas céder d’un pouce. Question
de dignité. Et choix politique : que serait demain la France libérée si
elle avait commencé d’accepter la loi de deux « protecteurs » ?
    Nous battons-nous pour changer d’occupants et de maîtres ?
     
    Il salue Giraud, qui n’a pas changé depuis qu’ils s’étaient
croisés à Metz, en 1938, avec sa vanité à fleur de peau, ce ton de
condescendance et cette assurance presque naïve.
    « Bonjour, Gaulle, lance Giraud.
    — Bonjour, mon général, répond de Gaulle. Je vois que
les Américains vous traitent bien ! »
    Giraud ne paraît pas avoir saisi la critique. Soyons plus
précis !
    « Eh quoi, reprend de Gaulle, je vous ai par quatre
fois proposé de nous voir et c’est dans cette enceinte de fil de fer, au milieu
des étrangers, qu’il me faut vous rencontrer ! Ne sentez-vous pas ce que
cela a d’odieux au point de vue national ? »
    Boislambert s’approche, lui dit à voix basse que la maison
est surveillée par des sentinelles américaines.
    Inacceptable. Deux chefs français ne peuvent être gardés par
d’autres troupes que celles qui relèvent de leur commandement. De Gaulle ne
passera à table que lorsque des soldats français auront remplacé les Américains.
    Une heure et demie d’attente. Enfin, voici la Légion qui
prend position.
    On peut commencer à déjeuner. Giraud raconte son « évasion
extraordinaire » d’Allemagne.
    « Mais comment avez-vous été fait prisonnier, mon
général ? » demande de Gaulle.
    Puis il se tourne vers Boislambert. Que le commandant
raconte ce qu’il a vu dans les prisons de Vichy et en France occupée. Que
Giraud comprenne ce qui se passe dans le pays.
    Boislambert parle des cheminots, des masses ouvrières qui se
soulèvent contre l’occupant. Giraud hausse les épaules. La Résistance, dit-il, ce
sont les élites. Puis il évoque les gouverneurs des colonies. Boisson, Noguès, tous
ces hommes de Vichy dont la collaboration lui paraît indispensable.
    À quoi bon poursuivre ?
     
    Dans l’après-midi, Churchill.
    Le Premier ministre est tendu.
    De Gaulle s’emporte. Il ne serait pas venu, dit-il, s’il
avait vu qu’il serait « encerclé en terre française par des baïonnettes
américaines ».
    « C’est un pays occupé ! s’écrie en français
Churchill. Si vous m’obstaclerez, je vous liquiderai. »
    Puis il se calme, esquisse sa solution au problème français.
Un triumvirat, de Gaulle, Giraud et le général Georges que l’on ferait venir de
France.
    Georges ! L’adjoint de Gamelin !
    « Pour parler ainsi, répond de Gaulle, il faut que vous
perdiez de vue ce qui est arrivé à la France… »
    Il écoute silencieusement quand Churchill menace, prétend qu’il
faut accepter la présence des hommes de Vichy, Noguès, Boisson, Peyrouton, ancien
ministre de l’intérieur de Vichy, Bergeret. Ils entreraient au Comité national.
    « Les Américains les ont maintenant adoptés et veulent
qu’on leur fasse confiance », conclut-il.
    De Gaulle se lève.
    « Je ne suis pas un homme politique qui tâche de faire
un cabinet et tâche de trouver une majorité… », dit-il.
    « Ce soir, reprend Churchill, vous conférerez avec le
président des États-Unis et vous verrez que, sur cette question, lui et moi
sommes solidaires. »
     
    Qu’imaginent-ils ? Qu’il va céder ?
    Il apprend que, avant de le recevoir, Roosevelt a donné un
grand dîner en l’honneur du sultan du Maroc et laissé entendre que la France ne
pourra plus être une grande puissance assumant un protectorat.
    Que croit donc Roosevelt ?
    De Gaulle parcourt à grands pas en compagnie de Boislambert
les quelques centaines de mètres qui séparent sa villa de celle du Président. Il
entre dans le salon, qu’il

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