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1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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affaires politiques.
    Mais de Gaulle sent bien que, à Londres et à Washington, on
n’a pas accepté qu’il soit le chef de ce gouvernement français, fût-il
provisoire.
    Alger se peuple de tous ceux qui, patriotes, sont aussi
antigaullistes et ont été et restent souvent d’ardents pétainistes.
    Et de Gaulle ne peut accepter que la France Combattante soit
ainsi entravée.
     
    Souvent le dimanche, il quitte Alger. Il a besoin de s’isoler.
     
    Ce mois de septembre 1943 est aussi brûlant que l’été.
    De Gaulle se rend dans une petite maison de Kabylie. Il
médite en marchant dans la campagne sur ces chemins caillouteux que bordent des
figuiers.
    Sur les terres arides, autour des bergeries de pierres
sèches, les moutons paissent une herbe jaune. La mer est aussi loin que le
semblent la guerre et le siècle. Et tout à coup, surgit un vieillard qui porte
des décorations, qui a servi à Verdun.
    L’Histoire et la France ont creusé leur sillon dans ce temps
qui paraît immobile.
    « Les hommes, murmure de Gaulle, si lassants à voir
dans les manœuvres de l’ambition, combien sont-ils attrayants dans l’action
pour une grande cause ! »
     
    De Gaulle rentre à Alger, plus résolu encore à faire
triompher la cause de la France, à écarter ceux qu’aveuglent leurs ambitions et
qui ont trahi la patrie.
    Il se souvient de Clemenceau disant, en 1917 : « Le
pays connaîtra qu’il est défendu. »
    Il faut dire aussi : « Le pays, un jour, devra
connaître qu’il est vengé. »
     
    On lui parle de Pierre Pucheu, cet ancien ministre de l’intérieur
de Vichy, en 1941-1942. Pucheu a dressé la liste des otages du camp de
Châteaubriant que les Allemands devaient exécuter pour venger la mort du
Feldkommandant de Nantes abattu par des résistants. Il a choisi des communistes.
Pucheu a abandonné Vichy et sollicité de Giraud le droit de servir dans une
unité combattante. L’ancien ministre se trouve en résidence forcée au Maroc. Que
faire de lui et des collaborateurs ?
    De Gaulle répond aux journalistes qui s’interrogent sur ce
qu’ils appellent l’« épuration » :
    « La justice est une affaire d’État au service exclusif
de la France. »
     
    Le 3 septembre, le CFLN décide d’« assurer dès que
les circonstances le permettront l’action de la justice à l’égard du maréchal
Pétain et de ceux qui ont fait ou feront partie des pseudo-gouvernements formés
par lui qui ont capitulé, attenté à la Constitution, collaboré avec l’ennemi, livré
des travailleurs français aux Allemands, et fait combattre des forces
françaises contre les Alliés ou contre ceux des Français qui continuaient la
lutte ».
    Giraud vote le texte.
    Comprend-il que Pucheu, auquel il a assuré qu’il pourrait
effacer son passé en combattant, est concerné ? Qu’on va emprisonner l’ancien
ministre à Meknès ? Et que d’autres qui furent dans son entourage peuvent
aussi être poursuivis ? Que tout cela marque la victoire des idées de la
France Combattante ?
     
    De Gaulle regagne la villa des Glycines, sa résidence. Il s’enferme
dans son bureau. Les dossiers s’entassent. Rapports à lire. Décisions à prendre.
Manœuvres et peut-être complots à déjouer.
    Giraud est coprésident et commandant en chef. L’armée, puisque
l’état de siège dure, conserve presque tous les pouvoirs.
    Les services de renseignements de cette armée, les SR, qui
hier travaillaient pour Vichy, sont maintenant au service de Giraud. Anti-allemands,
les officiers qui les dirigent sont aussi antigaullistes. Ils refusent de
fondre les SR dans le BCRA, les Renseignements de la France Libre.
    Les « giraudistes » agissent de concert avec les
services secrets anglais. Ils espèrent sans doute détacher la Résistance de De
Gaulle.
     
    Ils ne réussiront pas. Les liens tissés par Jean Moulin ne
peuvent être tranchés, parce que tous ceux que guide l’intérêt de la France
savent que l’unité des patriotes autour de De Gaulle est la condition de la
renaissance et de la souveraineté nationale.
    De Gaulle le dit devant des foules rassemblées pour l’acclamer,
l’écouter, à Casablanca, à Oran, à Alger.
     
    Il rappelle qu’il y a quatre ans, le 3 septembre 1939, la
guerre commençait.
    « Nous avons chancelé, oui, c’est vrai ! reconnaît-il.
    « À cause de l’esprit d’abandon d’une fraction de ce qu’il
est convenu d’appeler les élites, à cause de la trahison de

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