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1944-1945-Le triomphe de la liberte

1944-1945-Le triomphe de la liberte

Titel: 1944-1945-Le triomphe de la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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pas », dit de Gaulle.
    Longs débats. Peut-on être absent alors que le Débarquement
a lieu ? On vote. Seuls quatre commissaires sont opposés au voyage.
    « Je n’ai pas l’honneur d’avoir la majorité », dit
de Gaulle.
    Il partira donc pour Londres.
     
    Il n’a pas encore donné sa réponse à Duff Cooper. Jusqu’au
bout, il faut soupeser, faire sentir aussi que l’on ne cède pas.
    À 10 heures, il reçoit l’ambassadeur britannique.
     
    À 11 heures, il serre la main de chacun des membres du
gouvernement.
    Il se sent ému, grave. Il approche du moment où l’espoir
qu’il avait eu en juin 1940 va enfin devenir réalité.
    Mais il faut déjà voir au-delà.
    « Il faut regarder loin dans l’avenir, celui des
relations franco-britanniques, dit-il aux ministres. Il ne faut pas qu’on
puisse dire que la France était absente du quartier général dans l’assaut de
l’Europe. »
    Il ne veut pas qu’un ministre l’accompagne afin de pouvoir
refuser à Churchill toute négociation.
    Il partira avec quelques proches : Palewski, le général
Béthouart, Billotte, ainsi que Geoffroy de Courcel et Teyssot, Hervé Alphand et
Soustelle.
     
    En arrivant sur l’aéroport d’Alger-Maison-Blanche, il devine
le soulagement de Duff Cooper qui se tient près de l’échelle du York de
Churchill.
    Puis c’est l’envol, une escale à Casablanca, et l’entrée
dans cette grisaille qui couvre la Manche et les îles britanniques.
    Il pleut, ce 4 juin au matin, quand de Gaulle regarde
par le hublot cette fanfare qui se tient au pied du hangar devant lequel
s’immobilise le York. Elle joue La Marseillaise.
    Il se souvient de son arrivée ici, le 17 juin 1940. Et
dans la voiture qui le conduit vers l’hôtel Claridge, à chaque regard, un
souvenir revient. Si longues, ces années de solitude et de combat !
    Il lit les messages qu’on lui remet. Le premier est du
général Juin. Les troupes françaises sont entrées à Rome !
    Il a une bouffée de joie et d’orgueil. Il dicte, tout en
allant et venant, les mots qui surgissent d’un seul élan :
    « L’armée française a sa large part dans la grande
victoire de Rome. Il le fallait ! Vous l’avez fait ! Général Juin,
vous-même et les troupes sous vos ordres sont dignes de la patrie. »
    Il se sent renforcé. Dans un message, Eisenhower parle de la
« courageuse action du corps expéditionnaire français », de la
« tenue superbe des troupes ».
     
    Tout cela est de bon augure, mais de Gaulle contient
aussitôt son optimisme. On essaie peut-être aussi, avec cet accueil en fanfare,
de le préparer à accepter ce qu’il a déjà refusé : AMGOT et monnaie
étrangère.
    Il lit le dernier message. Il est écrit par Winston
Churchill. Dieu qu’il est aimable !
    « Mon cher général de Gaulle,
    « Bienvenue sur ces rivages ! De très grands
événements militaires vont avoir lieu. Je serais heureux que vous puissiez
venir me voir ici, dans mon train qui est près du quartier général du général
Eisenhower, et que vous ameniez une ou deux personnes de votre groupe. Le
général Eisenhower espère votre visite et vous exposera la situation militaire
qui est extrêmement importante et imminente. Si vous pouvez être ici pour
13 h 30, je serais heureux de vous offrir à déjeuner. Nous nous
rendrions ensuite au quartier général du général Eisenhower. Faites-moi
parvenir de bonne heure un message par téléphone de façon à ce que je sache si
cela vous convient ou non.
    « Sincèrement à vous. »
    Il donne son accord. Les voitures partiront vers
11 heures. Il invite Béthouart et Billotte, Koenig et Viénot à
l’accompagner. Une ou deux personnes, a dit Churchill. Ce sera quatre !
     
    On roule vers Portsmouth. La pluie parfois, le ciel bas et
gris toujours. À Droxford, un train.
    De Gaulle aperçoit Churchill, le corps serré dans un
uniforme de la Royal Air Force, qui avance sur le ballast, les bras ouverts.
    Il voit aux côtés du Premier ministre le maréchal Smuts, le
gouverneur de l’Afrique du Sud, qui, il y a quelques semaines, a affirmé que la
France ne retrouverait plus sa grandeur passée et n’aurait pas d’autre choix
que d’entrer dans le Commonwealth ! Comment être chaleureux ?!
    Dans le wagon-salon, de Gaulle s’assied en face de
Churchill. Une table recouverte d’un tapis vert les sépare.
     
    Il observe Churchill qui semble surexcité, les joues rouges,
l’œil brillant. Et naturellement,

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