1944-1945-Le triomphe de la liberte
plusieurs
semaines ?
Eisenhower paraît gêné, hésitant.
« Mon général, dit-il enfin, j’adresserai le jour du
Débarquement une proclamation à la population française, et je vous demanderai
d’en faire une également. »
Voilà le second piège.
« Vous, une proclamation au peuple français ? dit
de Gaulle d’un ton glacial. De quel droit ? Et pour leur dire
quoi ? »
Il prend le texte d’un mouvement vif, le parcourt.
Colère. Indignation.
Le peuple français est invité à « exécuter les
ordres » d’Eisenhower. L’administration doit rester en place. Une fois la
France libérée, les Français choisiront eux-mêmes leurs représentants et leur
gouvernement.
Pas une seule référence au Gouvernement Provisoire, à de
Gaulle. Une fois de plus, la France est traitée en mineure, les hommes de Vichy
sont maintenus en place !
C’est la politique de Roosevelt qui continue. Et à quoi bon
proposer de modifier ce texte alors qu’il est déjà tiré à quarante millions
d’exemplaires ?
Quel serait dans ces conditions le sens d’une intervention à
la radio, sinon d’accepter cette soumission de la nation, cet effacement de la
France Combattante, de l’indépendance de son Gouvernement Provisoire ?
De Gaulle refuse de rentrer à Londres avec le train de
Churchill. Il va regagner la capitale en voiture avec ses compagnons.
Il apprend que la BBC, sans consulter le général Koenig ou
le BCRA, Bureau Central de Renseignements et d’Action, vient de lancer
l’équivalent d’un appel à l’insurrection générale !
Fureur. Amertume.
De Gaulle, les dents serrées, se laisse aller à la colère.
Churchill est un gangster.
« On a voulu m’avoir. On ne m’aura pas. Je leur dénie
le droit de savoir si je parle à la France. »
Il refuse que les officiers français de liaison
administrative, pourtant formés dans ce but, débarquent avec les Alliés.
Ce n’est pas une question de stupide orgueil, mais le
principe de la souveraineté nationale qui est en cause. La France est-elle une
nation indépendante ou bien sera-t-elle traitée par les vainqueurs comme un
pays de second rang auquel on impose des lois, une « fausse
monnaie » ?
De l’autre côté de la Manche, les Allemands ignorent ces
tensions entre de Gaulle et les Alliés, ces hésitations d’Eisenhower quant à la
date du D-Day , les choix longuement préparés des plages normandes –
80 kilomètres de front d’ouest en est, Omaha Beach, Utah Beach, Juno, Gold
et Sword.
Le samedi 3 juin, Rommel note :
« Ai passé l’après-midi avec le commandant en chef du
front ouest. Von Rundstedt envisage de se rendre en Allemagne. »
Le 4 juin, le chef du service de météorologie de la
Luftwaffe à Paris a fait savoir qu’en raison des mauvaises conditions
atmosphériques on ne pouvait prévoir une action alliée avant une quinzaine de
jours au moins.
Rommel prend ses dispositions pour quitter en auto son
quartier général de La Roche-Guyon.
Il a obtenu de von Rundstedt l’autorisation de partir dans
la matinée du 5 juin.
« Un débarquement pendant cette période est d’autant
moins à craindre que les marées vont être des plus défavorables au cours des
jours suivants. En outre, aucune multiplication des reconnaissances aériennes
n’a signalé l’imminence d’une opération de ce genre. L’important pour moi est
d’avoir une conversation avec le Führer à l’Obersalzberg, pour lui exposer notre
infériorité numérique et matérielle dans l’éventualité d’un débarquement et lui
demander d’envoyer en Normandie deux divisions blindées supplémentaires, dont
une de DCA, et une brigade de lance-fusées… »
Après avoir rédigé ce rapport, Rommel monte dans sa voiture
et prend la route de Herrlingen pour passer la nuit avec sa famille et, de là,
gagner Berchtesgaden pour conférer avec le Führer.
DEUXIÈME PARTIE
5 juin
__
20 juillet 1944
« Les
armées allemandes et anglo-saxonnes sont aux prises sur notre sol. La France
devient un champ de bataille… Français, n’aggravez pas vos malheurs par des
actes qui risqueraient d’appeler sur vous de tragiques représailles…
Obéissez
donc aux ordres du gouvernement… Les circonstances de la bataille pourront
conduire l’armée allemande à prendre des dispositions spéciales dans les zones
de combat. Acceptez cette nécessité…
Discours radiodiffusé
de
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