1944-1945-Le triomphe de la liberte
PÉTAIN
enregistré il y a
plusieurs semaines,
matinée du mardi
6 juin 1944
« La
bataille suprême est engagée : bien entendu, c’est la bataille de France
et c’est la bataille de la France… La France, submergée depuis quatre ans, mais
non point réduite ni vaincue, la France est debout… Derrière le nuage si lourd
de notre sang et de nos larmes, voici que reparaît le soleil de notre
grandeur. »
Discours du général DE GAULLE
prononcé à Londres
devant les micros
de la BBC,
soirée du mardi
6 juin 1944
17.
C’est la nuit du lundi 5 au mardi 6 juin 1944.
Les premiers avions chargés de parachutistes ont décollé.
Ils vont larguer entre minuit et 3 heures du matin trois divisions de
troupes aéroportées.
L’avant-garde de cette avant-garde est composée de
« Français Libres », les Free French de 1940. Ils portent le
béret rouge de la brigade d’élite britannique Special Air Service (SAS).
Ils sont parachutés en Bretagne, là où se concentrent les divisions de réserve
allemandes. Ils doivent harceler, saboter les moyens de l’ennemi, encadrer les
maquisards bretons très nombreux.
Cinq heures plus tard – à 6 h 30 –, cinq
divisions doivent prendre pied sur les plages de Normandie sous la protection
d’un gigantesque bombardement aérien et naval.
Eisenhower a donc choisi de suivre les prévisions du
responsable des services de météorologie, le « Group Captain » Stagg
de la RAF qui dans la nuit du 4 au 5 juin – initialement prévue pour
le Débarquement, mais retardée pour cause d’intempéries – a remis un
rapport précis, ouvrant une fenêtre pour l’action.
« Des conditions favorables, écrit Stagg, prévaudront à
intervalles dans toute la Manche pendant la journée du lundi 5 juin et se
maintiendront au moins jusqu’à l’aube du mardi 6 juin. Les vents tomberont
sur les côtes de Normandie… Les bancs de nuages seront brisés et ne descendront
pas au-dessous de 900 mètres environ… Après cet intervalle le temps
redeviendra à nouveau nuageux ou menaçant dans l’après-midi du mardi… »
Le D-Day sera donc le mardi 6 juin.
Les commandants d’unités reçoivent, après des jours de
secret et d’incertitude, les cartes de leurs objectifs.
Et chaque homme prend connaissance du message personnel que
lui adresse le maréchal Montgomery.
« Prions pour que le Dieu des armées nous accompagne et
que Sa Grâce spéciale nous aide dans la bataille. »
Les premiers messages des parachutistes parviennent au
quartier général.
Le détachement des Français du SAS a déjà rencontré les
responsables des maquis, enthousiastes. Ils espèrent rassembler et diriger
plusieurs milliers d’hommes. L’un des groupes de parachutistes s’est heurté à
des ennemis, sans doute des Géorgiens enrôlés dans la Wehrmacht. Un caporal,
Émile Bouétard, Français Libre, est mort dans cette escarmouche, le premier de
ce Jour J.
À 2 h 40, ce 6 juin, après les premiers
atterrissages, le général Speidel, chef d’état-major de Rommel, téléphone au
Feldmarschall :
« On ne pense pas qu’il s’agisse ici d’une opération
importante », dit-il.
À 4 heures, le Führer interdit par téléphone à von
Rundstedt d’utiliser ses divisions de réserve.
« Il convient d’attendre le plein jour pour avoir une
vision claire de la situation. »
Ce n’est qu’à 16 h 55 que l’état-major du Führer
ordonnera de contre-attaquer et de réduire dans la nuit les « têtes de
pont » qu’ont réussi à créer les troupes alliées : « La plage
devra être nettoyée cette nuit au plus tard. »
Voilà cinq jours et cinq nuits que les bombardiers de la RAF
et de l’US Air Force écrasent la France sous des milliers de tonnes de bombes.
Ils disloquent les voies de communication ferroviaires et routières, les gares,
les ponts. La Wehrmacht est paralysée et la multiplication des raids à
l’ensemble de la France ne permet pas de situer les lieux de débarquement.
Mais cette nuit du lundi 5 au mardi 6, les canons des
cuirassés et des croiseurs ont martelé le « Mur de l’Atlantique »
cependant que les raids aériens rasent les villes : du Havre à Cherbourg,
pas une seule agglomération qui ne soit transformée en ruines.
Les victimes civiles françaises se comptent par milliers.
Et malgré ces deuils, ces souffrances, la population accepte
de payer ce prix
Weitere Kostenlose Bücher